this hurricane chasing us all underground ≠

MURPHY.
Les yeux clos, tu te laisses bercer par le bruit des vagues déchaînées. Ton corps semble encore jeune et frêle par moment, surtout là face aux éléments déchaînés. La pluie inonde ton corps, tes crins pâles se collent à ton encolure, tes poils deviennent encore plus foncés. Ton regard bleu d'océan se noie dans l'eau virevoltante là, si près de toi. Il suffirait de rien. Trois fois rien. Trois pas, peut-être, pour te projeter là, dans les flots qui ne te laisseraient aucune chance.
Soulevé par un mal-être que tu n'as jamais connu, tu demeures immobile, stoïque, absent, effacé. Un coup de tonnerre résonne, loin au-dessus de la mer.
Tu fais un premier pas en avant.

« Et qu'est-ce que ça t'apportera ? » S'il y avait bien une chose que la rouquine ne pouvait pas comprendre, c'était le suicide. Comment pouvait-on se donner la mort contre le gré de mère nature ? Non pas qu'elle était adepte du destin ou quoi, mais elle pensait qu'aucune raison n'était valable pour s'ôter la vie qu'on nous avait donné si généreusement. Enfin, on va dire.Elle était près de lui, et il ne l'avait probablement pas remarquée avant. Elle était bien pleine, la grossesse avait bien avancé, mais elle n'avait pas peur d'être de sortie par un temps pareil. Hors de question de se poser des contraintes.

La voix ne te fait même pas sursauter. Tu tournes lentement la tête vers la rouquine qui se tient à tes côtés. Elle sent l'Egypte, mais tu n'as pas peur. Tu n'as plus peur. Elle peut bien te tuer maintenant, grâce. Rien. Tu en es conscient. Mais rester, qu'est-ce que cela t'apporte ?
De toute façon, tu es bien trop lâche encore pour oser te suicider. Mais tu ne peux pas cacher que ça t'a effleuré l'esprit. Un instant. Une seconde. De trop. Tu claques des dents dans l'air, mimique récupérée de ta mère, sûrement, sans le savoir. Que veux-tu ? demandes-tu un peu froidement, les cernes marquant tes yeux clairs.

Lunaio demeura de marbre. Elle ne sentait pas vraiment l'Egypte. Elle sentait plutôt un coktail des différents territoires. Elle n'appartenait plus à aucune patrie. Pour le moment elle ne servait que ses propres intérêts. « La question est plutôt ce que tu veux toi. » relança-t-elle en faisant référence à ce qu'il s'apprêtait à faire.

À ses mots, tu observes l'océan déchaîné. Tu te sens si vulnérable, là, offert en sacrifice aux éléments en furie. Pourtant, tu ne bouges pas. Le vent porte sur ton visage des traces de vagues salées et humides.
Mais tu ne bouges pas. Comme si tu ne sentais pas l'eau sur tes joues. Comme si trop de larmes y avaient déjà coulé ces derniers jours. Je ne veux plus rien, justement.

« On veut toujours quelque chose, même si on ne peut pas l'avoir. » marmonna-t-elle simplement, plus pour elle-même que pour le jeunot. Qu'est-ce qui lui prenait après tout ? Cet élan de compassion ne lui ressemblait pas. Depuis quand elle fricotait avec des dépressifs pour leur remonter le moral ? Histoire de se rappeler qu'elle n'était pas la seule à avoir une vie de merde ? Bof, y'avait la queue pour ça. « Qui as-tu perdu ? » Elle était loin de deviner que c'était le rejeton de Brook.

Tu serres les dents, de frustration, parce qu'elle a sans aucun doute raison. Mais toi, que veux-tu, Murphy ? Le voir revenir ? Qu'on te le ramène ? Tu tournes vers elle un regard injecté de détresse où se débattent tous tes espoirs impossibles et déjà morts avant d'être nés. Sa question te fait tressaillir et tes yeux d'eau se détournent immédiatement. Personne, réponds-tu très (trop) vite. Qui espères-tu tromper, ainsi ? Ta voix s'est brisée, tu baisses les yeux au sol, où les vagues viennent oser lécher tes sabots fins et délicats. Qu'est-ce que ça peut te faire ? lui demandes-tu d'une voix redevenue neutre, contrôlée, détachée. À des lieux de là. Ou au plus près, justement.

« Rien. » fit-elle en haussant un sourcil imaginaire. En effet ça ne pouvait rien lui faire, vraiment rien. Elle se fichait de la mort des autres, encore plus quand ce n'était pas des gens qu'elle avait connus. Mais la peine de ce petit était palpable, et sa détresse encore plus. Elle inclina légèrement son visage, son expression dure, le visage fermé. « Tu t'en remettras. »

Tu grinces des dents. Et si tu ne t'en remettais pas ? Et si tu portais ce deuil comme un fardeau pendant des années et des années ? Tu souffles fort, fermes les yeux, concentres ton esprit sur l'océan agité. La tempête fait rage, voilà que la pluie se met à tomber encore plus fort. Tu couches tes oreilles. Qui es-tu ? demandes-tu soudain en élevant la voix pour couvrir le murmure assourdissant du vent, sans la regarder.

« C'est vraiment important ? » cracha-t-elle d'un air désintéressé. Elle observait le déluge océanique juste en face d'eux. Contrairement à d'autres, elle ne se sentait pas apaisée par ce genre de paysage. Elle ne ressentait pas la violence des éléments. Elle s'en fichait tout simplement.

Oui, réponds-tu d'une voix neutre, sans la regarder toujours. L'océan se déchaîne, et les éclairs se mettent à zébrer les nuages. Même le ciel est en colère. Même le ciel pleure. Tu fermes tes yeux clairs et gonflés de sanglots muets. Je n'ai pas besoin d'aide. Mais ta voix tremble, Murphy. Oh, tu es un bien piètre comédien, ce jour-là.

Elle s'avança alors soudainement, animée d'une étrange colère froide. Il était impossible de déceler ses intentions. Elle plaqua juste rudement son poitrail contre celui du blond, le faisant recule du vide sans ménagements. « Tu es peiné. Mais viendra un jour où tu ressentiras de la colère. C'est une force nouvelle qui s'offre à toi, sers-t'en. » fit-elle rudement, ses lèvres proches des oreilles du jeune étalon.

Au début, tu tentes d'opposer de la résistance. Mais ton corps est trop faible, affaibli par la peine, par les sanglots, par le manque de sommeil. Par la jeunesse aussi, peut-être, qui coule encore dans tes veines comme une faiblesse. Tu grimaces et recules de toi-même pour te dégager de son emprise. Immédiatement, à ses mots, tes yeux s'animent d'une lueur mauvaise. Je suis déjà en colère ! Tu as crié par-dessus le tourment de l'océan et du ciel, la foudroyant du regard.

« Tu n'as pas écouté la fin d'ma phrase, gamin ? Sers-t'en. » Et ce n'était pas parce qu'elle était enceinte qu'elle était moins habile au combat. Sa grossesse ne l'invalidait pas encore, et elle gardait une super forme. Elle lui fit un petit signe, indiquant qu'il devait frapper, maintenant. Qu'il devait attaquer.