As red as can be.

Il secoue la tête, tentant de reprendre ses esprits rapidement... mais tout bouge ! Le sol, le ciel, même les arbres se sont mis à marcher. Ça aurait pu être drôle mais Leio n'a pas oublié le danger qui fait cogner son coeur dans sa poitrine. Il hoquète et se relève, chancelant un peu, bousculant Absinthe qui s'est mise devant lui. Il faut y aller avant qu'elle revienne ! fait-il, cherchant la bête du regard, sachant très bien qu'elle est sûrement... déjà là.

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Un immense sentiment de soulagement se déverse en moi lorsque je l'entends se relever derrière moi. Au moins, il n'était pas blessé. Ou du moins pas trop. Je sonde le paysage à la recherche des deux billes dorées mais je n'aperçois rien.
- Aller, on dégage d'ici en vitesse ! Je lui murmure à l'oreille en me glissant à travers les buissons.
Je m'élance ensuite au galop, en direction des immenses montagnes. Si on grimpe tout là-haut, nous serons en sécurité, non ?

Encore un peu sonné, Leio a du mal à suivre le rythme. Sa vue est trouble, il a l'impression de voir double. Pourtant, il garde le petit point doré que représente Absinthe comme un repère sûr et inconditionnel. Il se raccroche à sa présence et la suit, avant d'arriver aux pieds de la montagne. Il freine net, sa vue se focalise sur le sommet, si haut, tellement haut.. Je sais pas si je vais y arriver.. murmure-t-il d'une voix rendue aiguë par la panique.

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Je m'arrête immédiatement et glisse mon regard sur lui. Qu'on pense y arriver ou non, on n'a pas le choix de toutes manières. Je le contourne donc pour me placer derrière lui et le pousser vers l'avant.
- Bien-sûr que si que tu vas y arriver ! Je l'encourage en le poussant un peu plus fort.
Ce n'était pas vraiment le moment idéal pour choisir de se laisser paralyser par la peur !

Mais la peur ne se contrôle pas, et Leio la découvre. Cette tenace sensation d'immobilité. Comme si ses veines s'étaient gelées. Il gémit, essaye mais échoue à chaque essai. À bout de souffle, ses petits sabots glissants toujours dans la terre, il tourne la tête... et il la voit. La bête arrive à grands pas, trottinant vers eux, comme si elle les savait bloqués. La peur, cette fois, se change en adrénaline. Vite, vite, viiiiite, elle est là ! crie-t-il comme un fou, avant de bondir si haut que cette fois, il atteint le palier au-dessus. Il tourne la tête, cherchant à voir si Absinthe suit.

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Je bascule tout mon poids sur mes postérieurs que je fléchis légèrement avant de bondir vers le prochain pallier. Mes sabots glissent sur la surface rocheuse mais je parviens tout de même à rejoindre Leio. On est blotti l'un contre l'autre. Il y a peu de place... J'ai comme un mauvais pressentiment. Le fauve continue sa route sans se presser. Il doit savoir qu'on ira pas beaucoup plus loin. Je lève rapidement les yeux pour observer le prochain pallier. Il est bien trop haut pour qu'on puisse y accéder. Si on tente, il y a de fortes chances pour qu'on n'y parvienne pas et qu'on fasse une mauvaise chute. Et pourtant, si on attend ici... On va se faire dévorer.
- Leio...
Ma voix est serrée et l'inquiétude se lit dans mes yeux. Bon sang, pourquoi papa n'est pas encore arrivé ? Normalement il est toujours là lorsque j'ai besoin de lui...

À sa voix, Leio comprend qu'elle a peur. Et c'est justement ça qui lui fait encore plus peur, à lui ! Il s'était dit qu'elle aurait toujours une idée, une solution. Mais pour une fois, il doit s'en remettre à lui-même. Il tressaille, observant les alentours. Je.. je sais.. pas.. bredouille-t-il, essayant de réfléchir à toute allure. Le félin approche, gravissant les paliers avec plus de facilité qu'une gazelle. Bon sang, c'est pas vrai, on est foutus ! Il cherche, cherche encore mais soudain... la bête est là. Juste sous eux, Leio la voit prendre ses appuis pour se propulser jusqu'à leur palier. Jusqu'à leur mort certaine. Alors, sans réfléchir cette fois, le petit appaloo s'approche du vide, là où déjà il sent l'haleine pleine d'appétit du prédateur et se laisse tomber pour atterrir sur sa tête. Il ferme les yeux pendant la courte demi-seconde de chute, espérant que ça l'assommera. Sinon, il est mort. Il espère qu'Absinthe s'enfuira loin et qu'elle survivra, elle. Peut-être même raconterons-nous cette histoire comme d'une légende ?

