‹ feel the distance ›

(oroszlàn)
Peut-être disent-ils vrai. Cette fleur blanche, solide, unique, solitaire et impériale, pourrait-elle apporter réponses aux questions, consolation aux tourments ? Sans vraiment avoir de réponse, tu gravis tranquillement le chemin. Le soleil cogne contre ton dos et tu le sens s'embraser, si peu habitué aux rayons qui te semblent incendiaires.

L'odeur, la voix et la chaleur de son fils viennent rapidement envahir l'étalon doré. Ses muscles se détendent – il n'avait même pas remarqué qu'ils étaient tendus, comprimés, à l'affut. Ses oreilles se pointent dans sa direction et un sourire étoilé vient naître sur le visage du Lion. « red ! ça me fait plaisir de te voir. »

Le Lion n'aime pas trop cette idée, comme s'il avait abandonné ses devoirs de dominant pour venir se réfugier loin du Nord. Mais au fond, n'a-t-il pas un peu raison ? « oui, je suis venu me ressourcer un peu. » Il respire l'odeur de son fils, en le fixant toujours avec cette tendresse à l'état brut. « comment vas-tu mon grand ? »

Le Lion ne peut s'empêcher de rire un peu. Calme ? Oui oui Son rire se gèle pourtant instantanément, comme une fleur qui aurait pu penser survivre au froid de l'hiver. Il hoquète doucement, et fuit son regard. « ah.. ah oui ? et puis.. c'était comment ? »

Le Lion a redouté ce moment pendant longtemps. Comme on redouterait que son enfant demande comment on fait les bébés ¬¬, lui a craint l'instant où viendrait cette discussion. Cette partie d'ombre en lui sur laquelle il devrait faire lumière. Il l'a tant caché à Red.
Ce passager noir, ce sombre héritage, qu'il se découvrira peut-être lui-même.
« tu sais... il y a une partie de moi que je ne contrôle pas. ma mère est folle, mon père a fini possédé, fou aussi. j'ai toujours cru qu'ils m'avaient transmis une part de leur folie dans leur union, qui était incontrôlée. » commence-t-il doucement en cherchant timidement le regard de son fils, de peur d'être jugé, peut-être. Il fait quelques pas, observant la fleur, l'air pensif et à des lieux d'ici. « la première fois que j'ai rencontré rowena, je n'étais qu'un poulain, encore bien plus jeune que tu ne l'es actuellement. déjà là, je me suis retrouvé lié à elle de manière étrange. un truc fort qui me révulsait et m'obsédait en même temps. elle faisait ressortir de moi quelque chose que je ne comprenais pas, que je ne connaissais pas, et qui me faisait très peur. ça me fait toujours peur aujourd'hui, tu sais. » Il affiche un sourire un peu confus. « je ne pourrai pas réellement expliqué pourquoi je lui ai succombé, pourquoi je suis retourné vers elle une fois plus mature, je ne sais pas pourquoi j'ai cherché la pire personne de ces terres, la seule capable de faire sortir de moi cet inconnu un peu fou et dangereux. mais je savais que ça finirait par arriver. » Il lève les yeux vers Red, appréhendant un peu sa réaction quant à la nature de son récit. Mais Oroszlàn sait qu'il n'a plus à lui cacher. Qu'il est grand, aujourd'hui. Qu'il doit savoir d'où il vient. Qu'il doit savoir qu'il lui faudra se protéger, peut-être, à son tour, contre ces troubles qui semblent héréditaires.

Il cherche à peser ses mots. Cette confrontation entre son « moi » profond et son fils, il la craint, et ne voudrait pas le voir partir en courant après ça. « oui. mais il y a des fois où il se tait complètement. des moments où je ne le ressens pas du tout. mais il me lâche rarement. c'est... tout un travail de le faire taire, parfois. et il arrive que je n'y parvienne pas. » Il baisse la tête, comme coupable.

Il soutient le regard de son fils. « j'essaie de reprendre le contrôle. quand je n'y parviens pas, je deviens généralement violent. l'émotion la plus destructrice qu'il fait ressortir de moi, c'est une colère sans nom. j'ai toujours réussi à... reprendre le contrôle à temps. » Comprendre : avant de m'en prendre réellement à quelqu'un. Avant de tuer.
Il laisse s'échapper de son visage tendu un léger sourire. « je ne peux pas le blâmer entièrement. si ce monstre n'existait pas, tu n'existerais pas non plus »

Le rire de son fils le glace jusqu'à l'os. Il le dévisage, un peu hébété. Il fronce les sourcils, sans comprendre où Red veut en venir. « non, ça ne serait pas mieux. ça serait arrivé un jour ou l'autre. et je préfère affronter ça aujourd'hui, parce que je t'ai, toi. et que je n'aurais rien pu demander de meilleur que d'avoir un fils comme toi. » lâche-t-il d'une voix plus forte, vibrante d'émotion (on ignore laquelle), avant de détourner le regard, la gorge sèche.