- vieux frères, je vous écris en pensée.

CSILLAG.
Endormi au creux d'un tronc, sûrement après une fugue ou une partie de cache-cache, je ronflote tranquillement, absolument détendu.

♦ REHAN /
Une envie pressante de s'amuser comme si la vie était un rêve, le poulain s'était aventuré dans la forêt des terres du Couchant.
Il aperçoit un autre poulain. Un sourire qui étire ses lèvres. Il avance à pas de loup, se cache derrière un énorme tronc. Puis... Il saute sur l'inconnu en criant.
BOUH ! Soudain, il reprend son calme, les yeux rivés sur l'inconnu pour analyser sa réaction. Rehan adore renforcer son savoir. Il essaie de comprendre le fonctionnement, les gestes de chacun, etc.
Bref, le poulain demeure stoïque tout en jugeant du regard l'autre.

Et puis soudainement, c'est la fin.
Je sursaute comme je n'ai encore jamais sursauté, me cogne la tête à l'intérieur du tronc et pousse un petit cri un peu ridicule. Le coeur battant, j'observe autour de moi. Gallisc me regarde depuis dehors en secouant la tête. Ce n'est qu'un de tes amis. Mais je fronce les sourcils et avant même de lui répondre, je foudroie du regard le petit être – aussi p'tit que moi disons – qui vient de me faire la peur de ma vie. « Ça va pas de me faire une peur pareille ?! »

Rehan se bloque face à la réaction du poulain. Il ne pensait pas mal ; il ne croyait pas le faire souffrir.
Son visage se tord en un rictus pitoyable. Oui, il ne sait pas encore manier ses expressions. Il est donc maladroit face à son congénère.
Excuse-moi, je ne voulais pas. Le poulain parle d'une voix faible. Il n'y a pas de début, mais une fin.
Rehan commence bien, sur ses nouvelles contrées. Un ennemi ? Il se retourne et ferme les yeux. Il s'évade dans son monde où il a le contrôle sur tout.

En voyant que l'inconnu en face est désolé, je suis satisfait. Il n'aurait plus manqué qu'il fasse la forte tête alors qu'il est en tord. Je l'observe et me sens un peu coupable d'avoir été si dur avec lui – est-ce que j'ai vraiment été dur ? Un peu, oui. Je tourne la tête vers Gallisc, qui observe la scène depuis l'autre côté du tronc. Peut-être a-t-il raison. « C'est bon, c'est pas grave. Tu t'appelles comment ? », je reprends, d'une voix plus entrainante.

Il dérape et se retrouve confronter entre le réel et l'illusion de ce monde imaginaire.
Il entend parfaitement la voix de ce poulain qui accepte ses excuses. Ses oreilles se pointent mais ses paupières restent fermées.
Euh.. Il se mélange dans ses pensées mais il parvient à demeurer calme comme s'il a le contrôle.
Rehan. Il réussit à se sauver et à donner son nom. Ses yeux sont toujours voilés. Il attend quelque chose. Un nom en retour ? Peut-être.

Il a l'air bizarre. Comme s'il était aveugle, comme si on avait mis de la poudre blanche dans ses yeux. Peut-être qu'il neige dans son cerveau. « Csillag. » Dieu pourquoi on m'a appelé comme ça ? Ça me semble si dur à retenir pour les autres. Mais il parait que mon grand-papa a lancé la mode, dans ma famille, des noms référents au ciel, aux étoiles, tout ça. « Puis lui, c'est Gallisc. » fais-je en présentant quand même mon ami.. parti se cacher derrière un tronc d'arbre. « Il est timide, faut pas lui en vouloir. »

Il ouvre enfin les yeux. La gentillesse de l'autre le ramène à la réalité. Son regard s'épanouit devant l'image de ...
Csillag ? Il le répète entre sa mâchoire serrée. Il le fixe longuement. Ce nom lui plait et un sourire à l'égard du poulain et de son autre ami qui s'appelle ...
Gallisc ? Il le prononce avec difficulté mais il ne veut pas froisser ses nouveaux amis. Enfin il espère car il a peur d'être seul.
Ses yeux suivent le chemin pour se retrouver prisonnier par un tronc. Il ne voit rien, juste l'arbre subissant les aléas hivernales.

Il répète, c'est bien, y a des progrès. Je le fixe un peu étrangement, en hochant la tête deux fois, quand il énonce nos deux prénoms. « C'est bien ça.. Et toi tu es ? »

Il se tourne vers le poulain, le sourire aux lèvres comme s'il n'avait pas fait d'erreur.
C'est Rehan.. Enfin mon nom. Il prononce ses mots maladroitement, comme si le regard de Csillag le bloque.
Ton nom vient d'où ? Il pose cela pour s'informer. Il aime bien savoir tout, même si toutes les informations ne peuvent pas peupler sa petite tête.

Je ne trouve pas ses questions dérangeantes, après tout ça n'est pas un secret puisque mon prénom est sûrement la chose que je vais le plus donner aux gens qui m'entourent. « On m'a dit que ça voulait dire Etoile, dans une autre langue. » Drôle d'assimilation, mais je ne suis pas déçu que Maman m'ait appelé ainsi. « Et le tien ? » lui retourné-je, un peu par politesse c'est vrai.

Il lui sourit pour approuver la signification de son prénom. Csillag ou étoile. Cela lui donne envie de regarder le ciel, mais ce dernier est caché par les feuillages des arbres.
Alors... Rehan ça signifie les portes du paradis en arabe. Il a cherché dans sa mémoire ce que lui a enseigné son père avant qu'il parte en voyage.
À la base je m'appelle Ezekiel. Il sort ça par instinct sans vraiment comprendre pourquoi il lui avoue cela. Son sourire meurt et laisse place à l'incrédulité.
J'ai une idée, Etoile. L'incrédulité s'efface et une lueur malicieuse aguiche son visage. Il s'approche de Csillag, trépignant d'impatience de lui dire son idée.

J'incline la tête sur le côté, un peu trop peut-être, parce que je le vois presque à l'horizontal, mais je fais des essais. Il est marrant vu comme ça. Je remets ma tête normalement au bout de quelques secondes. Je n'ai pas perdu une miette de ce qu'il a dit. « Tu as deux prénoms ? » Je ne comprends pas trop pourquoi. « Je t'écoute ! » fais-je, amusé de voir son entrain de mettre en route.

Celui donné par ma mère et l'autre par mon père. Il lui avoue cela en baissant le regard. Cependant, il le relève rapidement et reprend le sourire pour lui dire son idée.
Cela te dit de chercher des skunchts ? Il recommence dans son délire qu'il y a des nains qui se cachent sur ces terres. C'est son père qui lui a raconté des légendes sur ses contrées natales.

Je plisse les yeux. « Des.. quoi ? » je reprends, parce que je n'ai absolument pas saisi le mot qu'il a dit.