away

elle a trois enfants, dans l'ordre elle a eu X, June et Boréale
tu vas me faire mourir

Elle ne s'en va pas. Bordel, casse-toi ! Vite. Va t'en.. La lionne est au bord de l'implosion. La réplique du séisme. Elle tremble de nouveau, tentant de les faire taire mais ils hurlent. Elle les a laissé parler trop fort pour les faire taire maintenant. Elle voit le corps de la pouliche allongé à ses pieds et ça lui plait. Ses iris se confondent à ses pupilles, elle entend à peine l'enfant tandis qu'elle se dirige vers elle d'un pas mécanique. La mâchoire crispée, Lov inspire, prête à se jeter sur sa proie.
Un bloc de béton lui rentre dedans et la renverse presque. Elle chancèle, grogne et laisse son corps osciller contre le mur qui vibre, fragilisé de ses deux corps robustes venus s'écraser contre lui. Qui ose ? Qui ose, se mettre entre elle et leur proie ? Son regard fou se relève lentement, prêt à donner la mort, à punir. Son coeur rate un battement, puis un deuxième ; c'est bientôt l'oxygène qui manque à ses poumons. La vie, qui manque à son corps. Son corps, là contre le sien. Cette odeur, si familière, si désirée, si crainte, aussi. Crainte de ne le retrouver que mort. L'est-elle déjà ?
Elle dévisage Red sans pouvoir répondre, les démons ont cessé de crier et le silence lui vrille les tympans. Son frère, son pilier. Elle a tellement eu besoin de lui. Elle aurait tellement voulu qu'il ne la retrouve pas ainsi. Elle voudrait se justifier, les mots restent coincés, elle s'étouffe. Elle le déteste tant d'être parti si longtemps ; elle l'aime tant.
Elle rêve sûrement. Il n'est pas là.
Sans qu'elle ne parvienne à séparer l'illusion de la réalité, elle laisse les bêtes sauvages retourner sournoisement à leurs tanières, jubilant d'avance du spectacle qu'elles ont donné. La bouche pleine d'écume, elle ne parvient pas à parler et seule une larme, une seule, grosse comme une montagne, dévale la pente de sa joue noire pour s'écraser lourdement sur le poitrail de Redjim.

Noomi est inconsciente, l'esprit plongé dans un trou noir, sans douleur, sans bruits, sans rêves. Elle revient peu à peu à elle lorsque Phoenix la soulève pour venir l'allonger sur un nid de mousse. La pouliche pousse un gémissement douloureux lorsque son petit corps brisé vient effleurer la mousse pourtant très douce. A demi-consciente, elle est incapable de parler, le moindre geste, la moindre inspiration la fait souffrir. Elle se contente de grimacer, et de cligner les yeux pour signifier à Phoenix qu'elle l'entendait.

ohlala, j'suis tellement dans lov que j'avais pas compris aha, mais ça m'va très bien


Elle suffoque. Mais elle n'est plus seule, pas vraie ?
Elle est contre Red. Les fondations mêmes de son foyer mental. Des fondations qui s'effondrent brusquement, comme par la venue d'une tempête. Elle chancèle. L'odeur âcre des Shaan lui emplie le nez, elle plisse les naseaux. Elle a senti cette odeur sur la petite aussi, timide. Bien sûr, il fallait qu'elle tombe sur une Shaan. Elle s'écarte brusquement de Bryséis qui hurle déjà pour chercher de l'aide. Phoenix arrive, mais la lionne ne lui adresse même pas un regard. L'humiliation, la honte, la culpabilité ; autant de sentiments qu'elle ne sait gérer ni même montrer. Ne se voie que la haine, la colère, sur son visage métamorphosé, transformé, défiguré. On ne la comprendra pas. Personne ne le pourra.
Faut-il fuir, comme l'a fait son père ? Devient-elle folle, maintenant, enfin ? Sans un mot, sans un bruit sinon la lourde cavalcade dans laquelle elle s'engage, elle prend la fuite.

(out)

Noomi reste allongée au sol, plaintive. Dès que Phoenix la manipule, elle claque de la mâchoire compulsivement. Elle aimerait mordre quelque chose pour évacuer sa douleur, mais rien que serrer les dents est difficile pour elle. Son regard clair, cherche réconfort autour d'elle. Elle reconnait la guérisseuse penchée à son chevet. " Non.. ne me touche pas.. j'ai trop mal. " supplie t elle, alors que les larmes débordent de ses yeux. Elle a peur. Peur de mourir. Peur que la douleur ne disparaisse jamais.

Des larmes de douleur coulent inlassablement sur la ganache de la pouliche sans qu'elle ne s'en rende compte. Si on lui demandait de quantifier sa douleur sur 10, elle répondrait 100. Phoenix lui tend des herbes odorantes qu'elle lui ordonne d'avaler. D'ordinaire, la pouliche caractérielle était du genre à faire la rebelle, mais cette fois ci elle avale avidement sans rechigner. Priant intérieurement pour que l'on l’assomme. Elle fait un énorme effort pour relever la tête et regarder dans le yeux la jument rousse. " S'il vous plait... je vais mourir.. ne m'abandonnez pas... " supplie t elle plaintivement. Elle est au bord de l'évanouissement, vivement que le thym agisse, et vite.