I found you ▬ A

Narval avance en direction de la source de cristal, étendue d'eau pure et limpide, pour nettoyer sa robe pourtant impeccablement blanche. Mais ne sait-on jamais, qu'une impureté s'y balade.
En arrivant sur place, il remarque une silhouette inconnue et dorée. Ce n'est pas une nayati. Il approche lentement, sans chercher à se cacher, encore moins à se faire discret. Elle se redresse, sur le qui vive. Lui, sa méfiance est naturelle. Doucement il se glisse derrière elle, sans la toucher, sans l'approcher de trop près. Son reflet blanc comme neige se dessine à côté du sien à la surface de l'eau. On dirait que tu as vu un fantôme. Ce n'est ni mesquin ni provoquant, un simple constat. Froid.

Il tourne son visage vers elle, en même temps qu'elle tourne le sien vers lui. Le bleu de leurs yeux se rencontrent, ne se heurtent pas comme cela lui arrive souvent, au contraire, ils s'observent de manière curieuse, comme s'ils voyaient là leur propre reflet. Différents et pourtant semblables. Elle connait son nom. Il ne sait absolument rien d'elle. Cela pourrait être déconcertant, déstabilisant, énervant aussi. Mais lui, il se laisse caresser par ces mots. Etre connu lorsque l'on ne connait pas, cela a un certain attrait, cela propage en lui une sensation plaisante. Mon nom n'a rien de petit. rectifie t-il néanmoins. C'est la seule fausse note dans ses mots, il trouve cela rabaissant et enfantin. Et comment cela se fait-il que tu me connaisses quand j'ignore tout de toi ?

Absinthe. Ce nom lui est totalement inconnu. Alors lorsqu'elle lui dévoile que c'est Faucon qui lui a parlé de lui, Narval braque ses iris glacées dans les siennes, inquisiteur, les pénétrant sans invitation ni ménagement. Son frère ne parlerait pas de lui à quelqu'un en qui il n'avait pas confiance, néanmoins pourquoi avait-il eut à lui donner son nom ? En quoi intéressait-il cette Absinthe ? Il se demande un instant si ce n'est pas l'une de ses amantes, et si … Et si son frère n'avait pas eut l'idée étrange de lui envoyer pour qu'elle lui apprenne les plaisirs de la chair. Ses yeux quittent alors les siens pour descendre sur les lignes de son visage, le quittant pour glisser cette fois sur les courbes de son corps qu'il peut apercevoir. Elle est séduisante, mais cela sera t-il assez ?
Elle ouvre de nouveau la bouche. Peut être préférerait-il qu'elle se taise, mais il reste calme et silencieux, il ne valait sans doute mieux pas commencer en l'offusquant. Il ne comprend néanmoins pas pourquoi elle parle de son père, et cela l'agace, l'irrite. Qu'est ce qu'il en a à faire de qui était son père ? Et puis la suite déferle, se heurte violemment à lui tel une vague déchaînée s'abattant sur la roche d'une falaise. Il ne cille pas, reste impassible, mais en lui cela tourbillonne. Donc non, elle n'est pas là pour lui, tout du moins, pas de la manière qu'il s'était imaginé. Il s'empresse de ramener ses yeux aux siens, plus froids encore qu'il y a quelques instants. Je suis le fils de Nyveèn, qui s'appelle désormais Mygale. la corrige t-il, une fois encore. Bailey est morte. Sueño, je n'en ai jamais entendu parlé, il n'a jamais fait parti de ma vie. Si il avait connaissance que j'étais avec Mygale, si il désirait réellement être mon père, pourquoi n'est-il pas venu me chercher ? Son ton n'est pas accusateur, toujours parfaitement placide malgré que tout ça lui tombe de nouveau dessus sans qu'il ne le désire. Je n'ai pas de père. J'ai des géniteurs différents que ce que je le pensais, mais ils ne sont pas mes parents. Il tranche, implacable quant à la place que tiennent ces dénommés Bailey et Sueño dans sa vie. Ils avaient permi son existence, mais en dehors de ça, ils n'étaient rien. Il passe sa langue sur ses dents, bouche fermée, pour se contenir et se maîtriser, ne pas se laisser déborder par ses émotions. En revanche, j'ignorai que je pouvais avoir des frères et sœurs, par leur biais. Cette perspective est étrange, il n'avait absolument pas envisagé cette possibilité et ne savait pas réellement comment y faire face. L'indifférence ? L'acceptation ? Que veux tu, Absinthe ? Ce n'était certainement pas la rencontre qu'elle avait imaginé, mais il avait toujours été seul avec Faucon et leur mère, et là il apprenait que finalement il n'était pas de leur sang, il était passé outre, mais maintenant, voilà qu'il découvrait que ces inconnus pouvaient finalement eux aussi lui offrir une … Famille ? Et Narval n'était pas encore décidé à s'il devait lui tourner le dos, ou si il devait apprendre à aimer un peu plus de personne que seulement trois.

