« Once upon a time. » L.

Je continue de visiter ce qui sera peut-être mes terres un jour. Le soleil matinal réchauffe ma peau tandis que j'observe, perplexe, l'immense arbre qui se dresse devant moi. Je tourne autour. Selon mes estimations, il doit s'agir d'un chêne centenaire, donc le creux a été creusé par les intempéries et les animaux venant s'y réfugier.

Le petit bai s'était allongé derrière un buisson, écoutant la nature autour de lui qui s'éveillait. Les battements d'ailes si précipités de certains oiseaux qui s'envolaient à la hâte de leur hâte le faisait par moments frémir. Il était là pour apprendre. Et la base de l'apprentissage est l'écoute.

Je me détourne de mon examen pour admirer des baies couleur prune, sur un petit buissons posté aux abords de la clairière. Le chant des oiseaux me signifie qu'aucun prédateur ne se trouve dans les parages. Tant mieux, je ne comptais pas botter les fesses d'un loup aujourd'hui. Je ne remarque pas le petit bai, si bien camouflé, et commence à chantonner en mâchouillant quelques feuilles fraîches.

Un bruit de sabot alerte alors le petit mâle, qui redresse faiblement son encolure, cherchant à localiser l'individu qu'il sentait non loin de lui. C'est en levant le nez qu'il se rendit compte que quelqu'un broutait les feuilles d'un buisson de baies. Il se releva et s'ébroua avec énergie, se sentant de nouveau plein d'énergie, et observe la jument pie non loin, un frivole sourire accroché aux lèvres. - Bonjour.

Je sentis alors remuer le buisson et fis un bond en arrière, sur mes gardes. Je me détendis en voyant un petit poulain émerger du feuillage. J'ai toujours craqué pour les enfants.
« Bonjour. » Fis-je en esquissant un doux sourire, presque maternel. Je regarde les alentours, tentant de trouver sa mère, ou un quelconque adulte pour s'occuper de lui ; mais nous étions seuls.

Le bai remarqua immédiatement l'air maternel dans l'expression de la jument après s'être faite surprise par la présence du mâle. Ce fut bien la première fois qu'on l'observait de cette façon, et au fond ceci eu don de le mettre mal à l'aise d'une certaine façon, bien que cela provoque une certaine chaleur au fond de ses entrailles. En effet, elle pouvait toujours chercher la famille du poulain, mais elle ne trouverait d'ailleurs aucune trace d'aucune famille. - Je vous demande pardon pour vous avoir effrayée.

Je tourne la tête vers lui et le regarde chaleureusement.
« Ce n'est rien, ça aurait pu être pire. » Je lui souris, attendrie par sa fragilité.
« Comment t'appelles-tu ? » Je le tutoies sans y prendre garde, même si je me vois mal vouvoyer un enfant.

- Je m'appelle Psychotrope. répondit-il docilement à la pie. Il sonda son regard, si emplit de chaleur. Il fut prit d'une envie de se blottir contre son corps, comme si son organisme avait besoin d'une mère. Et le poulain se rappela brutalement dans quelles circonstances il était né. Il n'était pas comme les autres. Comparé à la gentille jument, il avait l'air d'un robot fabriqué de toutes pièces. Pointe au coeur. - Et vous ?

« Moi c'est Latika. » Déclarai-je tout en sentant le malaise du poulain. Je ne peux en supporter d'avantage ; il a tellement l'air de souffrir, même s'il ne le montre pas. Je m'approche de lui et abaisse mon encolure pour l'enfouir dans ma crinière.

- Ravi. Il la voit approcher, mais ne peut se reculer. Elle abaissa son encolure et l'accueillit contre son encolure. Il ressentit la chaleur. Il se sentait frêle et transi. Ou du moins il se rendit compte qu'il l'était. Il se rendit compte de sa taille face au monde, il se rendit compte qu'il avait besoin de tout ça. Il ne se débattit pas, pressant même quelque peu son petit museau contre l'encolure de la jument, se sentant enfin à sa place : un enfant.

Ne le sentant pas reculer, je resserre à peine mon étreinte et tente -bien que se soit impossible- de répartir uniformément la chaleur de mon corps pour l'offrir à Psychotrope. Malgré moi, j'ai l'impression d'être une mère de remplacement ; du moins, juste pour l'instant.
« Enchantée. »

Le petit soupire discrètement d'aise, ses paupières s'abaissant alors qu'il s'enivre un instant du parfum réconfortant de la bicolore. Il sentit un liquide brûlant lui piquer les yeux, et sans comprendre, se mit à pleurer de timides larmes silencieuses.

Je laisse le geste durer encore un instant avant de me détacher lentement de lui, pour éviter que la séparation ne soit trop brutale. Je le vois alors les larmes qui roulent le long de ses joues.
« Tout va bien. » Ce qui était une phrase sonnait comme une question.

Comme par automatisme, le jeune bai hoche doucement la tête, faisant tout ce qui est en son pouvoir pour refouler ces larmes et les tremblements de ses membres. Se sentant ridicule dans une telle situation, le jeune mâle détourna le regard.

Je recule de quelques pas pour mieux le voir sans me tordre l'encolure. Je le vois détourner le regard, comme s'il m'en voulait. J'eus un pincement au coeur.
« Sais-tu où est ta mère ? » Je devine que c'est un sujet sensible, sans en mesurer l'ampleur.