• For those about to rock.

we salute you !

Les antiques maisons de terre sont déjà inondées d'or par le soleil couchant. Déjà. Akan n'a pas vu le temps passer. En ce moment, il passait souvent ses journées dans le désert avec du peyotl, ou bien aux Brumes ou aux Jades avec des champignons. Plusieurs jours, qu'il erre seul, presque toujours défoncé. Les mots défilent et s'assemblent dans sa tête, les images que ses yeux voient ne cessent de se confondre en une scintillante cacophonie dans son cerveau. Et ces blessures qui le tiraillent, sans cesse pour lui rappeler la violence qu'il a dû invoquer pour la liberté. Et ce sang qu'il tousse et crache depuis qu'Isildure la violemment jeté au sol. Ses yeux mi-clos observent le ciel flamboyant et son attention est attirée par une silhouette inconnue qui déambule hasardeusement. Dressé sur le toit d'une cabane et adossé contre une autre, il est exposé à toutes les vues. Il ne trouble pas le murmure du crépuscule, et se contente de l'observer.

Il ferme les yeux et rejette lentement son visage vers le ciel. Une quinte de toux se heurte à la barrière de sa gorge, et il ne peut la retenir. Il sent quelques discrètes gouttes de sang éclabousser sa bouche ou le sol poussiéreux. Ça l'a trahi, c'est certain. Entre temps, l'inconnue s'est immobilisée, aux aguets. Ici, la hèle-t-il d'un ton traînant.

De sa lente démarche de chat, l'anarchiste descend de son piédestal pour s'approcher d'elle. Ses yeux, qui semblent las, l'observent pourtant avec une intensité qui lui est propre. Certains muscles de son visage se crispent quand ceux de son dos et de son encolure s'étirent dans ses mouvements, couverts d'hématomes et de plaies. Les marques du combat pour la liberté des Sables s'effaceraient dans longtemps. Akan, répond-il, d'un ton bas et vibrant. Et toi ?

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Il lit la surprise sur son visage et le dégoût. Ça lui arrache un rictus moqueur, parce qu'il aime par-dessus tout sortir les autres de ce qu'ils voient d'ordinaire, mais ça le meurtrit aussi de voir qu'on le trouve laid, lui dont son charme a toujours été puissant. Qu'importe, dans quelques semaines, tout ça sera effacé. Son visage, heureusement, n'a pas été touché. Je me suis battu pour notre liberté. En réalité, il n'a jamais voulu en venir aux coups, il ne pensait pas que les rois étaient si aveugles à la situation actuelle. Nous avons libéré les Sables de leur fardeau. Une étincelle de défi dans les yeux.

Le jeune anarchiste laisse un sourire léger étirer ses lèvres, amusé par Jiyuu. Il aime cette façon de parler, franche et directe. Sans encombre, sans filtre. Y avait quatre royaumes, sur Galop Sauvage, tous dominés par des chiens égocentriques qui ont interdit l'accès des étrangers à leurs royaumes. Personne n'a accepté ces lois, puisque personne ne les a respectées. Certains royaumes ont été désertés par leurs dominants, laissant là des hardes qui s'en sont très bien sorties toutes seules. Les gens n'ont pas besoin des dominants et nous voulons renverser les royaumes. Les dominants du Royaume des Sables sont des meurtriers et nous avons dû les combattre pour les renverser. Ce n'était pas ce qu'il voulait, pas un combat aussi sanglant et douloureux. Depuis ce jour, il se sent vidé, comme s'il avait perdu quelque chose en lui. La violence n'est pas la clé de la liberté, c'est sûr. Pourtant, elle était la seule solution aux Sables, même après avoir tenté un moyen plus diplomatique.

Ses yeux de flammes la regardent un instant, intenses. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle tire des conclusions sur une situation qu'elle n'avait jamais vécu et à laquelle elle ne connaissait rien. Ses mots refroidissent son regard. Il a l'impression qu'elle parle à un débile. Il n'est pas débile. Ses oreilles s'inclinent vers l'arrière. Comment tu peux dire ça alors que tu ne sais même pas ce qu'il se passe ? demande-t-il, indigné. Est-elle réellement en train de lui expliquer ce dans quoi il vit et baigne depuis toute sa vie ? La vérité, c'est qu'elle ne comprend pas. Les dominants ne sont suivis par personne, siffle-t-il entre ses dents. Nous ne faisons que nettoyer des ruines. Il la regarde droit dans les yeux.

La jument garde la même impassibilité et continue sur sa lancée. Soit elle le fait exprès, soit elle est inconsciente de l'incohérence de ce qu'elle dit. Akan ne peut s'empêcher de lâcher un rire amusé et surpris à la fois. On a tout vécu, à ce que je vois. C'est la première fois que tu viens ici, n'espère pas pouvoir porter un regard général sur chaque chose, tu pourrais avoir de mauvaises surprises ... Pour l'instant, il ne se montre pas aussi cru qu'elle, même s'il l'a déjà été, et bien plus. Il garde un calme narquois, se contentant de la regarder avec des prunelles luisantes. Et puis, soudainement, il se sent lassé de devoir lui expliquer les choses. D'un côté, il n'a pas envie de la laisser penser qu'elle connaît la vie et la situation qui déchire le pays alors que ce n'est pas le cas, et de l'autre, il n'a pas envie d'expliquer ça à une femelle si bornée, qui en plus le prend pour un idiot. Après le combat des Sables qui l'a ravagé à l'intérieur, il veut prendre du bon temps, se défoncer, voir R'Ayna et se consoler auprès d'elle, dans sa magie et entre ses lèvres. L'anarchiste la dépasse de sa démarche de chat, et disparaît entre les maisons.

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