Goner.

Elle reste un moment silencieuse, l'observant, le déshabillant de son regard d'un noir insistant. Un noir profond, fait de mille nuances pourtant. Non, le bleu, ça te va bien.

Il était vrai que le bleu lui allait bien. Il était ce qu'il avait vécu, ce qu'il avait commis et ce qu'il regrettait. Il était le couleur de sa folie. 《 Ton regard est superbe. 》

Elle est étonnée. C'est la première fois qu'elle entend ça, réellement, personne ne lui a jamais dit ça. Elle croit même à une plaisanterie un instant mais se reprend vite lorsqu'elle voit le sérieux de l'isabelle. Je crois qu'on s'est déjà rencontrés. Il y a longtemps. Elle change de sujet parce qu'elle ne sait pas comment gérer un compliment, ce qu'on est censé dire ou faire après.

Son compliment était sincère. Il ne l'avait pas fait pour séduire, mais simplement car il le pensait. Ses iris semblables à de l'onyx étaient captivant. On pouvait même y apercevoir des reflets d'or. 《 Il y trés longtemps alors, car je n'aurais pas pu oublier ta voix. 》

C'est justement ça qui la trouble : que les paroles de l'étalon soient simplement sincères et pas juste séductrices ou envieuses. Il semble parler sans rien attendre, sans but réel derrière la tête et elle rencontre bien peu souvent des personnes qui ne sont pas calculatrices. Peut-être ça, aussi, qui l'a forgée à être toujours sur la défensive. Peut-être que j'étais enfant. Dans le sens flou du terme, du moins en taille. Elle n'a jamais eu cette innocence douce et paisible. Elle fait un pas vers lui, elle a envie de le connaître sans savoir vraiment pourquoi. Je m'appelle Lövojka. Tu es ?

《 C'est probable 》 Il y a quelques années il était brièvement passé sur ces terres. Ils avaient dû se rencontrer à ce moment là. Peu à peu elle se rapprochait 《 Chromatic. Qu'est-ce qui t'a marqué chez moi? 》

Tes yeux, avoue-t-elle sans gêne, inclinant la tête sur le côté sans cesser de le fixer.

《 Qu'est-ce qu'ils ont mes yeux ? 》 demanda-t-il, en la fixant également, curieux. Ils n'avaient rien de fabuleux d'apres lui.

On croirait à un ciel peuplé d'étoiles filantes, murmure-t-elle, se perdant dans les eaux claires et brillantes de ses prunelles. Elle finit par cligner des yeux, lui accordant un léger sourire.

《 Tu es le couché de soleil et moi la nuit étoilée ? 》 dit-il doucement pendant que la courbe de ses lèvres s'arquait.

Elle hoche la tête, amusée à cette idée. Je te précède et meurs quand tu nais.

《 Sans toi, je ne naîtrai pas 》 dit-il le regard amusé. Elle était poétique cette inconnue.

Et pourtant, c'est pas tellement son genre, à Lov, d'être poétique. Et ta mort engendrera ma naissance, comme un cycle parfait.

《 Finalement être le crépuscule te convient ? 》 questionna-t-il

Elle hoche la tête, simplement. Oui. J'aime l'idée de renaître chaque jour et de mourir à la nuit tombée.