× Parfois ...

Dune, elle, n'appréciait pas les orages. Effrayants, meurtriers ... mais elle adorait les regarder. C'était superbe, ces fissures lumineuses dans le ciel, comme une force supérieure. Comme si la Terre s'énervait. L'alezane marchait lentement sous la pluie battante et glacée, car elle ne ressentait pas encore le froid. Au loin, une silhouette, ou un mirage peut être, semblait lutter contre les intempéries lui aussi. De toute façon, la rousse marchait dans cette direction.

Au bout de quelques instants, quelques minutes peut être, Dune rejoignit l'étalon. Apparemment, il ne l'avait pas vue arriver et n'avait pas senti son odeur. C'est donc prudemment qu'elle le contourna jusqu'à se trouver en face de lui. Un mince sourire aux lèvres, le regard vif et joyeux, Dune regarda l'inconnu, puis reporta son attention sur le ciel : un éclair venait d'éclater, comme en une multitude de rayures.

Quand les éclairs se calmèrent pour laisser place à une tempête, Dune réalisa qu'elle avait froid. Plus rien ne l'amusait à rester dehors sous la pluie battante et comme giflée par les rafales de vent. Elle se tourna vers l'inconnu, et tenta, en vain, de lui parler normalement. Mais même s'ils étaient proches, sa voix était plus faible que l'orage et les bourrasques de vent. Elle finit par crier, d'un ton tout de même chaleureux :
_ Vous ne voulez pas vous mettre à l'abri ?

Dune s'ébroua, comme pour se réchauffer, puis elle parcourut les alentours de son regard si vivant. Malheureusement, avec la brume et la pluie, sa vue était un peu brouillée, et elle ne trouva pas d'abri. Elle lança un regard un peu inquiet vers l'inconnu, espérant que lui, il ait trouvé. Elle se mit à marcher au hasard, tout droit.

Bizarrement, Dune ne se méfia pas de l'inconnu et le suivait avec confiance. Il aurait très bien pu être n'importe qui, de bien comme de mal. Et puis, il n'avait encore prononcé aucune parole. Mais dans la tempête, elle ne pouvait pas hésiter, et s'il allait quelque part à l'abri, elle le suivrait.
Ainsi, elle aperçut au bout de quelques minutes une espèce de grotte, et elle se faufila rapidement à l'intérieur.

Dune oublia pendant un instant la présence de l'inconnu. Elle se réfugia simplement contre une dalle froide de la grotte, assez imprudente pour ne pas vérifier si l'abri était habité ou non. Mais le mâle n'avait pas l'air de s'inquiéter, il n'y avait donc rien à craindre. Un peu en retrait, elle pouvait à la fois observer l'étalon et la tempête à l'extérieur. Qui, d'ailleurs, ne faiblissait pas.

Dune, qui entendait pour la première fois la voix de l'étalon, fut un peu surprise. Et elle remarqua qu'elle ne tremblait plus. Elle ne se demanda pas comment il avait fait pour savoir qu'elle avait froid ; il suffisait d'observation.
_ Encore un peu, mais ça va beaucoup mieux, merci.