Nice moment

(j'aimerais qu'il n'y ait pas de tentative de capture mais si jamais ça te gêne, tu me dis hein  )

Pourtant, épiée, elle l'est bel et bien. Les muscles tendus, il n'ose pas s'approcher tout de suite. La colère fait vibrer ses membres, tenant éveillé son corps fatigué de ne plus dormi depuis cette nuit. De là, elle semble inoffensive. Pourquoi lui ont-ils tout pris ? Veulent-ils leur peau, à tous ?
Enfin, le dominant décide de s'approcher. Il vient aux abords du lac, effleurant l'eau avec ses sabots, son unique oeil troublant vissé sur elle même s'il ne devine que ses contours sans la précision d'avant. Sa vue se dégrade. Comme sa vie, comme son avenir. Il attend qu'elle le remarque, provocateur rien que par sa présence si proche d'elle.

Elle se retourne enfin et Faucon la dévisage avec mépris. Sûrement ne pourra-t-elle pas lire les émotions sur son visage, qu'il ne se gêne plus de montrer, aujourd'hui. Il la considère avec une rage contenue, froide et obscure. Il note le frisson qui l'agite, elle doit avoir froid, n'est-ce pas ? Dressé de toute sa hauteur, l'entier reste stoïque puis avance d'un pas, trempant ses sabots dans l'eau, la défiant d'approcher. Il ronflote doucement, tendant l'encolure vers elle. Il voudrait comprendre. Comprendre comme un être si fragile peut lui prendre tout ce qu'il a.

Pour sûr, la rencontre est des plus improbables. La plupart de ses congénères se seraient enfuis et sûrement Faucon l'aurait-il fait aussi si elle ne dégageait pas tant de fragilité, de douceur à double-tranchant. Ses oreilles vont d'avant en arrière tandis qu'il la fixe durement. Elle lance un éclat de voix qu'il ne comprend pas et ses oreilles s'aplatissent. Elle est remontée sur la berge et le corps de Faucon semble tendu dans sa direction comme s'il y était aimanté. Il discerne les contours de sa silhouette, sans plus en discerner les détails. Peu importe, en vérité. La vision n'a jamais été primordiale pour lui. Si le destin pense le piéger en lui retirant complètement la vue, il se met le doigt dans l'oeil. Il s'approche avec précaution, toujours sur le qui-vive, naseaux dilatés pour s'emplir de cette odeur qu'il déteste. Une odeur qui sent la mort. La mort de Boréale. C'est à cause d'eux, qu'elle est morte, n'est-ce pas ? À cause d'eux... À cause d'elle... Il laisse la colère agiter son encolure de quelques frissons délicieux et s'arrête à seulement un mètre d'elle, fier et sauvage. Il la dévisage, avant de tendre l'encolure dans sa direction pour la frôler.

Cela se passe très vite. Il la frôle et elle tend la main. La pose là, sur lui. En lui. Il plonge son regard si particulier dans celui de l'humaine. La dévisage un instant, sa main sur ses poils. Et d'un mouvement vif, sans prévenir, sa mâchoire s'ouvre et ses dents se referment sur le bras de l'indienne.
Si Faucon est un esprit, comme elle le pense, le message qu'il a à transmettre est d'une force incontestable.

Il voulait savoir. Si leur sang avait le même goût que celui de ses congénères. Un sourire effronté et rougeâtre perle sur les lèvres de l'entier qui se décale de façon à accueillir face à lui l'animal dompté qui fait son apparition. Il ne le discerne que très peu, une silhouette s'approchant mais rien qu'à l'odeur, il sait qu'il n'est pas l'un des siens. Il pue l'humain. Il lui offre une mine de dégoût profond et fait face. Ils sont deux mais Faucon ne montre aucun signe de peur. Il fixe le cheval. Tu pourras leur faire comprendre que c'est un avertissement, ça, dit-il en désignant l'humaine au bras blessé. Bientôt, ça sera pire. Il ne sait même pas si l'équidé le comprendra. Mais normalement si, non ? Il pousse un profond hennissement révolté, dévoilant ses dents encore colorées du liquide sanguin.

Et elle a raison. Ce n'est pas dans les plans de Faucon de la suivre jusque chez elle pour s'y faire capturer. Pour se plier à leurs lois, pour mourir dans leur sable comme Boréale l'avait fait. Le regard dur et froid malgré le voile blanc posé sur ses iris, il les regarde s'éloigner, sa langue venant lécher le sang qu'il a gardé contre ses lèvres. Un goût différent, dont il pourrait de la même façon se délecter s'il y avait nécessité.
Et il y a nécessité.
Tournant les talons, le mâle contourne le lac, fier de son avertissement. Il en faudra d'autres. Il ne lâchera rien. Lorsque la peur les aura contaminé, comme le début d'une épidémie, alors à ce moment-là, ils pourront frapper.

(end du coup ?  désolée c'était court mais j'trouvais ça chouette  )