Une nouvelle rencontre

Première fois qu'il posait les sabots ici et Shijin ressentait très bien la chaleur de ce lieu, mais tout de même l'indifférence gagnait sur lui.

Une silhouette grise qui trace sa route à travers le désert du Royaume d'Agwo. Face à la chaleur prenante, Ophelya n'a pas du mal à avancer d'un pas fluide.

Il avait l'habitude de toutes les températures, ici, cela ne lui posait aucun problème et le mâle continuait son chemin, bien imprévisible. Son regard voguait de droite à gauche, attentif aux moindres bruits ou présences.

Elle ne fait aucun bruit. Elle piétine de sorte à ce que ses sabots se marient avec le sable du désert. Elle souffle, sa respiration est normale et son rythme cardiaque aussi. Elle est comme l'étalon au loin qu'elle ne voit pas encore, s'habituant à tous les climats. Ses yeux plissés à cause de la luminosité s'aperçoivent d'une silhouette qui grandit de plus en plus.

Le soleil était à son plus fort, rendant la visibilité légèrement plus compliquée et doucement, sans un bruit, l'étalon poursuivit son chemin. Le sable chaud lui glissait entre les sabots, ce qui ne le dérangeait aucunement et vu qu'il était entièrement indifférent à ce qui l'entourait, il faisait comme à sa vieille habitude. Puis, après quelques instants à avancer, Shijin aperçut à son tour une silhouette, les yeux plissés avec et ne la reconnaissant pas, il demeura sur ses gardes, respectant une distance entre eux tout en s'approchant calmement, le regard inanimé.

La sphère de feu pointe à son zénith. Le désert monte en température, atteignant le maximum. Son pas fluide, ses sabots battant le sable fin.

Un voile d'indifférence qui englobe les deux chevaux quand Ophelya arrive à la hauteur de l'étalon. Elle n'échange rien, ne laisse rien percevoir à part cette carapace impassible qui se colle à sa peau.

L'étalon a décidé de ne rien montrer aussi, ce qui lui donne un aspect attirant. Ce n'est pas là le but de se laisser submerger par ses émotions. Il faut avoir le contrôle de tout. De ne rien laisser s'échapper.

La chaleur était peut-être insurmontable pour certains, mais en ce qui concernait l'étalon, rien ne le dérangeait et il s'acclimatait à tout, absolument tout. Le bicolore finit d'avancer de quelques pas, s'arrêtant en face de la jument et posa sur elle un regard entièrement détaché, sans vie ni chaleur. Il n'avait pas besoin de dire quoi que se soit, le corps parlait d'eux-même et cette jument lui ' ressemblait ' en quelque sorte, vu sous cet angle.

Le silence a une part importante entre les deux protagonistes. Ils pourraient souffrir du piétinement du soleil sur leur corps massif, se plaindre de cette chaleur, mais rien ne sort de leur expression. Seulement, ils restent neutres, impassibles et Ophelya reste la pierre froide et lisse qu'elle est toujours.

La jument ne dit aucun mot. Elle n'échange rien. Entre eux, juste l'air passe pour les alimenter en oxygène. Ses yeux ne le quittent pas. Une part d'elle est fascinée, une autre veut salir de son sang sa jolie robe aux deux couleurs et la dernière part se fiche complètement de lui.

Il demeurait toujours silencieux et doucement, le mastodonte fit deux à trois pas de plus vers la jument, puis s'arrêta finalement toujours à une distance raisonnable. Ses yeux la scrutait et l'observait, muet comme à son habitude. Cette femelle avait ce petit quelque chose que toutes les autres ne possédaient pas, mais Shijin ne parvenait pas encore à mettre le doigt dessus et donc, il devra user de patience tout simplement.

Quant à lui, le pie restait toujours sans émotion ni expression, il ne ressentait jamais le besoin de s'exprimer et c'était un côté de lui que certains trouvait particulièrement mystérieux.