Chez soi. (J)

Et cette nuit-là, c'était Evana qui se promenait tranquillement, ses yeux rêveurs suivant avec curiosité les lumières volantes. Elle s'amusa à les suivre, et un peu plus loin, aperçu alors un étalon aussi blanc que la neige. Il semblait rayonner dans la nuit noire.

Amusée par ce que faisait l'étalon, Evana s'approcha, de sa démarche gracieuse et silencieuse. Elle se posta non loin de l'étalon, en face de lui, restant muette pour contempler la petite bête qui n'avait pas bougé. Avec un sourire, elle souffla sur la luciole qui s'envola alors droit sur l'étalon. Eva releva les yeux, un sourire aux lèvres.

Evana laissa un petit rire cristallin s'échapper dans le silence de la nuit, seulement troubler par le vent dans les branches. Le silence retomba, et elle releva son regard étrangement brillant et pétillant, croisant ainsi celui de l'étalon. Sa voix douce s'éleva doucement :
« - J'espère que je ne vous dérange pas. »

C'en était de même pour Evana. A trop rester seul, on oublie le bonheur de la compagnie ; et Eva ne voulait pour rien au monde que cela lui arrive. Elle aimait le contact avec les autres, elle aimait l'amitié. Même si l'amour était d'une autre dimension, elle aimait rencontrer de nouvelles personnes. Et puis, une rencontre avec un inconnu, en plein milieu de la nuit, entourés de petites étoiles qui volaient autour d'eux, c'était quand même original.
Elle sourit aussi, naturelle.
« - Tant mieux, alors. Comment vous appelez-vous ? »

Java. Un nom original. Elle regarda la lune.
« - Evana. Mais on m'appelle Eva, généralement. Enchantée, Java. »
Elle lâcha le regard tenace de l'astre lunaire, qui les regardait, rieuse, et posa ses yeux pétillants de malice sur l'étalon blanc.

« - Merci. »
Répondit-elle, flattée. Elle secoua sa crinière grise, et, plutôt que de partir dans d'inutiles banalités, elle garda le silence, observant tantôt le mâle, tantôt la nuit et ses étoiles volantes.

La jument continuait de suivre des yeux les lucioles. Quand soudain, ses yeux brillants se posèrent sur deux lucioles qui ne bougeaient point. Immobile, un peu plus loin dans les buissons. Elle sourit. Mais très vite, son sourire s'effaça. Elle réalisait, peu à peu que son esprit se rendait compte que ces lucioles n'en étaient pas. Mais deux prunelles jaunes la fixaient, là-bas.