« I still miss someone »

Elle avait à pas lent, le museau frôlant doucement le sol, les membres tremblants avec impulsivité. Elle avait échappé une fois de plus à la mort, et cette simple pensée avait le même effet sur qu'elle que les pieux dans les mains du Christ. Son regard d'encre fixait une ligne imaginaire droit devant elle, complètement silencieuse, dans son monde ...

Bientôt, une forte brise vint pousser ses longs crins bleutés, se logeant par la suite au creux de son encolure musclée pour finalement terminer sa route contre le chanfrein de la Défunte. Owned ne remarqua pas l'étalon. Peut-être parce que la direction du vent ne lui était pas favorable, ou bien parce qu'elle n'en avait rien à faire qu'une présence soit non loin d'elle. Son regard d'encre fini par remonter le long du petit sentier qu'elle avait emprunté, pour finalement se poser sur l'arbre creux à quelques centaines de mètres de là. C'est à ce moment là qu'elle remarqua la silhouette d'un noir parfait de l'étalon, là, au loin. S'arrêtant à ce moment, la femelle dressa lentement la tête, bien visible et immobile. Une démarcation nuageuse 'séparait' les deux équidés. D'un côté ; Owned et quelques rayons de soleil curieux. De l'autre ; Paros, apportant avec lui cette fougueuse tempête ...

De son côté, elle n'eut pas besoin de sentir son odeur pour le reconnaître. Plus il avançait, plus elle reconnaissait ses traits purement masculins et fermes. De petites cicatrices s'étaient refermées sur son corps, tandis qu'une grosse avait prit place sur ses flancs (si je ne me trompe pas xD). L'étalon ne semblait plus aussi en forme que la dernière fois qu'elle l'avait vu. Du moins, aujourd'hui il semblait blessé.
« Paros. » Articula-t-elle alors finalement en laissant ses grandes prunelles vitreuses posées sur lui, immobile. Un mot simple et rapide, elle ne croyait pas avoir besoin d'en dire plus.

Une flamme farouche dans son regard ? S'il avait un jour été capable d'en discerner une dans ses grandes prunelles vides d'émotions, ce devait alors être une banale erreur de sa part.
« Non. » Se contenta-t-elle de répondre d'un ton si naturel qu'il en devenait déstabilisant. À quel moment aurait-elle pu répondre affirmativement à cette question ? Jamais depuis sa plus triste naissance elle n'avait eu le droit de dire qu'elle allait bien, ou encore moins qu'elle était heureuse. Pourquoi est-ce que ça changerait aujourd'hui ?
« Tu étais où ? » Demanda-t-elle finalement en dilatant légèrement les naseaux, désirant aussitôt changer de sujet.

( )