let it go ~ N ~

Le noiraud observait les terres du Nord en silence. Il cherchait à rester calme malgré tout. Il voulait croire que plus tard la paix reviendrait, accompagnée par le bonheur. Même si tout allait de travers ces temps-ci. Après tout, il n'y a pas de mauvaise vie, seulement des mauvais jours, non ?

L'étalon noir leva les yeux vers le ciel étoilé pour contempler la lueur de la lune et des aurores boréales. Mais il fut bien vite arraché à ses observations par la chute d'un jeune cheval dans la neige. Pris d'une soudain inquiétude, il s'approcha dans un petit trot, son instinct de papa poule prenant le dessus, bien que ce ne soit pas son enfant. Njörd avait toujours aimé les jeunes. Tout va bien, petit ?

Il effleura le dessus de son crâne duveteux du bout de ses naseaux et se mit à sourire. D'accord. On a accomplit un petit exploit à ce que je vois. dit-il en aidant le poulain à se relever.

Il sourit. Au moins, le petit n'avait rien, si ce n'est que beaucoup de détermination. Dans ce cas, viens voir ça. dit-il en marchant lentement vers l'endroit où l'on pouvait admirer le paysage du Nord et les étoiles, attendant que le jeune le suive.

Le Nordique marcha à ses côtés et regarda le ciel étoilé sans cesser de sourire. Il regarda ensuite le poulain palomino. Qui es-tu, petit ? s'enquit-il avec curiosité. En effet, son jeune âge ne concordait pas avec le cycle des chaleurs du coin.

Njörd. dit-il avec douceur. Il laissa ses yeux vagabonder sur les étoiles, pour revenir sur le petit palomino. Il était bien jeune pour être seul. Où sont tes parents ?

L'étalon noir eut un sourire compatissant, bien que le coeur serré. Il se voyait en lui. Abandonné à sa naissance, Njörd avait eu des parents adoptifs, aujourd'hui disparus et fort probablement morts. Même chose pour sa soeur jumelle. Et aujourd'hui, sa compagne et son fils avaient disparus. Sa fille s'était faite enlevée par les parias, sans qu'il ne puisse y faire quoique ce soit. Comme si toute sa vie il avait été condamné à être séparé de ses proches, comme si ce châtiment se poursuivait encore maintenant.
Mais à ce moment, il était attristé de voir qu'un si jeune être puisse vivre de telles horreurs encore aujourd'hui. Je suis certain qu'elle est encore avec toi. Comme si son âme vagabondait encore et veillait sur lui.

L'étalon ne laissait pas son sourire rassurant s'enfuir de son visage. Il réfléchit à sa question. C'est vrai, qu'est-ce qui le retenait ici ? Parce que mes racines sont ici. dit-il, tout de même peu convaincu de sa réponse, bien qu'il ne le laissait pas paraître.