L'annonce de la mort de son géniteur ne lui fait ni chaud ni froid, il ne bronche pas, se contente de garder ses yeux dans les siens, son visage semblant être taillé dans le marbre ne laissant transparaître aucun sentiment ni aucune émotion. Tout comme lorsqu'il avait appris le meurtre macabre et sanglant de sa génitrice. Comment est-il mort ? demande t-il malgré tout, fasciné par la mort, tout comme par la vie. Curiosité morbide.
Il détourne un instant le regard. Par regret ? Par culpabilité ? Non, il le lève légèrement vers les cieux, déjà las. Avant de les rabaisser lentement vers elle avec dédain lorsqu'elle se met à rire nerveusement, un rire dans lequel il entend aussi sa déception et sa rancoeur. Qui ne l'impactent pas, qui ne font que glisser sur sa robe neigeuse. Il attend néanmoins sa réponse, et lorsqu'elle décrète ne rien attendre de lui, il hoche légèrement la tête. Narval n'a rien à lui apporter de toute manière, comme elle n'a rien à lui apporter non plus. Mygale, Faucon, Orée. Il n'a pas besoin de plus.
Il allait se détourner, la laisser là pour retourner à ses propres préoccupations sans plus s'attarder et perdre son temps sur celle de la jument. Le ton qu'elle venait d'employer lui intimait qu'il devait en être de même pour elle. Mais les mots qui sortent de nouveau de sa bouche le laissent perplexe. Je n'en ai pas envie. tranche t-il. Cela a le mérite d'être net et précis. Il fronce les sourcils, se tourne de nouveau vers Abstinthe. Et certainement qu'ils regretteront de m'avoir connu si je venais à eux. Comme toi en cet instant.Aucune once de tristesse ne passe dans sa voix, elle reste toujours aussi contrôlée et froide. Totalement détaché de ce constat. Il l'observe de haut en bas, bas en haut. Ce qui me pousse à me demander pourquoi tu me proposes de m'emmener quelque part, ce qui te contraindras à passer du temps avec moi alors que clairement tu n'en as pas la moindre envie ? Pour ton père mort ? Il est mort, Absinthe. Fais toi plaisir à toi, au lieu de faire plaisir à quelqu'un qui n'est plus là.

Lorsqu'elle s'emporte, Narval se contente de glisser un regard condescendant dans le sien, réhaussant un sourcil autoritaire. Il encaisse son ton impérieux et ses mots irritants sans broncher, avec un flegme imperturbable. Ses yeux glissent lentement sur ses oreilles qui se plaquent contre sa nuque, n'y répliquant pas pour autant, continuant de garder cette armure de glace impénétrable. Si c'était que des conneries, cela ne devrait pas te toucher autant. Il se délecte de voir que les mots sont parfois plus percutants que les coups, même si c'est contre son propre sang qu'il s'exerce. Il contracte sa mâchoire lorsqu'il se retient de la corriger. Ce n'est pas son père à lui, simplement son géniteur. Un père, il n'en a pas eut. Et il n'en aura jamais.
Malgré toutes les réactions négatives qu'il éveille en elle, elle fait malgré tout un pas vers lui, ce qui fait glisser son regard sur son antérieur. Il étudie toujours tout, chaque réaction, chaque mouvement. Et celui ci le laisse perplexe. Pourquoi ? Pourquoi insiste t-elle ? Elle semble s'attacher à un lien qui n'existe pourtant pas. Narval remonte ses yeux jusqu'aux siens. Un lien que peut être ils pourraient créer pourtant. Pour la première fois, le doute s'insinue dans son esprit pourtant éclairé. Est-il prêt à lui faire une place dans son cœur si étriqué ? Il penche légèrement la tête sur le côté, le bleu clair de ses yeux interrogeant ceux d'un bleu plus prononcé de ceux d'Absinthe. Il commence à ouvrir la bouche, lorsque l'odeur de Faucon se faufile dans ses naseaux. Il plisse légèrement les yeux, se concentre en dilatant ses naseaux. Cela s'amplifie, et cela émane d'elle. Comme si chaque particule de sa peau gardait l'odeur si familière de son frère. Cela ne lui laisse aucun doute sur la manière dont c'est possible, de transporter ainsi intensément l'odeur d'un autre. Sa mâchoire se crispe. Sa jalousie intense, presque maladive, prend le pas sur le reste. Il redresse son encolure, détourne un instant son regard avant de le reposer dans le sien, un mur de glace s'y étant ériger. Si tu cherches quelqu'un pour te faire plaisir, retourne voir mon frère. assène t-il, implacable, sans ciller un seul instant, prêt à voir l'espoir qui était né dans les yeux de la palomino se désintégrer sous ses mots.