(az) run free

Postée sur l'un des monts les plus hauts, la guerrière argentée lime ses sabots contre une pierre dont la solidité n'est plus à prouver. Elle vient de terminer sa patrouille matinale et n'ayant rien relevé d'anormal, elle en
profite pour se lancer dans une séance manucure.

Bien vite, l'attention d'Azara se porte sur autre chose. Des bruits qui diffèrent de ceux qu'elle entend depuis lors. Ni battement d'aile, ni grognement. Pourtant, la guerrière ne se précipite pas. Elle termine ce qu'elle est en train de faire, lime ses sabots jusqu'à ce qu'ils obtiennent la forme voulue, jusqu'à ce qu'ils soient aiguisés à souhait.
Enfin, elle se redresse et observe les environs. Elle sentait toujours un brin de possessivité chatouiller ses entrailles lorsqu'elle savait quelqu'un dans son lieu favori. Elle n'était pas en mesure de s'octroyer quoi que ce soit, mais elle ne ressentait aucun plaisir à rencontrer quelqu'un, ici.
Le spectacle n'est pourtant pas des moindres. Divertissant, facultatif mais appréciable, Azara se délecte de l'équilibre admirable de l'étalon qui s'amuse en contrebas. Moi aussi, je sais le faire. Se surprend t-elle à penser, compétitive dans l'âme. Elle continue de l'observer, postée sur son perchoir et admirant les sillons montagneux qui s'offrent à elle. Il n'aura sûrement aucun mal à la rejoindre, si c'est ce qu'il décide.

A mesure qu'il approche, les traits de son visage deviennent plus nets et Azara finit par deviner son identité. Elle ne saurait dire si cette rencontre la ravit ou l'horripile. La fois dernière, ils n'avaient pas pu finir le combat qu'ils menaient pour on ne sait quelle raison. Cette fois là, elle avait la sensation de dominer l'échange. De pouvoir enfin prendre sa revanche. Elle serre les dents. Contrairement à lui, elle n'aura pas eu sa victoire. Elle tente de passer outre, de ne pas se jeter sur l'étalon bien que son égo lui dicte le contraire. Désormais, la guerrière a des responsabilités, elle ne peut pas se permettre de foncer tête baissée sur n'importe qui. Même si.. Son statut de conseillère ne lui enlèvera jamais, ni sa folle ambition, ni sa compétitivité démesurée, ni sa férocité légendaire.
La guerrière argentée observe l'entier approcher, le regard brillant. Elle est un livre ouvert, avec quelques pages déchirées et d'autres brûlées, mais où l'on peut lire sa ténacité. Jamais elle ne cesse, jamais elle ne s'avoue vaincue. A la fois prévisible et imprévisible, la coriace jument est inébranlable. Cela, tous peuvent le lire ligne par ligne dans ses yeux. Elle ne cache rien, incapable de jouer un rôle qui n'est pas le sien. De toute façon, sa transparence lui importe peu. Y a-t-elle seulement déjà songé ?
Elle frémit en discernant le rictus farouche de son adversaire -parce qu'à l'heure actuelle, c'est tout ce qu'il représente- et dissimule assez mal l'agitation de ses postérieurs. J'ignore quoi.. Me suivrais-tu ? Elle frotte son regard espiègle au sien, petite diablotine cachée sous une robe de poussière.

Quel dommage. Pourtant, elle se doutait que la réponse ne serait pas positive. La jument grimpe sur une roche recouverte de sable. Un faible voile de fumée s'envole sous ses sabots. Elle détache son regard de l'étalon tandis qu'un rictus vient orner ses lèvres sombres. Tout le monde. Elle balance sa crinière en arrière. Cette information, qui ne lui était probablement jamais venu à l'esprit, l'amuse. Elle tourne lentement son encolure musclée vers Faucon, reposant son regard sur lui. Mais certains plus que d'autres.

Elle le regarde approcher, muette et impatiente. Quelle audace. Est-il aveugle au point de ne pas voir qu'elle meurt d'envie de lui faire la peau ? Les mètres qui les séparent diminuent et elle se demande si ce n'est pas le bon moment pour se jeter sur lui. Elle lutte contre sa férocité. Aux mots de l'étalon, elle affiche une mine vaguement surprise. Dans mon souvenir, c'est toi qui avais succombé aux miennes.

Elle le regarde approcher, muette et impatiente. Quelle audace. Est-il aveugle au point de ne pas voir qu'elle meurt d'envie de lui faire la peau ? Les mètres qui les séparent diminuent et elle se demande si ce n'est pas le bon moment pour se jeter sur lui. Elle lutte contre sa férocité. Aux mots de l'étalon, elle affiche une mine vaguement surprise. Dans mon souvenir, c'est toi qui avais succombé aux miennes.

Elle le sent insolent, joueur. Il joue avec le feu. Il semble en avoir conscience. L'on croirait elle, débordant d'assurance en toutes circonstances. Elle soutient son regard sans ciller, hausse un sourcil imaginaire, l'air de dire tu te crois malin ? Elle lui laisse le bénéfice du doute quant à la suite. J'ignorais que les gamines, c'est ta came. Elle fait quelques pas et se retrouve dos à lui, cachant le sourire qui prend place sur ses lèvres.

A ces mots, Azara tourne la tête vers Faucon. Elle arque un sourcil, mi-interrogative, mi-dédaigneuse. Il me fait des avances là ? Ses prunelles rejoignent les cieux, peu convaincue par cette information. Tu ferais mieux de passer ton chemin chéri, j'suis une vraie plaie. Elle ne s'était jamais demandé si elle plaisait, si elle pouvait plaire. Ces choses là traversaient rarement son esprit, et elle ne s'attardait pas beaucoup sur le regard que les autres pouvaient poser sur elle. Bon comme mauvais. Mâles comme femelles. Elle est trop obnubilée par ses ambitions pour éprouver quoi que ce soit envers autrui. Désir comme sentiment. Azara analyse le visage de Faucon, intriguée, perplexe.