jour 341.

Elle baille et s'étire. Comme si cette nuit avait été la meilleure. Enfin. Presque. Émeraude ne fait plus la différence. Ce matin, on lui a ouvert la porte, comme tout les jours. Hors des entrailles de la roche-mère, le soleil illumine son corps parsemé de cicatrice. La journée semble radieuse. A qui pourra-t-elle faire plaisir aujourd'hui ?

Onyx passait devant la porte dans la roche-mère, juste devant elle. Alors Emy, c'est pas trop tôt. T'as fait la grasse matinée ? lança-t-il, même si bon, c'était pas tellement de sa faute si on ne lui avait pas ouvert la porte de bonne heure. Il aimait bien s'en prendre gentiment à elle, elle qui semblait si bien lui obéir. Enfin... gentiment... Disons plutôt qu'il sait se montrer clément.

Elle ne sursaute plus. Bien qu'il aimait surprendre, lorsque sa voix résonne dans l'air, c'est autre chose que la peur qui envahie les entrailles de la jument. Face à lui, elle affiche un grand sourire étrangement heureux.
Oui, je suis désolé Onyx.
Elle aurait presque secoué sa queue.

Bien. Un sourire satisfait orna ses lèvres. Voir à quel point elle était docile et sage en sa présence en était presque à mourir de rire. Il n'avait même pas besoin d'être dur avec elle. Que prévois-tu de faire aujourd'hui ?

Te faire plaisir !
Dit-elle au tac au tac, étant la réponse la plus évidente pour elle. Onyx, le roi soleil de son quotidien. Elle pourrait presque inventer une nouvelle religion. Elle se place face à lui, les oreilles légèrement en arrière pour ne pas se permettre de le dépasser d'un millimètre.

On aurait dit qu'elle était complètement folle, à l'image d'Harley Quinn. Prête à tout pour son joker. Lui avait-on complètement lavé le cerveau, après toutes ces années passées à être leur prisonnière. Un sourire carnassier étira les lèvres du prince. Il ne pouvait pas se permettre d'écart avec elle, au risque de perdre toutes ses chances d'avoir Harfang à ses côtés. Et au risque qu'elle ne lui soit plus aussi obéissante. Et que feras-tu pour me faire plaisir ? Surprends-moi !

As-tu mangé ?
Ce fut la première idée qui galope dans l'esprit de la jeune demoiselle ; après tout, avec le noir qui règne au sein de des cachots, elle ignorait si c'était le matin ou l'après-midi.

Je n'allais pas attendre que tu te réveilles et crever de faim. répondit-il pour toute réponse. Ce n'était pas un reproche, juste une réponse digne d'Onyx. Parce que malgré tout, il avait beau exercer un certain contrôle sur elle, il tenait à elle. Comme une amie. Et ce n'était pas parce qu'elle lui était docile.

Oui, je suis désolé..
Souffle-t-elle en baissant honteusement la tête. Emy serait prête à retourner tranquillement jusqu'à sa cellule la queue entre les jambes. Toujours la tête basse, elle observe les environs.
Souhaites-tu partir en espionnage ?
Propose-t-elle à nouveau, mais cette fois-ci sur un ton de voix en dessous, comme par peur de se prendre cette fois-ci une gifle pour incompétence. Elle espérait aussi une réponse positive, histoire d'en profiter pour sortir un peu de cette île. Mais elle le sait, il n'est pas idiot.
Ou peut-être te dégourdir les jambes sur la plage ?

Onyx eut un petit sourire en entendant ses excuses. Elle semblait si prête à tout pour lui obéir et pour lui faire plaisir. Elle devait avoir atteint un niveau de folie extrême. Le regard qu'il lui accorda alors lui disait de ne pas s'en faire pour ça, que ce n'était pas grave. Mais il était bien trop orgueilleux pour le lui dire de vive voix. Sa proposition le fit hésiter un peu. Elle avait l'air d'avoir envie de sortir. C'était normal après tout. Sortons de l'île un peu. Après tout, nous somme s chez nous.

Ce regard. Avec cette lueur, à la fois douce et brûlante, qui lorsqu'elle apparaît au bon moment, à le don de faire naître en Emy un feu réconfortant. Peut-être que, après tout, c'est pour pouvoir se plonger dans ce regard là que la demoiselle se courbe en quatre pour lui faire plaisir. Et même si aucun son ne sort de sa bouche noire, ça lui suffisait.
Lorsqu'il accepte étrangement sa première proposition, Emy serre les dents. Elle ne sait pas ce qui la retient de pouvoir lui sauter au cou, l'étreindre violemment de tendresse et de joie. Ou même, se sauter tout autour de lui en remuant la queue comme un bon toutou.
Très.. bien.
Dit-elle d'une voix un peu étranglée par la joie que lui procure cette décision, essayant de ne pas trop en faire, même si elle avait du mal à cacher ses émotions. Ses yeux émeraudes glissent le long de la plage.
Où souhaites-tu partir ?

Le fait qu'il n'ait pas refusé semblait l'avoir surprise, mais au final, ça lui faisait plaisir. Tant mieux. Elle finirait par se lasser de l'île s'il ne lui permettait jamais de sortir. Un petit sourire satisfait prit place sur son visage en la voyant contenir sa joie. Du moment que tu restes avec moi, on peut aller aux dunes. Et qu'elle n'essaie pas de s'enfuir où il l'attrapera. Et à ce moment, ce sera fini les sorties.

Ce sourire. Comme un feu ardent qui se propage jusqu'à la demoiselle en miette, qui réchauffe son corps avec douceur. Néanmoins, la demoiselle préfère rester sur ses gardes, sachant qu'à tout moment le caractère d'Onyx pouvait changer.
Ne t'inquiète pas, je ne m'enfuis plus tu sais !
Même si elle en avait envie, son coeur retrouvait toujours le chemin de l'île. Et puis, en compagnie d'Onyx, pourquoi essayer de s'enfuir ? Les moments où il avait besoin d'elle étaient ces derniers temps.

Il préférait ne prendre aucun risque. Avec elle, on ne sait jamais. Elle avait beau être douce et docile, elle avait beau lui obéir au doigt et à l'oeil, elle ne devait pas avoir complètement oublié son passé, si ? Elle ne pouvait pas avoir oublié ce que ça faisait d'être libre comme l'air quand même ? T'as intérêt. Et puis, pourquoi s'acharner à la garder avec eux, de toute façon. Elle ne servait pas tellement à grand chose. Sûrement était-ce parce que la Tribu avait fini par s'y attacher.

Sur les paroles de l'étalon, et pour appuyer ses derniers mots a elle, la jument grise hoche la tête. Non, elle n'allait sûrement pas prendre le risque de lui désobéir. Et puis, la liberté n'est plus un état d'âme existant chez Emy ; absent du dictionnaire. Être libre, aujourd'hui, signifiait obéir aux ordre et rejoindre sa couchette aux cachots. Telle une enfant, la femelle s'élance en sautillant comme un cabris.