Amour, amour ou te cache tu ?

Ses naseaux remontèrent de la naissance de sa queue, le long de son épine dorsale, son garrot, et enfin son encolure et ses naseaux. Paroles, paroles paroles.. parfois, seul le silence suffit. DE nouveau côte à côte, Amiral la fit taire doucement. Quelle pipelette ! Le silence, parfois, parlait mieux pour eux. Il n'y avait plus rien à redire, Amiral la prenait sous son aile, dans son cœur. Qu'il avait-il de plus à rajouter ? Rien. il étaient ensemble c'était pour le mieux. Pourquoi s'embarrasser de paroles, quand les cœurs et les gestes démontrent si facilement ?

Il n'y a plus rien à redire, Princesse. Tout est clair, comme le ciel de cette nuit étoilée.

Amiral regardait le ciel, un instant, avant de redescendre sa tête vers elle en la regardant. La lune donnait à leur rencontre une sensation si poétique, si intemporelle, que l'on les aurait cru seuls dans leur monde, seuls, dans leur bulle, seuls, mais ensembles...
Le Prince Noir prenait les choses en main. se reculant, il fit de nombreuses volte, au trot, en levant haut les membre, élégant, l'encolure en cygne. Ses longs crins ondulaient au rythme de ses membres, sa robe luisante brillait de milles feux aux lueurs de la lune. Il se rapprochait doucement, paradant comme le voulaient les plus ancestrales coutumes. Il se montrait gentlemen et séducteur, mais avant tout, gentlemen et noble. Digne et plein d'honneur.
Après cette danse irréelle, Amiral se rapprochait de sa douce, laissant glisser ses naseaux sur sa douce robe de neige, humain son parfum fruité, avec respect et dignité.

Le silence se faisait dans la Clairière Cotonneuse. Les deux équidés s'adonnaient à une danse nuptiale des plus élégante, sensuelle et pleine de charme. Amiral, à présent arrêté, regardait la blanche tournoyer avec élégance autour de lui, paradant avec charme comme lors de leur rencontre. Cette manière de faire n'était pas salace ni déplacée non, elle répondait à d'ancestrales code de séduction, où chacun par une danse, que l'on pourrait qualifier ainsi, devait s'adonner à l'autre l'amour qu'il lui porte, l'attention donnée à l'autre. Et Follya l'exécutait de manière délicieuse.
Amiral n'avait fait que relancer les avances de la demoiselle, perdues quelques temps auparavant, lorsque cette dernière fut... déstabilisée par le rang du Prince. Mais fi de cela, les deux s'accordaient en un regard langoureux d'un avenir prometteur.
Tournant la tête pour suivre de son regard de jais, la blanche jument, Amiral gardait les esprits clairs. Lorsque la demoiselle offrit son plus précieux présent, le frison se montra doux, délicat, respectueux.
L'entier tendit l'encolure afin de humer ses flancs, ronflant des naseaux. il remonta ainsi jusqu'à la naissance de sa queue, afin de s'assurer de son consentement.
Le Prince se dressa sur ses postérieurs et se déposa avec légèreté sur son dos, pour effectuer ce pour quoi Dame Nature l'eut créée.
La chose ainsi faite, il redescendit doucement, dans un chuintement cotonneux.

Mais comment aurait-il pu l'abandonner là après un acte d'amour charnel ? Ce n'était pas n'importe quel étalon sans éducation. Le Prince lui lécha tendrement la base de la queue, avant qu'elle ne s'en aille. Il la regarda simplement faire, honorable et droit.
L'entier n'avait pas à partir, car sa ronde s'était terminée sur cette Clairière Cotonneuse, toutefois, il fit quand même un tour, pour s'assurer que leur tendre nuit ne serait pas dérangée par un quelconque danger ou problème.
De sa carrure massive, les petits êtres se taisaient à son approche, non par crainte mais par respect. Dans cette douce nuit étoilée, seuls les grillons chantaient leur chant répétitif.
Le grand Diamant s'en revint vers sa tendre, dans une démarche noble et royale. Ce n'était pas par vanité, mais il avait été éduqué ainsi, dans la droiture, l'honneur et les valeur qu'il sied à avoir pour un étalon de son rang.
Le Prince, après un dernier coup d'œil, alla brouter paisiblement à coté d'elle. Il veillerai sur sa nuit, comme il le ferait pour autrui.

Et Amiral passa sa nuit ainsi, à brouter paisiblement, les quelques brins d'herbe grasse qui jonchaient le sol, entre ses étranges, mais si douces fleurs. A plusieurs reprise, il avait brusquement levé la tête, attiré par un bruit, un mouvement suspect, mais, ce n'était là que prévention.
Le Prince veillait sur la future mère endormie près de lui. C'était son rôle, son devoir.
A plusieurs reprise, il bailla doucement, et s'endormit deux petites heures dans le plus sombre de la nuit. L'entier ne dormais guère beaucoup, mais cela faisait des années que c'était ainsi. Et il ne s'en portait pas plus mal. Après ces heures de sommeil, il se relevât, en silence, pour paitre à nouveau.
Le jour commençait à pointer le bout de son nez, l'air était plutôt frais, et la rosée recouvrait la nature, ainsi que le dos du mâle.
Amiral, à plusieurs reprise, jetait des petits coup d'œil sur la blanche, endormie.

Il est vrai qu'il y avait un petit changement. Dame Nature faisait son œuvre à présent. Amiral sourit doucement en coin lorsqu'il sentit sa langue tiède passer sur ses naseaux duveteux. Lui, généralement pas très démonstratif, souffla de l'air chaud sur ses naseaux rondelets et blancs.
Le Prince ne releva pas sa remarque quand à son temps passé à brouter. Après tout, ce n'était que naturel... les chevaux passent le trois quart de leur temps à manger, cette nuit, il lui fallut bien s'occuper, ne pouvait quitter son poste de veilleur de nuit.

J'ai, en effet, des choses à régler avant les levés du troupeau.
Allez donc prendre soin de vous.

Gentlemen, il n'allait pas partir avant elle. Ce serai lui tourner le dos, et signifier une quelconque abandon. Et ne lui avait-il pas souligné, même silencieusement qu'il serait là. Eh bien. Oui, il le serait.