◉ le goût du néant

Une fine pluie s'abattait sur lui sans pour autant le déranger. Bien qu'étant né en captivité, Socrate avait su se montrer résistant face au monde sauvage qu'il a dû découvrir contraint et forcé. La pluie lui rappelle ce moment de souffrance où toute sa vie était partie en fumée devant ses yeux, où chaque être qu'il avait pu connaître jusque là est parti rejoindre les cieux sans plus de cérémonie si ce n'est des cris de détresse. Tout son monde s'était effondré et c'était la pluie qui était venue soigner le feu et panser ses plaies douloureuses en premier lieu. Lui qui se tenait, morne, vide, dépossédé de son âme, face à l'ampleur d'un feu généré par un seul mégot mal écrasé.
Il secoue la tête pour se rendre compte qu'il se tient dans la même position, les yeux dans le vide, comme si la même chose venait de se produire sur lui. La pluie, sa madeleine à lui.

La pluie va pour s'abattre plus fort sur son corps inerte et pourtant debout, alors Socrate s'oblige à s'extirper de ses souvenirs, de son enfance pour se mouvoir et s'écarter de ces ondes négatives. La furtive lui apparaît bientôt au regard et il commence à la fixer, cette jument qui a cru pouvoir se dissimuler facilement dans une jungle sombre et verte alors qu'elle est colorée d'un blanc éclatant. Essaye encore, pense le mâle qui s'approche donc de cette étrangère. « Pourquoi tu m'épies ? » Fait-il alors qu'il se place devant elle, sans pour autant lui barrer la route, juste pour que leurs yeux se croisent parfaitement.

Le mâle reste là à écouter ce qu'elle a lui répondre. C'est avec une grande surprise qu'elle ne prend aucun détour et lui avoue tout simplement. « Tu es bien honnête » Fait-il en guise d'observation avant de se décaler un peu, lui laisser le champ libre. Mais lui continuerait de l'observer.

Il la laisse partir sans la suivre des yeux, se concentrant plutôt sur sa voix. Passer outre les apparences pour mieux connaître et comprendre les individus. Cela faisait aussi partie de son panel de techniques qu'il avait élaboré au fil du temps. Ses petites oreilles s'agitent quand elle aimerait connaître l'histoire de Socrate. « Une prochaine fois » Répète-t-il à sa suite. Il n'aimait pas parler de lui. En effet, il n'apprenait rien lorsqu'il s'agissait de sa propre histoire. Et Socrate aimait apprendre.

Socrate la regarde s'éloigner en plissant les yeux. Elle n'a pas cherché à creuser, elle ne veut pas savoir. Ça ne l'intéresse pas ? C'est la première fois qu'il ne fait pas l'objet d'un interrogatoire ciblé. Le mâle est partagé entre la fascination de cette jument honnête sans être curieuse et la blessure à son ego qu'elle n'ait pas voulu savoir. Du coup il regarde où elle va pour la retrouver un jour.

(OUT. On s'en refait un ? Je sens que Soso va bien la kiffer Pandore Même s'il a l'air d'un gros ours)