Il était une fois, une petite brise dans la nuit...

Inspiration. L’air froid envahit ma cavité thoracique, brulant mon œsophage dans son sillage. Expiration. La chaleur ardente de mon corps vint panser les plaies extérieures. Mes flancs se soulevèrent au rythme de ma respiration. Lentement, j’entrouvris les yeux sur le monde. J’étais en vie. Cadeau ou fardeau ? Un fin manteau de neige recouvrait mes membres endoloris. Je regardais le bout de mon sabot d’un air détaché comme s’il ne m’appartenait pas. Il tressaillit, timide sous ce regard ardent. Que s’était-il passé ? D’un battement de cil je tournais mon regard vers l’horizon, tout n’était que blanc, étendu infini dans  une brume irréelle. Les rayons éparses du soleil perçaient l’épais coton, scintillants d’une douce lumière glacée les bords du lac qui s’étendaient à mes pieds. Je restais la encore quelque instant, me concentrant sur le rythme rassurant des battements de mon cœur, calant ma respiration à la mélodie de l’eau qui dors. Maman ? Le souvenir fugace de son visage imprégna un instant ma rétine, ses yeux de jais d’une douceur infini plongés dans les miens. J’hennis, faible son désarticulé sortant de mes lèvres dans un souffle. L’écho de ma voix raisonnant dans mes oreilles. Je tournai légèrement la tête vers le ciel, apercevant la cime des arbres plus haut sur la falaise. La falaise. Le souvenir de ma chute me propulsa dans une panique incontrôlable.  Je me relevai fébrile, mon corps hurlant de douleur, inondant mon cerveaux d’alerte. Je sentis le corps dur et froid avant de le voir. Maman s’était glissée sous moi pour m’éviter une fin atroce…Avait-elle vraiment réussi finalement ? Pantelante je reculai, ne pouvant détacher mes yeux de ce regard vide qui pourtant rayonnait quelques heures plus tôt. Des larmes chaudes coulèrent le long de mes joues, mes sanglots brisant le silence…

Tu ne t’es pas vu grandir. Poussière d’étoile devient petit Soleil, est tu t’envole dans l’aube de ta vie, survolant l’horizon, illuminant les chemins qui se dessinent, traçant ta voix. Elle sera faite de plante de couleur de saveur et de bonheur. Tu as choisi la voix de la guérison du bien-être, aimer ton prochain. Mais l’ombre de la nuit n’est jamais loin derrière toi. Elle guette ton trépas, tes faux pas, tes dérapages. L’ombre de la nuit à la couleur d’un trou noir et des yeux aussi bleu que l’océan. Tu te perds dans les tréfonds des abysses et tu bois ses horribles paroles. Satan sait revêtir ses plus beaux atouts pour te décrocher de ton piédestal…
Tu n’es encore qu’une enfant et te voilà bientôt maman. Les traits enfantins s’éternisent encore un peu sur ton visage de poupon alors qu’à l’intérieur de toi grandis un nouveau petit être. Apprends à pardonner, apprends à aimer, et tes tourments, ta peur, s’envoleront dans le vent, portés au gré de ton souffle apaisé. Tu n’es plus seule Brie, non tu ne l’es plus et tu ne le seras plus jamais… Tu ne seras pas ta mère, tu ne la laisseras jamais seule sur cette terre. Elle aura une famille, toi, Tehya, Myo…et peut-être même Njord qui sait…