I heard it through the grapevine (A)

La jument grise était de retour après cette légère absence. Bien sûr, elle avait eu vent de la chute de Solheim. De la mort de son meilleur ami. Le corps amaigri et le visage creusé par des larmes trop souvent versées, elle avait trouvé refuge en Egypte, perdue.

Je me promenais là, sur ce territoire qui officiellement, m’accueillait et me protégeait. Pourtant, je me sentais d'avantage comme une âme perdue, un intrus, un ennemi. Je trottinais sous le soleil de plomb, pressé à l'idée de disparaître. Pourtant, une tâche grisonnante au loin attira mon attention : méfiant, je soufflais promptement pour ensuite me diriger vers celle ci, sentant peu à peu le courage me fuir au fur et à mesure que j'approchais.

Le soleil brûlait la peau fine de la jument, mais en aucun cas elle ne chercha à se dérober à cette douloureuse caresse. Avalon n'était guère sur ses gardes, regardant mollement le paysage en poussant des soupirs à fendre l'âme. Elle finit par se retourner négligemment pour que ses prunelles noisettes rencontrent enfin la silhouette sombre de l'étalon. Toujours polie et avenante malgré les récents événements, la grisette l'accueillit d'un doux hennissement.

Rassuré par les vocalises de la grise, je laissais mes muscles se détendre ne serait-ce qu'un peu, me soulageant presque aussitôt des douleurs dû aux nerfs entrelacés. En m'approchant, je ne pu que remarquer la maigreur de la demoiselle qui paraissait crouler sous le poids de la vie. Pourtant interloqué, je fis mine d'ignorer ce détail et tentai de sourire, nerveux : " B.. bonjour, je suis Honduras "

Désolée du retard

Pour certains, la nervosité de l'étalon aurait été tout de suite palpable. Mais la grise n'était plus vraiment connectée avec la réalité, plus vraiment rationnelle. Et encore moins observatrice. Elle sentit juste un sourire poli étirer ses lèvres -plus par réflexe que par volonté de sa part. Avalon hocha la tête lorsqu'il déclina son identité. -Je m'appelle Avalon, ravie de vous rencontrer ! Souffla -t- elle de sa voix un peu éteinte, bien loin de celle enjouée qu'elle avait autrefois.

de même é.è

Le ton morose de la jument ne tombait pas dans l'oreille d'un sourd. Sans même avoir prit soin de se soucier du nom de la grise, je restai de marbre, interloqué par son souffle croulant sous les débris d'une vie chancelante. " Enchanté ", murmurai-je en guise de réponse. Finalement, mes yeux décrochèrent enfin des siens pour glisser le long de ses courbes ayant probablement été douces à l'époque : les pointes de ses hanches et la chute de ses reins venaient jurer sous son pelage terne. Pourtant, je la trouvai magnifique : son nez busqué et ses grands yeux me réchauffaient le coeur, me rappelant mes terres natales.