Une nuit sans étoiles... B

La jument laissa couler une larme, qui roula le long de sa joue et s'écrasa sur le sol. Quelle vie de merde, tout de même. Rodéo est parti, et le seul fils qu'elle a, Leith, est passé du côté sombre, celui qui fait le mal pour le plaisir. Elle devenait moitié misanthrope, à rester dans son coin, tout en haïssant intérieurement ceux qui passaient sous ses naseaux. La blanche s'ébroua, ayant décidé de se bouger l'arrière-train, pour profiter de la vie, après ce petit passage assez brusque. Elle se promit d'oublier son ancien compagnon avec difficulté. Elle leva les yeux vers le ciel, observant un moment celui-ci, avant de renâcler sans raison apparente. Au trot, elle s'approcha des ruines à pas ' feutrés ', tout en gardant son regard sur l'horizon. Elle freina alors, trouvant à ses sabots un étalon brun. Elle n'aurait pas eu cette impression de déjà vu, elle serait partie, mais elle posa son regard blessé, triste, sur l'équidé à terre.

‹ si, il me semble ... › elle se torturait les méninges, se forçant à poser un nom sur ce visage si familier. ‹ je suis désolée ... je me souviens plus de votre nom. › elle baissa les yeux, comme gênée. Elle fit quelques pas en arrière, fouettant doucement ses flancs tachetés de sa queue claire. Elle ne savait pas quoi dire, et elle sentait ses joues s'empourprer par timidité. Elle en oublia ses chaleurs, et releva la tête, le fixant à nouveau, avec son petit regard naïf et perdu.

Elle plissa les yeux. « ah, oui, en effet. » elle prit une bouffée d'air particulièrement grosse, pour se calmer. « la dernière fois, vous n'étiez pas très amical, disons. » elle le fixa un moment, avant de reprendre. « mais c'est le passé ; vous avez changé, apparemment. » dit-elle avec un petit sourire.

« Oui. » Franc, net, précis. On peut pas faire mieux. « Si vous le dites. » Elle haussa les épaules, et s'approcha un peu plus de Babou. « Tu vas bien, sinon ? » elle avait toujours un peu de mal à s'adresser gentiment à quelqu'un qu'elle n'avait pas spécialement aimé.

« Pourquoi, dure journée ? » elle fronça les ' sourcils ', et s'allongea tout de même, tout en gardant un œil sur Babou, pour ne pas se réveiller le ventre ouvert

Elle hocha lentement la tête, hésitante, et garda les yeux ouverts, regardant au loin.

« Non, non, ça vient pas de toi. Simplement, je repense à Rodéo, et le fait qu'il est parti, me laissant avec mon gosse, un vilain qui frappe, et qui m'a fait du mal, aussi. » elle renifla, se demandant bien ce qu'elle avait fait pour mériter un tel môme.