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A son tour, il est incapable de trouver une solution à notre problème. Alors on va mourir comme ça ? Sous les griffes et crocs acérés d'un gros chat ?
A chaque saut du fauve mon cœur bondit violemment dans mon poitrail. Il grimpe sans aucune difficulté vers nous, ses longues griffes l'aidant à se stabiliser sur chaque pallier. Et de toutes manières, même sans ça, il est tellement agile et saute tellement loin et haut qu'il n'aurait pas de mal à venir nous cueillir. Mes prunelles bleues ne savent se détacher du félin qui se trouve maintenant sur le pallier juste en dessous du notre. Ses pupilles croisent les miennes. J'y plonge sans aucune résistance. Je peux deviner que cette petite course poursuite lui a plût. Je peux y lire son envie de tuer. Sa faim. Je déglutis en le quittant enfin des yeux pour observer de nouveau Leio. Il est proche du bord. Trop à mon goût. Je fais un pas vers lui, dans l'idée de venir lui toucher l'épaule mais je ne fais que l'effleurer puisqu'il saute au même moment.
- Leio ! Je lâche dans la foulée, dans un hoquet de terreur, en bondissant vers le précipice.
Il a entraîné le prédateur dans sa chute. Mon cœur bat à tout rompre. Je ne peux pas rester là sans rien faire ! Je m'élance finalement dans la descente. Je sais que je devrais me sauver... Mais je ne peux pas m'enfuir en abandonnant Leio derrière moi. Je ne peux pas. Le félin étant inconscient, j'en profite pour m'approcher. J'attrape le poulain et le tire comme je peux jusqu'à une petite rivière. Avec le courant, nous irons loin. Enfin... J'espère. Je le pousse dans l'eau et bondis à mon tour. J'essaie de rester proche de lui afin de lui garder le bout du nez hors de l'eau.
- Tiens bon Leio, je suis là ! Je lui souffle, même si je ne suis pas certaine qu'il puisse m'entendre.

Ça a marché ! Mais Leio ne peut pas s'en réjouir. Pourtant, le félin est inconscient.
Leio aussi. Il ne pense plus, ne voit plus, n'entend plus. Il n'est plus là. Il dort, peut-être. C'est agréable, après tout ce stress. Il ne sent pas qu'on le tire, il n'entend pas Absinthe crier, il ne ressent plus rien. Il flotte, il vole, il se laisse glisser. Oui, il glisse, dans un long toboggan géant et lent. Il effleure les rochers, il n'a pas besoin de forces pour avancer... puisque le courant les emporte violemment. Il le comprend quand il boit la tasse, malgré les efforts de la petite palomino. Il revient alors soudainement à la vie, comme s'il venait de traverser la mort. Il la regarde mais ne la voit pas beaucoup. Tout lui semble flou autour et les sons, comme distendus, comme éloignés. Il tente de bouger ses petites jambes, sans vraiment savoir s'il doit se laisser porter par le courant ou bien lutter pour rejoindre la rive. Heuh.. Qu'est-ce qu'.. Non.. Ses mots sont incompréhensibles, un murmure bourdonnant, il n'arrive pas à faire le point sur la situation.

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Le courant se fait de plus en plus puissant et j'ai de plus en plus de mal à garder la tête hors de l'eau. Je fatigue. Et j'ai affreusement mal à l'épaule ; résultat d'un choc contre un rocher. Pourtant, je ne relâche pas ma prise sur Leio, de peur de le perdre. Il semble reprendre ses esprits et une once de soulagement m'envahit. Pourvu qu'il soit capable de nager seul. Je toussote après avoir bu la tasse pour la énième fois. Un bruit assourdissant me fait mal aux oreilles. Et, bizarrement, j'ai un très mauvais pressentiment. Il fallait qu'on se dépêche de rejoindre la rive ! Heureusement, quelques mètres plus loin, la rivière se resserre légèrement. Ce sera le moment idéal pour tenter d'en sortir.
- Prépare toi, on sort dès que la rivière se rétrécie ! Je lui souffle à l'oreille.

Il entend ses mots mais n'est pas capable de répondre. Sa gorge brûle, il ne sait pas si c'est le choc ou bien l'eau qui entre sans cesse dans sa bouche et qu'il avale sans savoir quoi faire d'autre. Il se laisse balloter par le courant, tentant de regarder leur avancée de temps en temps. Soudainement, dans un virage, l'eau les emporte plus rapidement. C'est là ! C'est sûrement là dont elle parle. Il rassemble alors toutes ses forces et prend appuie sur un rocher au fond pour se propulser vers la rive. Après de nombreux coups de sabots contre la terre mouillée qui glisse sous lui, il réussit à s'extirper du lit de la rivière et s'écroule en toussotant un peu plus loin, encore à moitié dans l'eau, épuisé, sans même savoir si Absinthe a réussi à sortir et si la bête a perdu leur trace.

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Je lutte contre le courant afin de rejoindre la rive. Je m'aide de tout ce que je peux pour gagner un peu plus de terrain à chaque fois. J'effleure la rive et plante mes sabots dans la terre meuble qui la constitue. J'use de mes dernières force pour quitter entièrement l'eau et je m'effondre aussitôt contre le sol humide. Je ne sais pas si Leio est sorti et je n'ai pas la force de le chercher. Alors je ferme lentement les yeux. Je le retrouverai après.

Lorsqu'il rouvre les yeux, la nuit est tombée. L'air frais l'a réveillé, surtout qu'il est encore à moitié dans l'eau. Bon sang, il a dû s'endormir ! La panique le saisit mais rapidement, s'évapore. À peine quelques pas plus loin, Absinthe dort aussi. Il se lève, s'approche doucement et finalement, se blottit tout contre elle pour ne pas qu'elle ait froid

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Je me réveille en plein milieu de la nuit, complètement perdue et morte de froid. Je jette un rapide coup d’œil aux environs ; la forêt est paisible. J'essaie de refréner un énième frisson lorsque je sens un corps chaud se blottir contre le mien. Je relève alors légèrement la tête pour observer Leio et un léger sourire se dessine sur mes lèvres roses avant que je ne laisse de nouveau tomber ma tête au sol et sombre de nouveau aux pays des rêves.

( Out, j'archive de nouveau! )