• Could you do something great ?

Ses oreilles baissées, dans un air de compassion, mais aussi de tristesse pour tout ce que devaient avoir traversé ses semblables sur ces terres, le mâle ne quitta plus dès lors le regard de la jument. Il lui restait tant de choses à apprendre ! Et sa curiosité naturelle l'y poussait, d'ailleurs.

- Mais... Une guerre pourquoi ?

Beaucoup trop de questions pour un jeune qui eut trop été préservé, finalement, de la douleur et de la réalité sombre de ce monde.

- Je veux aider, finit-il par lancer, que puis-je faire pour aider ? Ou même, vous aider vous. Je veux être utile.

C'était ce que l'on se demandait, surtout lorsque l'on en avait jamais vécue, lorsque nous n'avions jamais vu un pareil chaos, l'horreur de l'après-guerre, l'horreur du néant, du vide et du silence laissé par de macabres affrontements. Udjo était toutefois heureux, quelque part, égoïstement, de n'avoir eu à affronter cela, mais coupable d'une autre, parce qu'il aurait pu apporter son aide, pas forcément des meilleures, pas forcément des plus qualiteuses, mais il aurait pu aider.

- Quelle horreur ! Ils en ont profité pour tout détruire donc ?

Gamin à la découverte, découverte pas de celles qu'il espérait, pas des plus belles. Mais qu'importe, maintenant qu'il était là, il n'avait plus le choix. Il faudrait faire avec.

- D'accord ! C'est une très bonne idée, les groupes. Mais.. Ca parait difficile d'imaginer survivre ici..

Quel genre d'équidés étaient-ils pour déterminer l'idée de détruire des terres qui ne leur appartenaient pas? L'entier retint un soupir. Histoire sordide.

- C'est horrible.

Tout comme la mort véritable qui avait pris possession des lieux. À peine arrivé, il fallait se rendre à l'évidence qu'il devrait repartir, vite, mais pas seul. Parce qu'aussi futile que cela puisse paraître, aussi sordide que cette histoire, il était désormais important aux yeux du doré qu'il puisse aider d'autres à s'enfuir d'ici, à ne pas périr ici. Peu importe où. Pourquoi pas sur ses terres natales ?

- Ca parait évident ! Rester ici, c'est courir à sa perte, lâcha-t-il, avant d'être surpris par les paroles de la noire, vous allez avoir un petit ?

Ses oreilles se dressèrent à nouveau, ses yeux légèrement illuminés. Udjo et les poulains, grande histoire.

Avoir souhaité rester ici, c'était signer le début de la fin. Peut-être pas un arrêt de mort, mais pour les plus faibles, si. C'était bel et bien le cas, il était inconscient d'avoir pensé survivre sur ces terres arides et démunies de ressources.

- Vous ne pouvez pas rester là, ou du moins rester seule en attendant un petit dans une situation aussi difficile.. souffla l'entier.

Spectra afficha un sourire que lui rendit Udjo, la scrutant dans les quelques gestes qu'il trouva attendrissants.

- Est-ce quelqu'un de mauvais ? qu'il demandait alors, avant de relever, pardon, ça ne me regarde peut-être pas.

Après tout, si elle ne souhaitait pas dévoiler les termes exacts, ça la regardait, et il ne forcerait pas, mais il tenait à l'aider, cette jolie jument.

Ne serait-ce que vivre pour deux devait être bien la pire épreuve, ici. Penser à mener une vie, pourquoi pas, mais le plus loin possible. Là où l'herbe est verte, là où la vie règne en maître. Aussi l'entier veillait à rester attentif au récit de la jument, elle l'intriguait, beaucoup. Différente des autres, sans doute. Les juments qu'il avait côtoyé jusque là n'étaient pas du même genre, pour autant il n'arrivait pas à lui en attribuer un spécifique, à Spectra. Elle avait l'air particulière, et curiosité ou réelle envie de découverte, il voulait savoir.

- Alors ne le laissez pas vous y obliger. Vous seule êtes maître de votre avenir et de celui de votre petit, qu'il lance, Udjo. Faites-lui comprendre que vous ne le voulez pas à vos côtés ?