• Horizon. | Opale

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La louve scrutait l'horizon du haut de son perchoir constitué de pierre. Elle ne savait pas bien ce qu'il lui fallait faire. Les envahisseurs semblaient confiants face à eux qui vivaient ici depuis toujours et cette situation ne lui seyait nullement. Pour autant, elle ne s'était pas encore décidée à retourner sur les terres qu'elle chérissait tant. Mieux valait qu'elle reste sur l'île pour le moment, c'était de loin ce qu'il y avait de plus prudent.

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Le renard s'avance doucement, les yeux rivés sur les courbes de la louve. Ses lèvres s'étire dans un sourire, ravit de la voir. Arriver à sa hauteur il glisse ses naseaux sur l'encolure de sa douce tout en soufflant doucement l'air chaud contenue dans ses poumons.

- Opale.. Murmure-t-il d'une voix rauque mais douce à la fois.

Il s'enivre de son odeur.. . Il remonte doucement jusqu'à sa joue pour y déposer un baiser. Argile tourne ses yeux vers l'horizon observant la chose qui attire le regard ténébreux de la grise. Il savait qu'il allait se faire taper sur les doigts pour sa longue absence, mais il ne voulais pas y penser pour le moment.. juste savourer sa présence.

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La louve l'avait senti, cependant elle n'avait pas bougé. Et alors qu'il venait tout contre elle, respirer son odeur et murmurer son nom, elle ne bougeait toujours pas. Ses muscles s'étaient raidis en un bloc de chair et de sang. Il avait disparu et il osait revenir ainsi, comme si rien ne s'était passé. Ses mâchoires se serrèrent, si bien qu'elle en eut mal aux dents.

- Argile, lui répondit-elle en tentant d'articuler.

Elle s'attendait à des explications. Pas forcément à des excuses, car elle n'en avait pas besoin. Après tout, que lui avait-il promis ? Sans doute rien de ce qu'elle attendait, ou bien alors avait-elle été trop naïve pour le croire. Un amour tout juste enflammé avait été mis sous verre et cela l'avait... frustrée. Oui, c'était le mot. Et Opale détestait la frustration, tout comme elle avait détesté l'inquiétude qui lui avait noué les tripes en ne le voyant plus.

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Il vient se positionner devant elle afin de lui faire face. Il planta son regard dans celui de la louve d'un air tendre et a la fois soulager de la retrouver. Il comprit rapidement qu'elle lui en voulait tout simplement par la lueur de ses yeux, il la connaissait que trop bien et le renard se mit à soupirer.

- Beaucoup de monde avait disparu et je me suis lancé dans leurs recherches.. Je suis un gardien et tu sais que je n'avais d'autre choix que de partir afin de trouver..

Sa voix était petite, étouffer par le vent. Il fait un petit pas en avant et dépose son front contre le sien. Argile est têtue et il voyait bien qu'il ne retrouvait pas les disparut... en particulier Granit, son meilleur ami. Il était devenu presque fou de ne pas les retrouver, remettant en question son utilité au sein de la tribu.

- Je ne les ai pas trouvés.. Sa voix s'écrase et il tourne le regard vers les cailloux.. je suis un gardien et je n'ai pas été capable de les retrouver.

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Elle comprenait son désarroi. Toutefois, comprendre ne signifiait pas pardonner. La louve était connue pour être rancunière, ou tout du moins était-elle de nature à se protéger. Elle n'avait que trop souffert de la proximité en sachant que celle-ci pouvait s'arrêter aussi sec. Opale aimait passionnément Argile, pour autant elle ne voulait pas qu'il croit qu'il lui était possible de tout faire sans jamais avoir à la prévenir et ce, sans l'inquiéter.

- Certes, tu es un gardien, lui répondit-elle.

Ses yeux s'ancrèrent alors profondément dans les siens, sans aucune hésitation. La louve n'hésitait pas facilement d'ailleurs. Elle paraissait sûre d'elle, inébranlable dans la moindre de ses décisions, même si elle paraissait plus solide qu'elle ne l'était véritablement.

- Alors garde aussi mon cœur de l'inquiétude, lui dit-elle par la suite. Préviens-moi avant de partir comme ça, sans rien dire à personne. Je t'ai cherché, pour finalement me rendre à l'évidence que je t'avais sans doute perdu, pour que tu reviennes ainsi, le plus simplement du monde.

De nouveau, elle avait évité son contact en reculant d'un pas. La louve était sauvage et sans doute allait-il devoir être plus sécuritaire envers elle pour qu'elle daigne lui accorder toute sa confiance.

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Argile sert les dents quand il posa son antérieur arrière gauche. Il avait cherché ses frères et soeurs de tribu, mais ce n'était pas de tout repos. Plusieurs combat l'on vraiment affaibli. Des bleus encore visibles parcoure ses flancs, du sang sécher coller à sa robe rousse et plusieurs plaies encore bien ouverte. Il ne voulait pas aller voir le chamane tant qu'il n'avait pas vu Opale.

