please don't be sad

Ça ne peut pas être pire. Tu es au fond de tout. Tu es seul. Tu ne peux pas t'échapper. Ils t'attendent tous pour te tuer. Les mots filent et harponnent son crâne comme des flèches. De grandes ombres grinçantes ne cessent de le poursuivre, elles lui veulent du mal, le tuer. Il ne contrôle plus rien et ne parvient plus à leur échapper. Alors il s'est réfugié ici, dans ce temple de roche, prostré dans un coin. Ses pupilles dilatées surveillent nerveusement l'entrée qui luit d'une faible lueur discordante, pulsant au rythme de son cœur affolé. Il a essayé de se lever, de courir, de fuir, mais ses jambes engourdies par la drogue ne répondent plus. Et il est seul, dans des abysses dont on ne sort pas. Il sent vibrer dans ses oreilles le souffle sinistre de tous ceux qui veulent sa mort. Il a envie de leur crier de dégager, de se transformer en monstre et tous les dévorer, mais sa langue ne lui obéit plus, et la seule chose qui sort de sa bouche est un gémissement angoissé.

Une silhouette monstrueuse se glisse à l'entrée de son refuge, vibrante, assourdissante. Il voit un crissement, un silence assourdissant. Il sent son souffle et sa voix se paralyser. Ils sont venus ! Ils l'ont trouvé et l'ont pris au piège. Une bande d'hypocrites cupides et avides de pouvoir. Une bande de traîtres de merde, esclaves de l'autorité. Dégagez, parvient-il à siffler entre ses dents serrées de panique, les yeux injectés de sang. Sa vision traînante peine à se fixer sur une pierre. C'est son seul espoir. S'il rate, ils le tueront à pleines dents. Alors dans un effort incommensurable, il shoote dans la pierre en direction du monstre. Il se relève parce qu'il faut faire face, maintenant. Bande de connards !

On crie son nom. On l'appelle pour la mise à mort. Mais Akan ne se rendra jamais. Ils ne le tueront pas. Jamais ! Il sent son cœur s'emballer par vagues et l'essouffler. Chaque petit bruit est une torture immense pour ses oreilles, les couleurs veulent lui sauter dessus et l'engloutir. Elles sont malsaines, malveillantes. Mais c'est surtout cette créature qui l'approche. Une créature qui vibre, qui gonfle, des grands yeux noirs et une bouche prête à le dévorer. A l'emmener devant tous ces traêtres et l'exécuter en public. Akan tente de le mordre, mais sa notion des distances est totalement biaisée et ses mâchoires claquent dans le vide, à au moins 3 mètres de la cible. Menteur ! Hypocrite ! Ils sont juste derrière toi ... Je les sens ... Vous êtes tous les mêmes ! Vous m'avez planté un couteau dans le dos ! Sa voix est désorganisée, détraquée, un mélange de cris et de gémissements.

C'est loin d'être terminé. Rien n'est terminé. Akan le fusille du regard, parmi le flou. Tu comprends donc rien. Je vois bien ce que tu essaies de faire, mais je marche pas. L'anarchiste est immobile, les membres tremblants, son visage funéraire tourné vers Redjim, ou du moins autour de Redjim. Il le voit sans le voir, comme si ses yeux voyaient à travers lui. Il a du mal à savoir si tout est réel. La réalité se dérobe et flotte autour de lui. Ne m'donne pas d'ordres ! explose-t-il, les yeux larmoyants de colère. Il est essoufflé et tousse. Si t'es de mon côté, réveille-toi ! Arrête de nier la réalité ! Ils vont nous tuer et toi tu vois rien !