❃ there's nothing to see there

Elle marche d'un pas silencieux, pensive. Les traces de ses pas s'effacent progressivement derrière elle, lorsque de petites vaguelettes viennent lécher le sable cendré. Le silence règne en maître ici, contrastant avec le brouhaha qui résonne dans son crâne, lui filant presque la migraine. Elle aimerait presque freiner des quatre fers et hurler qu'on la laisse tranquille, mais ce n'était pas possible. Pas possible puisque ce brouhaha, c'était sa conscience qui l'avait créé.

Syliah s'approche du mâle sans même s'en rendre compte. Perdue dans ses pensées les plus sombres, elle est complètement déconnectée de la réalité, si bien que ses cinq sens sont éteints. Et lorsqu'elle sort enfin de sa stupeur, c'est parce qu'elle a percuté de plein fouet le fameux mâle. Elle se recule brusquement en bafouillant quelques excuses, avant de se redresser et d'enfin plonger son regard vairon dans le sien. « ... Bonjour. » finit-elle par lâcher, pour casser un peu ce silence dérangeant.

Ses oreilles s'abaissent sur sa nuque durant à peine quelques secondes. Il semble pas très aimable, et depuis qu'elle a croisé la route de quelques parias, maintenant elle se méfie encore plus des inconnus. D'autant plus qu'ils pouvaient se montrer agréables jusqu'au moment où ils décident de te sauter à la gorge. Un peu comme Alcantaraz. Elle serre les dents, encore furieuse envers le gris. « C'est quoi ton nom ? » demande-t-elle, non pas par courtoisie mais plutôt pour tâter le terrain.

Les réactions du mâle à la robe sombre attisent son intérêt. Il semble ne pas savoir comment réagir face à elle. C'est drôle, elle a l'impression de se voir dans le miroir. Enfin, du moins lorsqu'elle venait d'arriver ici. Elle était aussi passée par ce moment d'extrême méfiance où elle ne savait pas sur quel pied danser face aux autres équidés qu'elle croisait. Tout simplement parce qu'elle n'avait pas pu apprendre à réagir face aux autres dans sa prison de pierre. « Syliah. » Se contente-t-elle de répliquer.

Un sourire amusé se dessine avec lenteur sur ses lèvres. Elle a réellement l'impression de se voir, y'a quelques semaines, lorsqu'elle a mit les pieds ici. « Quelques semaines. Je ne te retournes pas la question, ça se voit que t'es nouveau. » C'était comme une étiquette dérangeante et trop collante dont on ne pouvait pas se défaire durant plusieurs longs jours. « Tu ferais mieux de fuir ces terres. Elles regorgent de fous. » lâche-t-elle d'une voix neutre, teintée par le dégoût et la rage que lui inspirent les parias. Puis elle se met à rire. Ouais, décidément, c'est une terre de fous.

De passage. De nouveau, les paroles du mâle tiltent dans son esprit. Ainsi, elle se tient face à un voyageur. Comme elle. Il commence à bien lui plaire, ce monsieur oreilles-en-croissant-de-lune. « Des parias, qui viennent tout saccager ici. Non sans nous taper sur la gueule au passage. » soupire-t-elle en levant les yeux au ciel. Ses blessures en sont un bon exemple d'ailleurs.

( Maintenant c'est moi qui suis désolée! )


Elle reste silencieuse durant quelques minutes, soucieuse. « Conquérir ces terres, visiblement. » finit-elle par répondre. Enfin, c'est l'impression première qu'ils donnent mais peut-être bien qu'ils cherchent autre chose... Qui sait. Faut voir Soshan... Il ne ressemble ni à Mukesh ni à Alcantaraz dans sa manière de fonctionner. Mais bon, peut-être se trompait-elle sur l'analyse qu'elle faisait des parias.