Face aux paroles de la grise, le cœur du renard se sert. Il comprend son mécontentement et du bout des lèvres il souffle un petit "Désoler". Il finit par tourner le regard vers la louve pour plonger son regard dans le sien et s'avance.. il s'avance et enroule son encolure autour de la sienne pour la serrer fort contre lui. Non il ne voulait pas se faire pardonner comme ça, non il ne s'attend pas à recevoir un retour à cette étreinte, mais il avait besoin de ce contact.. juste pour la sentir contre lui, qu'elle soit bien réelle.

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Elle s'était bien sûr attendue à ne pas le revoir en pleine forme. Après tout, disparaître ainsi pendant de nombreux jours ne pouvait que laisser des marques visibles sur son corps. Pour autant, elle n'avait rien fait paraître. La vie lui avait appris à être forte, peut-être un peu trop d'ailleurs. Elle ne laissait ses émotions prendre le dessus que très rarement.

Son absence ne lui avait pas réussi, à elle non plus. Son corps laissait apparaître des os saillants, notamment au niveau des côtes, preuve qu'elle ne s'était pas nourrie correctement. A quoi s'attendre si ce n'était à un tel état physique ? Après tout, Opale, sans Argile, s'était sentie abandonnée. Et comme on savait qu'elle ne ressentait pas particulièrement la faim, elle n'avait mangé que le strict minimum, de sorte à rester debout. Rien de superflus, en somme.

Finalement, elle lui rendit son étreinte. Non pas parce qu'elle le pardonnait totalement, mais parce qu'elle en avait besoin, elle-aussi. La louve s'était inquiétée plus que de raison et à présent que la tension retombait, elle avait plus que tout besoin du contact d'Argile.

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Il passe ses naseaux sur ses cotes voyante et la culpabilité l'assomme complètement. Il recule un peu pour pouvoir voir son visage. Mon dieu qu'elle était belle .. . Il sourit un peu, malgré la fatigue qui creuse son visage. Il espérait au fond de lui que tout ceci aller rentrer dans l'ordre.

- Je t'ai manqué ?

Sa voix était sérieusement. Cette question pouvait énerver, mais il avait besoin de l'entendre.

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Elle hésita. Non pas parce qu'elle ne savait pas : il lui avait manqué, c'était là quelque chose de certain. Pour autant, devait-elle le lui dire ? Ne lui donnerait-elle alors pas l'ascendant sur elle ? N'en profiterait-il pas pour s'en aller de nouveau, en sachant que de toute façon elle l'attendrait ? Ses dents se serrèrent en pensant à la perspective qu'il pourrait se jouer d'elle. Il allait falloir qu'elle apprenne à accorder toute sa confiance. Elle savait toutefois que ça n'allait pas être une mince affaire.

- Oui, tu m'as manqué, avoua-t-elle, la gorge nouée.

Elle préférait ne pas mentir à ce sujet, même si cela signifiait qu'elle se mettait à la merci d'Argile. Elle voulait croire qu'il n'utiliserait pas cet aveu à mauvais escient.

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Un sourire horne ses lèvres et un petit rire de soulagement ce fait entendre. Elle avait beau être comme elle est, c'est pour ça qu'Argile l'aimait, parce qu'elle n'était pas comme les autres.

- Et est-ce que tu m'aimes ?

Oui, une autre question qui pouvait énerver.

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Cette fois-ci, elle n'hésita pas. Opale plongea son regard brun dans celui d'Argile et un léger sourire naquit sur ses lèvres délicates. Sur ce genre de question, elle ne pouvait pas hésiter. La réflexion n'avait pas sa place là où le cœur s'exprimait.

- Oui, je t'aime, lui répondit-elle, le plus sincèrement du monde. Et toi alors, est-ce que tu m'aimes ?

Après tout, elle pouvait bien lui poser la même question. Elle-aussi avait besoin d'être rassurée, même si elle ne le montrait que rarement.

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Il plonge son regard dans celui de la louve et son visage se fait plus doux, mais à la fois plus sérieux. Il ne peut mentir, parce qu'il a caché ce sentiment pendant trop longtemps pour lui dire que non. Depuis qu'il est enfant ce sentiment c'est éveillé en lui et cette sensation de chaleur de bien être et de soulagement est plus fort que tous les autres sentiments.

- Je t'aime Opale et je ne cesserais de t'aimer, un peu plus chaque jour. Il finit par sourire. Même mort je te hanterais parce que je ne pourrais pas aller dans l'haut de là.

Il fait une grimace avant un petit "Houuuu" fantomatique.

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Elle ne pouvait pas aller à l'encontre de ce qu'elle ressentait pour lui, c'était impossible. Quand bien même elle aurait voulu le faire attendre un peu, elle n'aurait pas pu. Tout simplement parce que lui faire du mal lui aurait été insoutenable. Elle le voulait heureux avant tout et pour ça, elle savait qu'ils devaient être ensemble. Tout comme il lui fallait au moins ça pour être au sein même du bonheur.

- Je ferai la même chose si je meurs avant toi, lui dit-elle.

Elle savait pourtant pertinemment que s'il quittait ce monde avant elle, elle se laisserait mourir. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas faire l'inverse mais la vie n'aurait plus la même saveur s'il n'en faisait pas partie.

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