Chez soi. (J)

Invité

~ Ne soit pas ce que tu n'es pas, princesse.

Le blanc lui lança un regard compréhensif, ne tentant même pas d'en savoir plus qu'elle ne le disait. Son frère? Vango? Le monde était fait d'une façon étrangement petite.

~ Vango? Eh bien, le monde est petit.

Il échappa un léger rire, repensant à se frère qu'il avait retrouvé depuis peu.

Elle frémit en l'entendant l'appeler princesse. Et se surprit à sourire. Elle secoua sa tête, amusée par sa propre réaction.
« - Oui, Vango. J'ai d'ailleurs l'impression de mieux vous connaître l'un l'autre que vous ne vous connaissez entre vous. »

Invité

Il retint un rire intérieur, souriant.

~ C'est très possible. J'ai malgré tout une certaine, comment dire... Admiration, envers lui. Mes parents m'en parlaient tellement quand j'étais tout jeune, que, finalement, il est devenu pour le poulain que j'étais un espèce de "héros fantôme". Le rencontrer m'as fait un choc, mais, je ne souhaites pas m'imposer dans sa vie, donc, je laisse couler. La patience viendra à point.

Le blanc eut un léger rayon d'espoir qui passa dans ses yeux noisette, avant de reposer son attention sur Evana. Il était curieux, oui, il ne connaissant pas la gêne, il lâcha, l'air de rien ;

~ Et toi, comment le vois-tu?

Elle l'écouta avec attention. C'était drôle de savoir comment l'un voyait l'autre, séparément. Elle sourit, le laissant finir.
« - Eh bien, c'est un étalon qui te ressemble beaucoup je trouve. Il est peut-être un poil plus caractériel et susceptible, mais aussi calme, doux et franc que toi. »

Invité

Il ne sembla pas du tout offusqué, au contraire, même.

~ Oui, le caractère... Comparé à tout les étalons je suis plutôt le genre à rester dans ma bulle et apprécier les petites choses. Pas que lui non, j'en sais rien, mais sa façon d'être que j'ai pu voir me dit plutôt qu'il n'est pas comme ça.

Le blanc leva la tête, puis se leva carrément sur ses deux postérieurs, tentant de rejoindre, sans succès, une luciole avec ses naseaux.

« - Oui, je ne pense pas qu'il soit comme ça non plus. »
Elle observa la luciole, avec un sourire.
« - Il est plus attaché à la réalité des choses. »

Invité

Il se reposa calmement au sol, avec douceur. Le blanc huma l'air, s'avançant vers un ruisseau illuminé presque en entier par les lucioles.

~ C'est un fait, semblerait-il.

Le vagabond se servit quelques gorgées, avant de se tourner vers la grise, de nouveau, la regardant avancer. Encore une remarque qui allait sans doute lui valoir un sacré froid, mais comme il ne craignait pas vraiment ;

~ Tu es belle, tu sais.

Il n'y avait étrangement aucun sous entendu dans ses mots. Pas de tentative de charme et séductions, ni rien de tout ça. Une simple remarque sincère.

Pensive, elle le suivit jusqu'au ruisseau, laissant ses pensées s'égarer pendant qu'il buvait. Elle repensait à ses paroles. « Ne sois pas ce que tu n'es pas, princesse. » Etait-elle donc quelqu'un qui n'était pas elle ? Cela la laissait perplexe. La voix de l'étalon la sortit brutalement de ses pensées. Ses mots l'ébranlèrent de nouveau. Elle le regarda, toujours avec ce doux sourire aux lèvres. Elle murmura alors, simplement :
« - Tu es désarmant. Merci, j'apprécie le compliment. »
Parce que justement c'était sincère. Sans aucun sous-entendu. Pour Eva, seule la franchise comptait. Elle fit quelques pas vers lui.
« - On t'a déjà dit à quoi tu ressemblais, là, dans la nuit noire, entouré de lucioles ? »
Elle aussi sa voix était sans charme. Juste une sincérité poignante.

