don't tell me not to live // A

La rouanne s'aventurait avec un peu plus d'assurance sur l'île des natifs. Elle n'avait pas senti l'odeur de Nyvèen dans les parages. Avec un peu de chance, elle avait déserté ou le karma l'avait rattrapée. Et maintenant que l'erg prenait un nouveau tournant, elle espérait que le calme reviendrait entre eux et les nayatis.

Allie aime se rendre ici. Étrangement, le bruit fracassant des vagues frappant avec violence la roche l’apaise, ordonne un peu ses pensées. Les yeux clos, le vent lui fouettant le visage et emmêlant ses crins, elle se laisse bercer par les assauts meurtriers de la mer qui ressemble étrangement à un chant d'espoir pour elle.
Mais alors qu'elle trouve tout juste et enfin une certaine quiétude en ayant fait le vide dans son esprit, une présence lui fait rouvrir les yeux et tourner lentement son visage en direction de l'intrus. Intruse. Ses yeux, dans lesquels elle ne fait pas l'effort de masquer sa surprise, viennent se river à ceux d'Aulia. Elles ne s'étaient pas revu depuis le jour de sa libération, et des horreurs qui s'y étaient produits. Alors comment la fille du désert réagirait-elle face à elle ?

Elle aurait dû s'y attendre, qu'en traînant sur l'île elle risquait de tomber sur elle ou sur Foudre. Son regard se planta dans celui de la pie, sans réelle surprise de son côté. Elle s'en doutait à vrai dire. Peut-être qu'inconsciemment elle avait espéré pouvoir se confronter à elle pour évacuer ce qu'elle contenait depuis longtemps, même si, avec ce que Faucon lui avait dit, elle se sentait un peu mal de ressentir de la rancune envers elle. Mais tant pis. Viol ou pas, elle avait trahi sa confiance. Les oreilles de la rouanne pivotèrent vers l'arrière, sans réellement s'enfouir dans sa crinière. Juste pour lui montrer qu'elle lui en voulait, et pour voir ce qu'elle allait faire ensuite.

Les oreilles de la rouanne basculent vers l'arrière, marquant clairement sa rancune et son mécontentement envers elle. Allie laisse l'une de ses arcades sourcilières s'arquer, de manière interrogatrice mais aussi légèrement provocante. La pie finit par lâcher un léger et bref rire sarcastique. Elle détourne un instant son regard d'Aulia en secouant légèrement la tête et se mordant la lèvre inférieure, essayant de dompter sa propre colère qui se mêle à son incompréhension. De nouveau elle glisse ses prunelles dépareillées sur la guerrière ergienne. Alors c'est à moi que t'en veux alors que je ne t'ai rien fait ? lui lance t-elle sans pour autant s'approcher, restant campée au bord du précipice.

À son tour de lâcher un rire sec et sarcastique, retenant elle aussi sa colère. Il fallait le dire, si elles explosaient toutes les deux ça ferait un mélange dévastateur. Mais le sentiment de trahison qui l'avait saisie en apprenant qu'elle était surveillée par elle était presque indescriptible. Et même si elle faisait comme si elle était simplement en colère, mais ça l'avait vraiment blessée. Ah ouais, c'est tellement facile de rejeter la faute sur les autres. rétorqua-t-elle en levant les yeux au ciel. Elle n'avait pas pardonné à Faucon pour ce qu'il lui avait fait, mais elle était simplement juste capable de passer par dessus vu qu'il avait été agréable avec elle. Mais elle n'en était pas rendue là avec elle. Comme t'as l'air de croire que t'as rien fais, laisse-moi te rappeler. Quand ta mère est morte, que t'en voulais à la terre entière et que ma famille avait des raisons de croire que tu pouvais être un danger, j'suis venue te voir pour te dire que j'étais là si t'avais besoin. Je sais qu'on se connait pas énormément et j'ai pas envie de dire que tu m'en devais une parce que j'ai simplement été une personne décente envers toi, mais ouais, j'aurais apprécié que tu sois pas de ceux qui se sont assurés de me garder enfermée dans une jungle que je détestais. Elle comprenait que cette histoire était complexe et qu'il y avait eu un tas de rebondissements qui pouvaient changer la donne, mais n'empêche que c'était contre son code moral.