I'm no sweet dream, but I'm a hell of a night ▬ R

Une fumée opaque se forme tout autour du corps humide de Rosie. La nuit est froide. Pour ainsi dire glaciale, au point qu'elle contraste avec la chaleur de son corps. Son souffle chaud forme une fumée blanchâtre à chacune de ses expirations. Elle pourrait trembler de froid, mais ce n'est pas le cas. Elle marche en silence, errant dans ce territoire boréal tel un fantôme. Des lueurs multicolores dansent au dessus d'elle et cachent presque cette demi-lune qui se démarque pourtant par sa prestance naturelle. La tachetée se sent un peu vexée ; les minutes défilent et pourtant, elle reste seule. Seule face à cette demi-lune qui lui promettait pourtant une nuit des plus chaudes. Elle se sent électrique. Peut-être à cause de cet affront qu'il ose lui faire. Ou peut-être simplement à cause de cette vive tension dans son bas-ventre qui s'étend jusqu'à ses reins devenus douloureux. Qu'importe. Rosie décide de décharger toute cette tension en tâchant l'immaculé manteau de neige du sang d'un malheureux renard polaire qui passait par là. Encore un qui n'aurait pas dû emprunter ce chemin là à cette heure ci. Dommage.

Ses iris dorés fixent le corps de l'animal. Sur sa splendide fourrure blanche s'étend une tâche rougeâtre qui ne fait que grandir au fil des minutes. Son crâne à explosé sous les sabots de la tachetée. Et sous lui, la neige jusqu'alors immaculée connait le même sort ; elle se teinte de la couleur vive de l'hémoglobine.
Une pointe de satisfaction naît en elle. Prendre une vie, c'est toujours quelque chose de particulier. De grisant. Rosie ne tue pas très souvent, mais à chaque fois qu'elle cède à ses pulsions, elle se rappelle pourquoi elle aime tuer. Et puis c'est si bon de relâcher toute cette pression. De ses naseaux, elle effleure de corps de sa proie. Son corps s'est vite refroidit. On dirait presque qu'il dort. Rosie le repousse du bout de son sabot et s'apprête à lui ouvrir le bide lorsqu'une voix résonne derrière elle, la faisant presque sursauter. C'est qu'elle pensait pas croiser quelqu'un ce soir, après avoir attendu toutes ces heures seule. Elle se retourne pour faire face à l'étalon qui vient d'arriver. Elle se sent déjà frustrée d'avance parce qu'elle se dit que c'est sans doute encore un coincé qui ne voudra même pas la toucher, même si c'est la période des chaleurs. Remarque, on ne le dirait même pas, parce qu'elles sont clairement entrain de disparaître. Demain elles seront sans doute plus là.
- La proie, le prédateur... Fragile équilibre de la nature, rigole Rosie en envoyant valser le renard sur quelques mètres.
Il ne l'amuse plus.

Quelques gouttelettes de sang ont giclé sur les membres tachetés de Rosie. Elle ne s'en sent pas le moins du monde coupable. Elle ne vit pas dans les remords et la culpabilité. Elle ignore ce que ça fait d'en ressentir les effets d'ailleurs.
Les paroles du mâle l'électrise. Il aura suffit de quelques mots pour réveiller la panthère qui sommeille en elle. Rosie se sent fiévreuse à nouveau. Serait-elle enfin tombée sur la personne qu'il lui fallait ? Lorsqu'il s'approche, elle panache sa queue. C'est un geste naturel et instinctif qui lui crie qu'elle est intéressée. Monstrueusement intéressée. La brûlure de ses reins s'étend progressivement pour gagner son corps dans son intégralité.
- Dans ce jeu là, je veux bien être la proie, souffle-t-elle d'une voix devenue rauque de désir.

Sous son contact, Rosie se sent brûler comme si elle était en plein cœur d'un incendie. Ses iris dorés parcourent le corps du mâle noir avec envie. Il est loin d'être laid, c'est clair. Il est même carrément dans les goûts de la tachetée. Puis ce regard... Il est hypnotisant. Son corps tout entier trésaille de plaisir lorsque ses dents glissent sur sa peau fine. Provocatrice, elle fait quelques pas pour passer devant lui, la queue panachée sur le côté pour lui envoyer les effluves de ses chaleurs. Elle ne résiste pas au passage à lui mordre le flanc. Elle est curieuse de connaître sa réaction.

Il ne peut pas s'en douter mais grâce à lui, Rosie reprend confiance en elle. Elle réalise que finalement, elle est toujours désirable et que ses avances ne sont finalement pas toujours vaines. Et bon sang, c'est un réel soulagement pour elle de le réaliser. Du coup elle n'hésite pas à lui offrir un véritable spectacle en se dévoilant pour ainsi dire à cent-pour-cent. Un léger gémissement lui échappe lorsqu'elle sent les mâchoires de l'étalon se refermer sur sa queue. Cette action lui plaît, parce qu'à travers cette dernière, elle devine qu'elle n'a pas affaire à quelqu'un d'inintéressant et pour une fois, ça change. Elle se sent parfaitement à l'aise alors que ce n'est qu'un inconnu. Rosie fait mine qu'elle ne va pas répliquer et joue la proie docile jusqu'au moment où elle décide de reprendre le dessus. Elle se retourne et attrape ses lèvres entre les siennes avec fougue et termine ce baiser en lui mordant la lèvre inférieure qui se met à saigner légèrement. Elle entreprend alors de lécher sa lèvre blessée pour en récolter les rares perles de sang.

Rosie se montre docile. Elle apprécie ce jeu de proie et prédateur. Elle aime se sentir prisonnière. Menacée par la puissance du mâle qui lui fait face. Alors lorsqu'il balade ses dents le long de sa jugulaire, elle lève la tête pour lui en offrir l'accès. Elle sait qu'il ne la tuera pas, du moins pas immédiatement. C'est pour cette raison qu'elle accepte de jouer et s'en délecte même.

Son corps tout entier réagit aux actions du mâle. Des frissons glissent le long de sa colonne vertébrale tandis qu'une chaleur presque insupportable l'envahit. Elle n'a plus qu'une seule envie, c'est de lui appartenir, l'espace d'un instant. Rosie le laisse mener la danse, du moins pour le moment. Elle le surveille du coin de l’œil. Peut-être ferait-il mieux de se méfier d'elle. Enfin, pour le moment, elle est inoffensive. Elle n'a pas envie de sang. Elle veut autre chose. Et puisqu'il semble apprécier les préliminaires, elle décide de jouer avec lui. Habilement, elle glisse ses naseaux entre ses cuisses pour souffler un air chaud, presque brûlant, sur sa masculinité.