the mist

( J'me permeeeets )

Tu te tiens là, immobile à l'orée du bois. Ton regard dépareillé fixe avec intensité le lagon qui se trouve devant toi, à quelques mètres à peine, mais que tu ne peux pas apercevoir à cause de l'épais brouillard qui s'est installé sur les terres ce matin. Tu as entendu des bruits de sabots, tu en es certaine. Quelqu'un approche mais malheureusement pour toi, tu ne peux découvrir son identité puisque le vent est contre toi et que ta visibilité est amoindrie par les conditions météorologiques. Tu prends donc ton mal en patience, restant aux aguets et prête à disparaître dans les bois sombres qui bordent le lagon si jamais cela s'avérait être nécessaire.

Lentement, tes oreilles descendent jusqu'à toucher ta crinière sombre. Tu es dans le flou le plus total et tu n'aimes pas ça. Une voix perce finalement le silence, t'arrachant presque un sursaut de surprise. Cette voix, tu la connais. Tu l'as déjà entendue quelque part, c'est certain. Tu cherches dans tes souvenirs sans trouver. Une silhouette commence déjà à se dessiner, juste devant toi. Tu t'avances d'un pas, guidée par un élan de curiosité qui ne te ressembles pourtant pas. La silhouette se précise légèrement, te laissant deviner une robe claire - soit grise, soit crème - sur un physique plutôt arabisé.
- Anka ? Demandes-tu avec hésitation.
Se pouvait-il que la grisette soit revenue ici elle aussi ? Heureux hasard...

Tu sens le soulagement dans sa voix. Avait-elle peur de tomber sur quelqu'un d'autre ? Sur un inconnu ? Tu l'observes longuement, à la recherche du moindre détail qui pourrait t'informer sur la grise.
- Je l'étais, réponds-tu simplement, avec un bref haussement d'épaules.
Et pour le coup, tu aurais peut-être mieux fait de ne pas revenir. Enfin bon, si on avait le pouvoir de voir dans le futur, on éviterait bien des choses. Sauf qu'on ne l'avait pas, ce satané pouvoir. Tu ne l'avais pas.

Contente, sincèrement ? C'est bien la première fois que quelqu'un se dit heureux de te revoir. Souvent, les autres sont indifférents à ta présence et/ou compagnie voir même carrément mal à l'aise face à toi. Alors il est plutôt rare qu'on t'apprécie, surtout au point d'être content de te voir. Enfin bref, tu ne t'en formalises pas. C'est Anka, après tout.
- J'sais pas. Le destin, j'imagine.
Destin au goût amer, soit dit en passant. Pourtant, tu as fini par l'accepter. Peut-être que le destin des uns et des autres est réellement écrit d'avance et quoiqu'on fasse, les dés sont jetés.
- Et toi alors ? Tu demande finalement, subtil moyen de la distraire afin qu'elle ne se pose pas davantage de questions sur tes petites escapades et ce fameux destin qui s'est bien joué de toi en te faisant revenir ici.