Let me breathe // N

J'en sais rien justement, vous avez deux caractères bien trempés fait-elle en souriant de plus belle, pour le taquiner. Elle préfère le voir ainsi, même si cela ne court pas à améliorer son état. Je te le présenterai un jour, d'accord.

Donc si vous me supportez tous les deux, vous devriez vous entendre, c'est vrai ! fait-elle en riant un peu. Elle lui donne un petit coup de tête. T'en fais pas, si c'est justifié, je te laisserai faire

Elle laisse son rire résonner dans le camp tout en le laissant s'estomper peu à peu. Quand il n'y a plus que les bruits du crépuscule pour troubler le silence harmonieux entre eux, elle lance : Toi aussi, Njörd. Depuis toujours. Tu le sais ?

mais ouiiii

Elle sourit, repensant à ce drôle de mélange qu'ils forment. Oui, c'est assez étrange d'ailleurs car il est composé d'une grande famille depuis toujours en affront avec la mienne, celle d'Isildure. Ils sont quasiment tous liés par le sang, sauf moi je crois, et les compagnes des uns et des autres, aussi. Elle pense à Enja et Phoenix, notamment. C'est étrange comme le pardon peut nous emmener en territoire inconnu et autrefois hostile, qui se révèle maintenant rassurant.

Elle hoche la tête, rêveuse, presque idéaliste. Ce qu'elle n'a jamais été. Et si elle était désarmée de nouveau ? Comment accueillir les trous noirs si on reste focalisés sur la lumière aveuglante d'un soleil brillant si fort ? Elle se posera la question plus tard. Elle veut profiter de sa paix, de sa sérénité. Son propre combat. Non. Jamais, souffle-t-elle avec un sourire avant de venir poser sa tête contre son encolure, fermant les yeux à demi.

non pas du tout, ça me va

Elle le berce, douce et tendre comme le serait une mère. Elle n'a jamais su avoir le bon comportement quand elle l'a été, pourtant peut-être est-elle enfin prête. Elle chuchote des chansons incohérentes à ses oreilles jusqu'à le sentir se relâcher. Quand elle est certaine qu'il dort, elle s'éclipse, arpentant la nuit comme une vagabonde. Pourtant, elle revient au camp quelques jours plus tard seulement, ses yeux sombres cherchant le mâle, affrontant du regard ceux qui se demandent qui elle est et ce qu'elle fait ici.

De toute manière, bien loin de Lov l'idée de demander à quiconque si sa présence ici est bienvenue ou non. Tout ce qu'elle fait, c'est adresser un regard sombre qui décourage les sentinelles de l'empêcher de passer. Même si elle ne s'est jamais sentie chez elle ici, il y a une part d'elle qui court toujours aux côtés de Njörd et donc, aux côtés des Nilaak. Comme le jour où ils s'étaient rassemblés, où le clan avait été créé et où son premier nom d'origine avait été choisi. Orosymal, en souvenir - entre autres - de son père, Oroszlàn. Elle entend sa voix avant de le voir et se retourne lentement, montagne brune aux crêtes enneigées. T'as meilleure mine ! ose-t-elle avec un sourire, avant d'observer en arrière plan sa famille. Sa compagne, qu'elle avait aperçu au mariage, et son fils sûrement, à ses côtés. Elle ne va pas se présenter, ne cherche même pas à attirer leur attention sur elle. Elle n'est pas assez sociale pour ça, c'est bien connu.

Elle sourit, ne demandant pas si cette certaine personne se trouve être Myosotis ou non. Sans comprendre qu'il parle peut-être d'elle. Malgré sa fierté, Lov ne voit pas souvent quand elle peut réussir à faire de bonnes actions autour d'elle, pour toujours persuadée qu'elle n'apportera que le mal à ses proches. C'est joli, fait-elle seulement avec un sourire sincère. De toute façon, vu qu'on l'a appelé Lövojka et que c'est quasiment imprononçable, tout peut paraître joli, à côté. On hésite encore pour le notre, selon si c'est un mâle ou une femelle. Le nom, ça sera en temps et en heure. Ils en parleront quand il ou elle sera née.
Ils n'en parleront en fait jamais.
Elle fixe elle aussi ses flancs tendus à leur maximum et se met à rire à sa mise en garde. J'ai l'air de pouvoir rester confinée quelque part ? T'en fais pas pour moi, c'est ma cinquième grossesse, je suis rodée. En vérité, elle a toujours détesté le moment de la mise-bas, hantée par la peur et la douleur. T'as juste peur que j'accouche chez toi et que tu sois obligé du coup d'accepter que mon enfant vienne dans ton camp librement toute sa vie