As red as can be.

« As red as can be. »
Absinthe & ...

As red as can be. 800x6010

Quel parfum ! Quelle couleur ! Je m'émerveille devant cet immense champ de coquelicots qui me fait face. Je le traverse avec lenteur, appréciant la douce caresse des pétales écarlates sur ma robe palomino.

/ LEIO

Il court comme un taré. Il s'est éclipsé pendant que sa mère faisait une pause, quel bonheur d'être seul et de courir aussi vite qu'il le souhaite ! Sans qu'on s'inquiète pour lui ou qu'on lui demande de ralentir. Même s'il apprécie la protection de ses parents, il a envie d'en voir plus de ses propres yeux. Alors qu'il traverse le champ comme un dératé, ventre à terre et à peine visible, il fonce d'un seul coup dans un rocher. Le choc l'envoie glisser sur le côté de plusieurs mètres et il se relève, un peu assommé. Mince, c'est pas un rocher ! Ou un rocher doré, peut-être ?

Je marque une courte pause, juste le temps d'humer un coquelicot. Son parfum est exquis. C'est doux, fruité. C'est délicat comme fragrance. J'ai même l'impression qu'à force de me promener dans ce champ, je me suis imprégnée de l'odeur de ces petites fleurs rouges. Je m'apprête finalement à reprendre ma route lorsqu'un truc me bouscule. J'échappe de peu à la chute mais effectue en compensation un magnifique grand écart. Et voilà que maintenant, je ne sais plus comment me décoincer... Mon regard glisse alors sur un poulain à la drôle de robe qui se relève maladroitement.

Tout tacheté qu'il est, Leio se relève maladroitement. Il observe les alentours, remarque qu'il n'y a personne d'autre qui a pu voir cette chute ridicule ¬¬ et se dirige en trottinant vers la demoiselle qu'il a renversé. Il est tout confus, ça le fait bafouiller. Oh je.. je suis désolé, j'ai pas fait exprès.. désolé, tu me pardonnes, dis ? Hein, dis ? Et euh.. ça va ? demande-t-il, réellement inquiet à l'idée de l'avoir blessée.

Finalement j'arrive à me redresser dans geste étrange qui manque cruellement d'élégance. Heureusement, il n'y a personne pour le constater. « C'est rien. Tu fuyais quoi, dis moi ? » je lui demande. En tous cas, ça devait faire sacrément peur vu comment il allait vite.

Mais le sourire de Leio s'étend, bien qu'il soit légèrement gêné. Ben.. rien en fait, enfin j'aime bien courir, puis j'ai vu ce champ et ... j'me suis laissé emporter. Il s'est détendu, il lui semble qu'elle n'a rien, alors ça va. Je m'appelle Leio, et toi ?

Je suis un poil déçue par sa réponse. C'est que je m'étais imaginé tout un tas de scénarios trop badass moi. Genre qu'il fuyait un monstre dégoûtant. Ou bien même juste un autre poulain trop collant. Ahah, je me perds moi même. Bref. « Ouais, je comprends. » je réponds. Enfin non, je comprends pas mais je fais tout comme huhu. Parce qu'en vrai, j'adore la course mais je préfère genre dans les bois. C'est plus palpitant. Si tu te loupes, tu te ramasses un arbre dans la tronche. « Moi c'est Absinthe ! Nos mamans se connaissent il me semble bien. » je réplique avec un grand sourire. Je les avais vu parler ensemble, un matin.

Mais Leio ne connait pas encore beaucoup les ami(e)s de ses parents et il la considère un instant, légèrement étonné. Ah bon ? C'est qui ta maman ? demande-t-il, curieux de savoir s'il l'a déjà rencontrée ou non. Mais comme il ne s'éloigne de sa mère que depuis peu, certainement pas, en vrai.

