Garde espoir.

Enfin, ils étaient partit, laissant derrière eux le bien triste spectacle qu'offrait à présent GS... Orkaan voyageait comme convenu avec les Orosymal, surtout par principe à vrai dire, mais gardait toujours un oeil sur Aliénor, et ce depuis leur départ d'il y a quelques heures seulement. Un peu plus tard sûrement, il la rejoindra pour s'assurer que tout va bien. Je vais déjà commencer à la surprotéger...? songe-t-il, mi-amusé mi-perplexe. C'était normal, avec le petit à venir et ce voyage qui s'annonce long et difficile, surtout pour Aliénor. Au fond, il aimerait jouer le protecteur mais il sait très bien qu'il n'a pas réellement la forme physique pour cela...

Thao. Il ne le connaît pas, mais ça le tue de savoir qu'il n'aura certainement jamais le moyen de lui faire payer cet acte, de venger sa compagne... On peut toujours changer, lui rappelle sa conscience. Mais lui, il est incapable de se mettre en colère, incapable de ressentir de la haine ou une envie de violence. Et pourtant, l'enfant à venir aura peut-être besoin d'un père sur lequel il pourra compter pour le protéger... Perdu dans ses pensées et cette remise en question, il remarque qu'il a ralentit le pas et se retrouve à l'arrière du groupe. A côté de lui, une jument grise qu'il a déjà vu mais qu'il ne connaît pas. Discuter lui permettrait de se changer les idées. Hâte d'arriver, n'est-ce pas ? lâche-t-il dans un souffle en entendant le soupire de la jument.

Le mâle émet un petit sourire en retour, puis acquiesce d'un hochement de tête. Il n'aurait pas dit mieux. Son regard balaye la foule de chevaux dans l'espoir de voir, parmi les Shaan un peu plus loin, la silhouette de l'ébène aux flancs bien arrondis. Tu étais nouvelle sur GS ? s'enquit-il en reportant son attention sur la grise.

Je suis arrivé il y a quelques mois... répond-il. Je suis né très loin d'ici. Repenser à son passé, c'était repenser aussi à son passé de nomade, qui s'était éteint en arrivant sur GS. Il pensait que l'Exode serait plus facile pour lui, mais il avait en réalité perdu l'habitude de parcourir de longues distances et avait un peu perdu sa résistance d'avant... Il observe le paysage, un peu rêveur comme cela faisait longtemps qu'il ne l'a pas été. Elle avait piqué sa curiosité. Alors, tu as connu GS avant le cataclysme, et les parias...?

Le mâle redresse la tête, étonné. Elle a dû vivre cachée pendant assez longtemps... Je n'imagine pas ce que ça doit faire de quitter tout ce qu'on a toujours connu... admet-il dans un murmure, plus pour lui-même que pour son interlocutrice. Pensif, il songe à son enfance. Lui aussi a dû quitter son foyer, mais il n'avait que deux ans environs, peut-être trop jeune pour s'attacher... Et depuis il a voyagé, sans jamais s'attacher à aucun lieu en particulier. Et à présent, il a Aliénor. Un nouveau sourire étire ses lèvres, malgré l'appréhension de cet Exode...

Il la regarde, un peu perplexe face à sa réponse, sans toutefois réellement le montrer. Il reste silencieux pendant un petit moment. La compagnie de la jument grise lui remontait le moral, il admirait son optimisme. Une question le taraude tout de même. Dis-moi... Pourquoi vivais-tu cachée, si je peux me permettre...?

Il se sentit un peu honteux de sa question à la réponse de la jument grise, qui ne souhaitait visiblement pas s'étaler sur le sujet, mais il comprenait totalement sa réaction et n'insista pas. Il sourit en regardant Aliénor plus loin. Elle était perspicace. Il apprécie toutefois son attention, même si cela semblait cacher un fragment de son passé, son conseil ayant l'air trop... "soudain". J'y veillerai... répond-il, son regard toujours posé sur la jument noire. Ou du moins, il fera tout son possible. L'angoisse d'être père, sans doute...

Il ne pouvait qu’acquiescer les dires de la grise : par les temps qui courent, avoir un enfant était dangereux, il le savait mais le fait est qu'il n'était pas vraiment prévu... Mais il s'étonne de cette réplique, lancée avec un sourire et pourtant cela semblait jeter un certain froid... Lui qui allait être père et qui avait déjà la tête pleine de doutes et d'appréhensions, il y avait des discours plus rassurants... Malgré tout, il ne lui en voulait pas : les paroles de la jument grise semblaient teintée d'une certaine expérience personnelle... Il décide de changer un peu de sujet. Comment t'appelles-tu, au fait ?