Warrior King.

Elle marche d'un pas claudiquant sur la plage étoilée. L'orage gronde au dessus de sa tête et la pluie commence tout doucement à tomber sur terre. Des traces de divers coups recouvrent son corps élancé, preuve d'un récent combat. Sa blessure à la nuque saigne encore légèrement et se montre douloureuse, presque plus que lorsqu'elle est apparue la première fois. Syliah s'arrête lorsqu'elle aperçoit au loin une silhouette qu'elle connait bien ; Alcantaraz. Elle entreprend aussi sec de faire demi-tour, le laissant sur place. Elle ne compte pas vraiment se prendre une seconde raclée. Pas aujourd'hui.

Syliah plaque ses oreilles contre sa nuque lorsqu'il vient se placer devant elle afin de lui couper la route. Elle n'a pas envie d'entendre ses excuses, aussi bonnes soient-elles. « Retourne voir ton maî-maître, veux-tu. », grince-t-elle en claquant ses dents dans le vide, tout près de ses naseaux. Elle se décale légèrement sur le côté et reprend sa route, non sans lui avoir donné un coup d'épaule au passage.

Elle soupire en entendant ses sabots marteler le sol derrière elle. « Peu importe. » Lâche-t-elle en s'arrêtant lorsqu'il réapparaît devant elle. « Et ça ne te gênes pas d'être ainsi l'esclave de ce connard de première ? » Sa voix est froide, emplie de colère et d'amertume. Il s'en fiche de sa liberté ? Il préfère suivre des débiles dans leurs croisades inutiles et irraisonnées ?

« Ne sois pas désolé. La pitié c'est pour les faibles. », réplique-t-elle sans se défaire de son ton froid et peu aimable. Elle n'a pas envie de faire des efforts avec lui. Il ne mérite pas qu'elle fasse des efforts. « C'est vrai que le monde n'est pas assez grand pour se le partager... » Pour elle, la raison de l'étalon gris n'est pas un motif valable. On peut ne pas aimer les autres, la vie en société et même le fait de partager... Ce n'était pas une raison pour vouloir un bout de terre rien qu'à soit. « Mais quel mal te ronges Alcantaraz... ? » Souffle Syliah au grand gris, en plongeant ses prunelles bicolore dans les siennes si noires.

Elle se recule d'un pas lorsqu'il lui souffle dans les naseaux. Qu'il ne tente pas un pseudo rapprochement uniquement pour panser son sentiment de culpabilité. Syliah l'écoute attentivement. Il avait un passé, comme tout le monde, en effet. « Mais tu es ce que tu es. », finit-elle en détournant enfin son regard de l'étalon. Elle observe la plage et lorsque la foudre vient frapper la terre avec puissance, elle suit l'éclair lumineux du regard. Le ciel reflète parfaitement son état d'esprit actuel ; électrique.

On ne change pas sa nature, certes. Cependant, il y a toujours moyen de refréner quelques pulsions qu'elles soient naturelles ou bien encrées dans le cerveau par x ou y facteur de la vie. C'est ce qu'on appelle le self-control. « Moi ? » Ses prunelles fondent de nouveau sur lui, tel le regard de l'aigle sur l'insignifiant petit rongeur. « Une ombre. », elle finit par répondre. Une ombre parmi les autres, perdue dans l'infinie noirceur des ténèbres.

Syliah ne relève pas la remarque du mâle bien qu'elle ne pense pas exactement comme lui. Elle était du genre à penser que personne n'était innocent dans ce monde pourrit par les excès de violence. Elle n'était pas dans ce délire "peace and love" mais elle n'aimait pas non plus les guerres à répétition qui n'avait pas plus de sens qu'une querelle d'enfants. « Non. » Lâche-t-elle simplement. Elle s'en fiche d'être mouillée. Elle n'a aucune envie de le suivre, parce que contrairement à lui, elle est libre et son seul maître, c'est elle-même.