» ( Come Back ) «

Après tant de temps passé à le rechercher, Saya croyait fermement qu'il n'était plus de ce monde et cela lui faisait mal au coeur. Son regard mouillé, trainait sur le sol, telle une jument dépressive et la bicolore se disait intérieurement que son Shuuhei adoré n'était certainement pas décédé. À cette pensé, croire que son fidèle amant serait mort, lui brisa le coeur en mille morceau et la paint s'arrêta, plongeant son regard triste vers le ciel. - Où es-tu, Shuuhei? murmura-t-elle à voix basse, très attristée et chamboulée.

La douce déesse ne voulait pas renoncer, Saya voulait le revoir, le serrer et ne plus le laisser partir. Reprenant doucement sa marche qui plus être des plus désagréable, la paint dressa la tête, observant l'horizon et espérant le voir, dès maintenant. Sa robe étant couverte de cicatrices récente, de sang séché, d'un bout d'oreille en moins et ses membres tremblants légèrement sous son poid étaient triste à voir. Son coeur ne battait que pour un seul étalon, Shuuhei et personne d'autres ne pouvait le remplacer, car elle y était destinée.

La bicolore pointa les oreilles vers l'avant, fixant droit devant elle, une silhouète masculine marchait et son coeur se mit subitement à battre rapidement. Continuant doucement, elle l'entendit, cet hennissement si particulier, si familier et c'est dans un élant, qu'elle s'élança vers lui. La jument boitait un peu, mais le revoir, pouvoir sentir sa chaleureuse et se coller à lui comme avant, c'était la seule chose qui pouvait la rendre joyeuse.

Les crins au vent, son sourire resplendissant apparaissant sur son visage de jeune jument amoureuse ne pouvait que mieux se voir. Arrivant devant lui, elle souffla et se jeta contre lui, le serrant si fort au poitrail, les larmes glissant sur sa fine joue. - Shuuhei. souffla-t-elle, si joyeuse et radieuse. Saya n'avait pas changée, elle était devenue plus belle, brillante et si étincelante. Son corps lui faisait mal, mais elle endurait avec tout l'amour et la joie qu'elle portait en elle pour l'étalon bai. Son regard se posa sur le mâle, si brillant. - Où étais-tu? Tu m'as... tellement manqué. Déclara-t-elle, pleurant à chaude larme, incapable de les retenir davantage.

Shuuhei réalisait à peine ce qui se passait. Il la voyait s'avancer, ses tâches ébènes constrastant d'une manière surréaliste avec ses taches blanches, pures. Mais dieu seul sait combien il en existe, de juments pies. Ça pouvait être n'importe qui. Encore son fantasme incontrôlable qui le faisait halluciner pour apaiser sa souffrance.

Lorsqu'il fixait un point de cette manière, Tara savait ce que cela signifiait. Elle devait l'empêcher de regarder le vide ainsi, avant que celui-ci ne s'empart de son coeur. « Que vois-tu, Shuuhei? » Dans ces moments, il ne voulait pas lui répondre, il avait honte. L'alezane devinait pourtant toujours ses pensés. « Elle est morte. Tu ne la reverras plus jamais. Tu dois t'y faire. » Et la vérité frappait, comme à chaque fois, tel un véritable coup de poignard.

Mais cette fois-ci, c'était réel. Saya était bel et bien en face de lui. Cette odeur, cette sensation, cette chaleur, ce contact... Tout ça l'empêchait de douter. Il se permit donc de se laisser bercer par la douceur du moment, les yeux entrefermés. « Je suis désolé... murmura-t-il. Tu le sais, que je t'aime... Tu le sais, hum? »

Son cœur s'emballa au contact du mâle, si près et si précieux. Saya sourit, comme un ange rayonnant à Shuuhei qui était devant elle. La bicolore n'y croyait pas, dans sa tête, elle se disait toujours qu'elle ne le reverrait plus jamais, mais son amour se tenait là, juste sous ses yeux si éblouissant. - Je te pardonne. dit-elle instantanément et sans hésitation. Maintenant qu'il était juste là, face à elle, les pensées qu'il pourrait être mort s'envolèrent brusquement. Son sourire si radieux fit alors surface sur ses fines lèvres. Saya lui appartenait, à lui seul, la bicolore était sa déesse.

Le corps de la belle jument était si démolis, comme si on avait prit un fou amusement de la faire souffrir et saigner. La paint posa sa tête sur le coeur du mâle bai, pour sentir sa respiration régulière. Elle savait maintenant que ce n'était pas une hallucination et la bicolore s'en réjouissa. La déesse se recula lentement et laissa une perle glisser le long de sa joue. - Oui, je le sais et j'en ai la preuve, car tu es là, devant moi. murmura-t-elle, souriante comme jamais.

Shuuhei resta longtemps silencieux. Il avait besoin de temps pour tout remettre en place les évènements qui étaient survenus dans les derniers mois. Ça n'avait pas été facile, autant pour lui que pour Saya, mais désormais, ils pouvaient se dire que le pire était derrière. Reprendre leur releation où ils l'avaient laissée. Et puis, ils avaient tant de choses à se dire.

Le mâle recula d'un pas et contempla sa Saya. Ses yeux brillaient de bonheur, mais elle était physiquement dans un sale état. Son regard inquisiteur balaya lentement sa robe pour examiner de plus prêt les dégats et il se sentit bientôt très gêné. Non pas que le corps de son amour l'eut repoussé, mais un immense sentiment de culpabilité venait de remonter à la surface. Elle n'aurait pas du avoir ces blessures. Il aurait dû la protéger. « Je regrette d'être parti sans t'avoir avertis, Saya, s'affola-t-il alors. Mais je... Il était préférable que tu ne me vois pas dans cet état » enchaîna-t-il après un soupir, sur un ton plus doux cette fois.

