Slow grenade ▬ A

Le soleil entame tout juste sa descente lorsqu'elle arrive dans la clairière d'Iris. Au petit trot Absinthe rejoint l'orée du bois et s'arrête non loin de son ancienne couchette. Depuis combien de temps n'était-elle pas venue ici ? Très longtemps. Assez longtemps pour que son odeur ait entièrement disparue de ce lieu qu'elle fréquentait très souvent autrefois. Avant de grossir les rangs du clan de sa mère et de son beau-père. Après avoir jeté un rapide coup d’œil aux environs elle s'avance vers la prairie fleurie et un sentiment de plénitude la frappe aussitôt alors qu'elle plonge la tête dans les hautes herbes fleuries.

Le parfum des fleurs masque celui d'Etosha qui arrive droit sur elle d'un pas décidé. C'est sa voix qui la tire de ses pensées et lui fait relever la tête. Elle me met pas longtemps avant de repérer la silhouette de son amie.
- Tiens Etosha ! Comment tu vas ? Lui demande-elle lorsqu'elle est assez proche.

- Quelques courbatures pour moi aussi, avoue-t- elle en riant de bon coeur.
Et pas que d'ailleurs, mais ça, elle le garde pour elle. L'entrainement avait été un poil plus rude que ce à quoi elle s'attendait. Mais ca avait été instructif.
- Alors comme ça Oroine c'est ton binôme ? Demande-t-elle, l'air mutin.

La naïveté de Etosha ne dérange pas le moins du monde Absinthe. Au contraire, ça l'arrange bien, elle qui aime tant user de sous-entendus. Remarque... Elle apprécierait que, parfois, la grise saisisse le sens de ses mots. Le sourire qu'elle affiche se fait joueur.
- Oh oui, bien-sûr... Fait-elle tout en lui lançant une œillade appuyée.
Non parce qu'en vrai, ce genre de petit jeu, c'est parfois douloureux. Et Absinthe ne peut que confirmer.

Absinthe s'amuse des réactions de Etosha. Trop naïve, trop pure, trop premier degré. Cette fois ci, elle laisse tomber. Elle lui donne raison et ne cherche pas à la contrarier davantage. Elle apprendra par elle-même, avec le temps. Comme tous les autres avant elle.
- Tu sais Etosha, j'ai une préférence pour les princesses, qui ne sont pas moins charmantes que les princes, répond-elle sagement, sans se défaire de son air malicieux.
La palomino aimait les deux sexes, sans réelle distinction. Pourtant, sa préférence allait au sexe féminin, sans aucun doute.

Absinthe ne s'est pas posé la question non plus. Elle l'a toujours su, au fond d'elle. C'était comme une évidence. Elle n'a jamais cherché à comprendre. Elle a simplement vécu avec. Elle n'a jamais voulu entrer dans une case particulière. Elle voulait simplement être elle-même.
- Non. C'est un sujet sensible Etosha, la rabroue-t-elle un peu sèchement.
Absinthe n'avait pas envie de parler sentiments. Vraiment pas.

En effet, c'est elle qui a lancé le sujet mais elle ne pensait pas que ça irait aussi loin.
- Peu importe. J'ai pas envie de parler de ça, c'est tout.
Au-delà du fait que ses histoires amoureuses soient décevantes, complexes et voir même inexistantes désormais, elles étaient surtout douloureuses. Et pas vraiment intéressantes.
- Ce n'est pas contre toi Etosha, rajoute-t-elle finalement avec plus de douceur lorsqu'elle se rend compte qu'elle n'a pas forcément été très... Agréable avec son amie.

Les excuses d'Absinthe n'ont malheureusement pas grand impact sur Etosha qui semble décidée à l'ignorer. Pire, elle est même glaciale. Comme si elle n'en avait plus rien à foutre. Ce constat blesse Absinthe, bien plus qu'elle ne l'aurait souhaité. Elle ne pensait pas se mettre un jour la grisette à dos. Surtout pour une broutille de ce genre. Alors, pour le coup, elle aussi perd la parole. De peur d'amplifier le mal-être général. De toutes manières... C'est bien elle qui fait toujours tout foirer. Ce n'est pas la première fois... Et ce ne sera très certainement pas la dernière non plus.