Invité

Il garda son sourire, calme. Il parut prendre le temps de réfléchir à la question posée par la jument, avant de répondre ;

~ Non, mais surement à un cheval.

Le blanc disait par là qu'il n'était pas différent des autres. Il se voyait relativement au même niveau que tous et chacun.

Elle rit doucement, laissant son rire résonner dans le silence de la nuit.
« - Mais là, dans ta robe blanche en pleine nuit, on dirait un ange. »
Pas de charme non plus chez elle. Pas de besoin d'impression, de flatter.
Non. Dans sa bouche, tout était sincère.

Invité

Il garda son air calme et sincère, observant son reflet dans l'eau sans aucune vanité. C'était à croire que le vice ne touchait pas Java, d'aucune façon que ce soit.

~ Alors si je suis l'ange, tu es la déesse.

Toujours cette absence de sous-entendus.

Elle aussi s'approcha de la rive pour se regarder dans l'eau. Rien ne venait troubler son regard neutre.
« - Mais si je suis déesse, j'invoque le sort pour me rendre mortelle. »
Un sourire éclaire ses paroles.

Invité

D'une optique plus sombre, involontairement, le blanc continua ;

~ Étant dépourvut de toute magie, je n'ai de solution que de me couper les ailes, car voler par dessus tous n'est pas dans mes idéaux. Le monde dont je rêve est un monde d'égalité, un monde où tous sont égaux, sans supériorité ou infériorité. Ce monde est dans ma tête ce qu'un ami imaginaire est à un poulain, un monde si près mais si intouchable. Quand certains rêvent de voler, parmi les nuages et les oiseaux, je rêve de marcher en un lieu lavé de tout péchés, sans la moindre méchanceté, un monde tout droit sortit des songes d'un gamin, mais on sait tous au font que mieux vaut vivre ses rêves plutôt que de rêver sa vie. Je rêves d'un monde sans barreaux ni frontière, où seules les mers et les montagnes imposent leurs puissantes limites. Je vis dans un monde parallèle, embellit faussement de par ces pensées plus ou moins déroutantes. Un monde sans vrai ni faux, un monde où quelques un passent avant de partir. Une dure réalité qui n'est que rêvée. Au fond, qui pourra dire ce qu'est vraiment le monde, sans trop juger dans la différence des uns et des autres. Chacun son monde, chacun sa vie. Tous réunis dans une danse où la mort sera la seule et ultime délivrance, ennemie ou amie, peur ou compréhension, chacun la perçoit à sa façon, bien au mauvaise, qui saurait réellement...

Il finit par se terre, fixant encore le ciel. Oui, parfois il se laissait un peu emporter dans ses mots, du moins, disait ce qu'il pensait.

Elle l'avait écouté. Sans le regarder. Ses yeux fixés dans ceux de son reflet. Ses traits s'étaient durcis, ce parce qu'elle était extrêmement pensive. Quand il eut finit, c'est elle qui se laissa porter par les mots.
« - Alors nous vivons dans le même monde. Dans ce monde où les frontières n'existent pas, dans ce monde où tout est beau. C'est un monde qui n'existe pas. Un monde que nous nous sommes inventés. C'est peut-être là que nous nous sommes trouvés, pour si bien nous comprendre l'un et l'autre. C'est à cause de ce monde que je suis incapable peut-être, de voir chez certaines personnes, les vices qui les animent. Je me plais à voir seulement la gentillesse. Je me plais à sublimer tout et rien. »
Elle se tut, elle aussi.

Invité

~ Alors vivons en ce monde tels deux naïfs sans soucis, sans peine ni noirs silences. Guidés par le temps, aidés par le vent. Planons sous l'ombre du désir souillé. Irons ailleurs ceux qui dans toutes leurs idées ne veulent rien savoir. L'esprit vide, sans ombres, sans divinité, sans croyance autre que soi-même. Vivons la vie plutôt que de la contourner, dans notre monde, car le vrai fait peur, emplit de cette tristesse omniprésente.

Il semblait de pas vouloir lâcher la lune du regard, le ciel vide de tout nuage ne faisait brièvement sourire.

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