La paint l'observa, le regard si triste. Elle s'en approcha, colla son museau contre le sien et ferma les yeux. - Je sais. Au fond de moi, c'était identique à toi. Il m'est arrivé beaucoup de chose et maintenant, je regrette. Souffla-t-elle en posant ses douces prunelles dans les siennes. Shuuhei avait bien changé, mais il avait resté le même depuis, un étalon digne et doux. La bicolore sourit tendrement et l'observa d'un regard si attendris. - Comment te sens-tu? As-tu eu de la misère, là où tu étais? Quand tu es partis, je n'ai cessé de penser à toi, mes pensées étaient toutes dirigées vers toi. Dit-elle sérieusement. Son regard se posa alors sur le ciel bleu, éclairé par le doux soleil. Sa robe cicatrisée, son regard plus doux et plus fin, ses membres tremblants de joie et cette envie de ne plus être séparé de lui était plus fort que jamais. Saya s'approcha lentement du bai, posant délicatement son chanfrein contre le sien, fermant avec lenteur ses yeux purs. - Ne me quitte plus jamais, s'en toi... Je serais morte à l'heure actuel. Avoua-t-elle, tremblante et très sérieuse à la fois.

Le sol était revêtu d'un blanc pur et frois, quelques flocons se mirent à tomber du ciel et venant se poser sur leur corps si magnifique. La paint souriait, elle était si heureuse, l'espoir de le retrouver était comblé et cela Saya en était plus que ravie. Son coeur battait si vite, son amour pour le bai avait grandis au fur et à mesure de leur séparation, devenant plus puissant et inséparable. - Je ne veux vivre que pour toi. Déclara-t-elle, ayant toujours le chanfrein collé contre celui de Shuuhei et les yeux fermés.

Le mâle recula la tête et chercha longuement le regard mouillé de Saya. Lui, il était passé par dessus. Sinon il n'aurait pas pris le risque de revenir. Tara ne l'aurait pas laissé faire, de toute façon.

Cette impression, celle de ne plus pouvoir respirer, était terrifiante, mais ça ne suffisait pas à calmer l'étalon, qui continuait de s'acharner sur sa cible pendant de longues minutes encore. Lorsque ses membres finirent par s'écrouler sous son poids, il était complètement en nage. Tara venait d'arriver visiblement furieuse. « Qu'est-ce que tu fais encore? On te chercher depuis des heures! » hurla la rousse, hors d'elle. Elle eut bien vite sa réponse en remarquant l'écorce salement abimée de arbres et les membres ensanglantés du bai, particulièrement sa plaie béante sur l'antérieur droit. Elle mettrait du temps à cicatriser, mais Shuuhei le savait. Il savait que ça le ferait souffrir. Celui-ci lui répondit d'ailleurs par un sourire insolent, toujours aussi halletant. « Ça te fait rire, en plus!? » clama la jument, qui s'efforçait pour ne pas céder et frapper l'étalon. Le jeunôt ferma les yeux quelques secondes, avant de les réouvrir. « Ouais...! opina-t-il avant de marquer une pause pour retrouver son souffle. Cette douleur... Elle est différente de l'autre. Elle me soulage. » Tara garda le silence, après quoi elle ramena le petit mâle vers le troupeau. Autant spécifié que celui-ci s'était débattu avec une sauvagerie stupéfiante, en vain, qui, bien que nouvelle, n'avait pas surpris l'alezane.

À ce souvenir, Shuuhei recula discrètement son antérieur. Tara s'était montré très patiente avec lui et il la remercia intérieurement. « Saya... » murmura-t-il. Il fit un pas en arrière pour croiser ses yeux, le regard farouche. « Ca va aller. Je t'en ferai un autre, un poulain. »

La jument secoua la tête, fermant durement la tête. - Tu n'es pas agaçé de m'entendre pleurer toujours? Je suis si faible, tu ne mérites pas de jument aussi faible que moi. Déclara-t-elle subitement, sérieuse. Son regard était si désemparé et en posant ses prunelles sur l'antérieur qu'il avait fait exprès de reculer, la bicolore se figea, terrifiée et honteuse. Saya se mit doucement à reculer, secouant longuement sa tête, c'était sa faute tout cela. Il avait une cicatrice qui prenait du temps à guérir, était-ce Yuki la raison? La paint ne bougea plus, le souffle rapide et le regard vidé de tout sentiment. - C'est... ma faute, Shuuhei. Avoua-t-elle à voix basse, si consternée et confuse. Un coup de vent retentit à ce moment, laissant l'odeur et les crins de la belle déesse s'envoler.

Saya se mit à paniquer. - Non, je vais juste te faire souffrir plus si nous en avons un de plus. S'il lui arrivait quelque chose? Demanda-t-elle, reprenant un peu de la réalité. La belle jument s'approcha du mâle, elle avait besoin de son amour, de sa chaleur et de sa confiance. La paint avait juste besoin de lui. La bicolore avait passé tout de même au travers, mais elle croyait que tout ce qui était arrivé était de sa faute et non celle de Shuuhei, son amour. - Shuuhei. C'est ma faute, je n'ai pas pu empêcher rien. J'aurais dû mourir quand je sombrais. Gémit-elle en tombant sur les genoux, impuissante, pleurant grandement. C'était un moment des plus stressant, mais savoir que son amant était là, la rassurait, mais la culpabilité y restait toujours.

Les autres chevaux avaient peut-être été là pour l'aider, mais celui qu'elle avait besoin le plus était le seul et l'unique, Shuuhei, sa vie, son amour.