I want you all the days of my life

Kookaï était immobile devant l'étang. Elle regardait au loin. Le soleil commençait sa lente descente vers l'horizon, lançant des éclats orangers sur les arbres, le plan d'eau et la jument. Elle pensait à J'Adore, evidemment. Elle avait essayé de faire ce qu'il lui avait demandé, vivre heureuse et l'oublier, mais c'était impossible. Pourtant, il était partit. Oui, c'était ce que tout le monde disait. Elle devrait faire comme si de rien était, se dire qu'il ne l'aimait plus, que tout était fini. Ah, c'était vraiment trop difficile. Tenter de contredire l'amour, c'était vraiment trop difficile. La jument renacla bruyamment et donna un enorme coup de pied dans l'étang, sentant les larmes lui rouler sur les joues. Elle detestait tout, tout, sauf lui. Peut être qu'elle devrait partir elle aussi et changer de vie. Enfin, elle avait déjà essayé de le faire de nombreuses fois. Non, la vraie solution devait être la mort. La véritable mort cette fois. Elle s'ébroua et tourna le dos à l'eau, les oreilles en arrière. Oui, son nom devait disparaître à jamais. Elle renifla puérilement et essuya ses yeux sur son poitrail, ce qui failli lui valoir un torticolis.

Kookaï, après avoir ravalé toutes ses larmes et avoir réussi à retrouver une tête normale se mit en marche, lentement, très lentement. Elle posait sabot après sabot, tout en regardant ce qui restait du soleil. Il faisait froid et tout son corps fut parcouru d'un frisson. Elle avait revu J'Adore, du moins, elle avait cru que c'était lui. C'était peut être son frère, ou quelque chose comme ça. Il avait les mêmes traits et la même allure mais il était devenu noir comme sa mère. Une grenouille se mit à coasser sous la lumière orange. Le coeur de la blanche se mit soudain à faire un bon. Cette odeur... Ca ne pouvait être que lui. Elle tourna la tête dans tous les sens, comme une girouette et aperçut leur endroit. Il était en piteux état maintenant. Et pourtant le charme y était toujours. Un sourire timide s'afficha sur ses lèvres et elle s'approcha de la cabane. Elle s'arrêta devant l'entrée. Une forme noire était étalée par terre. Elle ne bougeait pas. Ce n'était pas n'importe quelle forme. C'était J'Adore. Il était mort ? Non, impossible. Kookaï tremblait comme une feuille, à cause du vent, et de la peur qui lui tranchait l'estomac. Elle était terrifiée à l'idée de savoir. D'une toute petite voix, elle lacha son nom, du plus vite qu'elle le pouvait.

« J'Adore ? »

[Stu le fait crever, je te tue ]

L'étalon transpirait enormemment sur le sol, comme s'il était malade. Pourtant, ses yeux étaient clos. Kookaï fronça les sourcils et avala nerveusement sa salive. Pourquoi il ne se réveillait pas ? Elle l'observa quelques secondes et ne put plus rester sans bouger devant lui. Elle s'allongea à côté de J'Adore, le coeur battant. Au moins, il était toujours vivant, si il pouvait suer autant. Elle posa sa tête sur son poitrail et attendit en soufflant irrégulierement, en état de choc complet. Elle se tuerait s'il ne revenait pas. Oui, elle le ferait. Enfin peut être. La dernière fois qu'elle avait essayé, ça avait loupé. Elle n'était surment pas capable de se donner la mort.

Il souriait. Il lui souriait. A elle ! Elle failli éclater de rire, se pincer pour vérifier que ce n'était pas un rêve. Il étais vivant, et il était heureux. Kookaï n'avait pas envie de comprendre. La seule chose qui lui traversa l'esprit, c'était qu'elle l'aimait. Elle repoussa ses larmes, et afficha bêtement un sourire parce qu'elle ne savait pas quoi faire d'autre. Elle redressa sa tête, et ouvrit la bouche, consciente qu'en parlant, elle allait casser toute la magie de cette scène qu'elle avait tant espérée.

« Oh, J'Adore... »

Kookaï frisonna au contact de l'étalon. Elle ferma les yeux en profitant de son odeur et de sa chaleur. Lorsqu'elle voulut se coller encore plus à lui, il se releva. Elle le suivit alors, quelques roses se décrochèrent de sa robe blanche, laissant des fins trais éclarlates. Elle s'avança à sa suite, un sourire énorme collé à son visage. Sa longue queue se balançait rapidemment, et elle trottinait derrière le noir. Elle ressemblait à une gamine tellement elle était heureuse. Et puis il y avait ce ponton. Pourquoi il l'emmenait là bas ? Elle n'aimait plus cette endroit. Elle avait peur. Elle accelera pour se tenir à côté de lui et elle cacha sa tête dans ses crins.

Elle ouvrit enfin les yeux et découvrit qu'ils n'allaient pas où elle ne voulait pas aller. Elle se mit sagement en face de lui, ses yeux dévoraient amoureusement l'étalon Elle frissonna parce qu'il ne faisait pas chaud et elle écouta toutes les belles paroles qu'il était entrain de déclamer. Elle aperçut un petit coffret en velours. Elle avait vu le même dans le magasin de Noël mais elle ne savait pas ce qu'il y avait dedans. Ce qui lui fit penser au cadeau qu'elle avait acheté pour J'Adore et qu'elle n'avait toujours pas sortit. M'enfin, elle avait autre chose de plus important à faire maintenant. Répondre.

« Oui »

Elle ne tenait plus en place. Ils étaient marriés, oui, vraiment. Pas comme avant, non, aujourd'hui, ils ne se quitteraient plus. De toutes façons, Virus n'était plus là...

Cool. Il parlait espagnol. C'était plus joli que l'anglais, plus... Romantique C'était bien. Elle fit quelques pas avec lui, tout sourire et se jetta contre lui pour l'enlacer. Nanmého. C'était son J'Adore et elle lui avait toujours pas fait de calin Trêve de plaisanteries. La blanche posa sa tête sur l'encolure du noir et ferma les yeux.

« Je t'aime »

Kookie grimpa sur le dos du noir parce qu'elle avait envie. Et puis s'il coulait et ben elle se débrouillerait pour qu'il ne coule pas. Il marchèrent quelques temps dans l'eau et puis il n'eut plus pied. Elle se laissa tomber dans l'eau et nagea à côté de l'étalon.

« J'ai un truc pour toi »

Et elle le remena sur le sable