Amour, amour, part et ne revient plus | Miu

Kishin ne se montrait plus. Aura-t-elle simplement l'occasion de le revoir avec que la guerre n'éclate ? Elle ne voulait pas qu'il lui arrive du mal mais il l'avait dit lui même ; c'est le jour où le glas sonnera pour lui. Non, elle ne laisserait pas cela arriver. Agacée de toutes ces désillusions, elle resta au milieu de l'enclos, figée.

Miu secoua doucement la tête. C'était douloureux de ne pas savoir mais que pouvait-elle faire de plus ? Elle ne voulait pas risquer de se rendre sur la Banquise. La dernière fois, elle avait faillit y perdre la vie. Fatiguée, ignorant toutes les odeurs sucrées qui l'entourait, elle ploya les genoux pour s'allonger et se roula sur le dos, le yeux scrutant le ciel.

Elle aurait pu l'ignorer totalement, sans vraiment le vouloir. Son esprit était simplement loin d'ici. Mais le bruit doux de l'herbe qui se tasse sous la marche d'un autre cheval la refit descendre sur terre. Profondément, la rousse inspira. Cette odeur, elle la connaissait. Il y a longtemps de cela, alors qu'elle redécouvrait juste Galop Sauvage après son retour, elle avait fait la connaissance du dominant de la Jungle dans les bains thermaux. Elle se releva et, plus loin, vit en effet Topaze se régalant de quelques pommes mûres ; "Topaze ?" Souffla-t-elle, assez heureuse de revoir un visage connu.

Elle cru d'abord qu'il n'allait pas la remettre, ce qui aurait été compréhensible ; leur rencontre avait été brève et remontait maintenant à loin. C'est dommage, Topaze avait l'air d'être une personne tout à fait charmante. Chaque retrouvaille faisait monter en elle une joie grâce à laquelle elle oubliait généralement ses problèmes. "Je m'porte bien...beaucoup mieux que lors de notre dernière rencontre. Tout va bien pour toi aussi ?"

"Oh parfait, j'suis heureuse de l'entendre." Et elle espérait pouvoir l'entendre dans la bouche de plus en plus de monde. Que les tensions puissent enfin cesser, que ses douleurs ne soient plus que de lointains chagrins. Des poussières d'une vie passée..."L'hiver s'ra beau cette année, j'connais pas la neige, j'ai vraiment hâte." Un sujet léger, pour changer, elle ne voulait pas mettre ses problèmes dans la discussion, autant parler de la météo...

De jouer ? Elle avait hâte à l'avance. La rousse se demandait comment cela pouvait être lorsque le paysage devenait blanc. Plus de vert chatoyant, plus sable jaune, plus de fleur...que de la blancheur. Elle en avait eut un aperçu lors de sa dernière visite sur le territoire de Kishin mais tout n'était que glace, jamais de neige. " La poudreuse existe-t-elle sur la Banquise ? J'ai l'impression qu'il y fait tellement froid que...tout devient dur comme d'la roche. C'est presque triste à voir..."

"Ce doit être fascinant...et à vrai dire, j'ai du mal à y croire." Et voilà que son regard se fit plus éveillé, plus vif. Elle verrait la neige ! Elle se sentait comme une enfant...et elle voulait aussi pouvoir partager ces instants de joie avec un être qui serait de son sang et de sa chair. De plus en plus, son instinct maternel l'animait. Ses amies, Semphora ou Max'Belle étaient d'heureuses mères. Un jour, ce sera son tour. Depuis quelques semaines elle se sentait...différente, légèrement ballonnée et avait un appétit décuplé. A vrai dire, elle rayonnait même si, dans sa tête, tout n'était pas aussi rose.

Parler de la neige avec lui. Une discussion banale, sans qu'ils ne parlent de sang ou de mort. Y en a marre de tout cela. Miu, sans le vouloir, remarque les cicatrices sur son corps crème. Lui, il était le meneur de l'affrontement...ses soldats lui étaient totalement dévoués. Certains sont morts en héros, pour leurs prochains. Ce n'était pas le cas de la roussette, non, elle préférait croire qu'elle n'avait été qu'une lâche. C'est ce qui la rapprochait plus de la réalité. Sa peau aussi était lardée de biens des coups de sabots. Mais l'événement majeur de cette guerre éclatera aux yeux du monde dans onze mois. "Ce sera fantastique, j'en suis sûre..." Soudain, elle fut prise d'un vertige qui la fit tituber. Secouant la tête, elle se redressa. Elle devait prendre des forces sinon, les choses pourraient mal tourner.