Il faut dire que je suis très observatrice. Et un peu fouine sur les bords, il est vrai. Alors peu de détails m'échappent. « Elle s'appelle Myosotis. Sa robe est dorée mais ses crins sont noirs. Et elle a les yeux bleus. » je réponds avec un grand sourire. Moi, je sais à quoi ressemble sa maman. Elle a plein de petites tâches partout sur le corps. Par contre, j'avoue ne pas connaître son nom. « Tu connais d'autres poulains ? » je demande ensuite. Peut-être avait-il rencontré Baïkan ? Ou Draggan ?

Il note les détails dans sa tête, mais a peur de les oublier. Au pire, il la reconnaîtra par son nom qu'il trouve très joli, au passage. Ensuite, il secoue la tête, légèrement triste. Non, pas beaucoup encore, je restais avec ma maman au début... J'ai rencontré que Draggan et une petite brune qui s'appelle Plum. Il lui retourne la question d'un mouvement de tête, curieux de voir si elle avait déjà toute une liste de potes qu'elle pourrait lui présenter.

Ah, il connaissait Draggan ! Il était cool, je l'aimais bien. Bon, l'était un peu brute mais bon... Il était cool quand même. Et il connait une pouliche qui s'appelle Plum... Bah tiens, je ne la connais pas elle. En fait, je n'ai pas encore croisé de copines. Que des mecs. Ohh, j'me sens seule soudainement. « Moi je connais aussi Draggan ! Mais pas Plum. Et je connais aussi Baïkan, c'est mon pote ! Puis je connais aussi Orion, il est grave bizarre mais j'l'aime bien, il a un truc. C'ma proie. » je rétorque avec un grand sourire. Après, j'avais vu plein d'autres poulains au loin alors, des rencontres, y'en avait encore tout un tas à faire !

Lui ne connait pas les noms qu'elle cite. Juste Draggan, du coup, qu'il aime bien aussi. Peut-être même qu'il espère s'en faire un copain. Mais Baïkan et Orion, ça lui dit rien. Il se résout dès demain à faire plus de rencontres. La dernière phrase de la jolie palomino l'intrigue, il dresse les oreilles. Bizarre comment ? Et ta proie, mais comment ça ? Les proies, c'est eux face aux prédateurs, n'est-ce pas ? Est-ce qu'on peut avoir une proie... de la même espèce que nous ? Puis, elle est toute mignonne, elle ressemble pas à un prédateur !

Je pouffe, amusée par sa réaction. « Je pense qu'il aurait aimé me faire peur. Mais ça n'a pas marché. Puis il aime pas trop parler. Et il n'a pas de parents. » je lui décris aussi précisément que possible le fameux Orion. Puis je reprends ; « Je sais pas, il m'a dit que p'tre bien qu'il me kidnapperait et me séquestrerait. Alors je lui ai répondu que ce serait LUI mon prisonnier. » et je ne savais pas encore comment j'allais m'y prendre. Comment peut-on piéger quelqu'un d'ailleurs ?

Leio trouve ça presque effrayant. Il fronce les sourcils et s'avance vers elle. Fais attention on sait jamais, peut-être qu'il est dangereux ou fou. Sa mère lui disait souvent de ne se méfier des inconnus aux allures inquiétantes. Mine de rien, les paroles de la pouliche ne sont pas vraiment rassurantes non plus. Tu comptes vraiment le capturer et le séquestrer ?

Je le suis du regard. Il semble pas bien rassuré par mes propos et même méfiant. Oh. Peut-être n'est-il pas du genre à partir à l'aventure sans savoir ce qui l'attend derrière. Sa mise en garde m'étonne. Fou ou dangereux ? Bah... C'est qu'un gosse. Puis mes parents sont là pour me surveiller et me venir en aide en cas de problème, non ? « Je vois pas quel réel danger il pourrait représenter. Mais oui, je ferai attention. » je répond. Parce que, oui, malgré tout, je ne compte pas abandonner ce petit défi. C'est pas bien, de ne pas relever un défi. « Je n'ai pas parlé de séquestration. Mais, pourquoi pas le capturer ? Ça me paraît être assez drôle comme jeu, une chasse à l'Orion. » je réplique finalement. Puis en plus, c'est lui qu'à commencé.