this hurricane chasing us all underground.

La tempête approche. Le vent envoie loin devant les crins de la noiraude, happés par leur souffle déséquilibrant. Pourtant, Brooklyn marche droit. Toujours. Le vent siffle à ses oreilles, lui promet monts et merveilles. Elle ne l'écoute pas. Elle n'écoute personne. Elle n'écoutait que l'Alpha, jusqu'à-ce qu'elle le fasse tomber. Elle accélère, jusqu'à trouver un abri lorsque la météo devient trop catastrophique. La pluie s'en mêle, les éclairs zèbrent le ciel. Elle s'avance pour pénétrer à l'intérieur, de son pas toujours inaudible, comme si elle marchait constamment avec de la mousse sous les sabots. Mais dès qu'elle approche, elle sent à l'intérieur une présence. Son regard se noircit. Elle va devoir partager cet abri de fortune. Et la proximité, ce n'est pas franchement ce qu'elle préfère.

déjà près de l'entrée, en effet. l'air sent la pluie, le renfermé, et surtout, l'autre être qui est là. déjà là. un peu jalouse comme si on lui avait volé son abri, brooklyn renâcle à son tour. génial, elle semble être tombée sur quelqu'un qui ne voulait de personne non plus. elle secoue ses longs crins noirs et mouillés une fois qu'elle pénètre dans l'entrée. elle le localise très vite, ses grands yeux noirs et sans fond se posent sur l'étalon noir, plus imposant qu'elle.

trempée comme elle l'est, elle semble encore plus maigre, plus cadavérique, plus faible. tout un jeu d'apparences destiné à tromper les plus naïfs. ceux qui croient leurs yeux, alors que ces derniers ne sont souvent que des traîtres. elle pose un regard neutre sur lui. le même que le sien. ni méfiant, ni agressif, ni effrayé, ni froid. juste neutre. terriblement neutre. un regard qui n'exprime rien. aucune âme au fond de ses prunelles sans fond. elle se tasse dans un coin, ne prenant pas beaucoup de place. ses sabots n'ont produit aucun son sur le sol pourtant rocailleux. mais on lui a appris. à marcher sans faire le moindre bruit. à camoufler sa présence pour se rendre invisible. comme si elle n'existait pas. peut-être a-t-elle fini par y croire aussi. elle s'ébroue, silencieusement, avant de relever la tête vers l'inconnu.