Fighting for a chance. H.

I tried to be someone else... But nothing seem to change, I know now, this is who I really am inside. Finally found myself, fighting for a chance, I know now... This is who I really am.

Il contemplait, serein mais intérieurement agité, la rivière déjà gelée.

Elle aussi la contemplait, la jeune jument noire aux allures arabesques. Elle regardait son triste reflet dans la surface plane et glissante, ce fin couvercle qui emprisonnait les petits poissons argentés. Jenny avait une terrible envie de briser cette surface glacée, mais elle se retenait. Apprendre à se contrôler. La raison pour laquelle elle avait fui GS. Maintenant qu'elle y était parvenue, il ne fallait pas rechuter. Ignorant la présence de l'étalon, la jument se permit un soupir discret, empli de tristesse.

Il entend, dans le silence crispé de l'hiver, un soupir. Il tourne la tête d'un mouvement vif et alerte et la voit; belle jument noire. Il tressaille, la fixant.

C'est tellement tentant ... Mais la noire se contenta de frapper le sol de son antérieur, se bridant intérieurement. Soudain, sa tête pivota vers l'étalon et elle le fixa longuement, sans gêne, mais de façon presque respectueuse.

Lui aussi c'est sans gêne. Mais lui aussi, on peut lire un certain respect dans ses prunelles. Le respect des autres sans doute. Il se dresse doucement, s'ébroue, puis la fixe de nouveau. Sans un mot. Elle a plutôt l'air nerveuse, énergique, on dira.

Oh oui. Jenny aurait fait une bien piètre monture. La rage au coeur, elle se serait débattue comme un diable, faisant mordre la poussière à tous ses cavaliers et les piétinant si l'occasion se présenterait : il y a des chevaux comme ça, que rien ni personne ne pourront briser. Jenny était de ceux-là - du moins le pensait-elle. La grande - 1m80 environ - jument noire redressa la tête, ses yeux si clairs s'accrochant dans les yeux noirs de l'autre étalon, le sondant, cherchant à le faire chavirer. C'était si facile, avec un regard pareil. Puis, doucement, un léger sourire apparut sur ses lèvres, éclairant comme un soleil son visage si sérieux.
« Salut. » lança-t-elle brièvement.

C'est si facile, avec un regard pareil. Oui, certes. Cela aurait été si simple... s'il avait été comme les autres. Il fixe les prunelles de la jument, si différentes des siennes malgré leur ressemblance physique frappante. Enfin, presque. Il est un peu plus costaud qu'elle, peut-être. Et encore. Mais ses yeux à elle sont d'un bleu pur, un bleu qui oui, ferait chavirer n'importe quel étalon. Pourtant, le Noir reste stoïque. Pas un sourire n'accompagne sa mine qui, plus que sérieuse, en est presque figée dans le temps. D'une neutralité instable et fascinante, il ne bouge pas, inspirant à pleins poumons l'air frais. " Bonjour. "

S'il avait été comme les autres ? Mais sommes-nous si différents ? Une part de nous est semblable à notre voisin, et en quelques sorte, nous ôte notre unicité. Jenny pinça les naseaux, agacée par ses réflexions trop philosophique pour l'instant présent. « Jen. » fit-elle en baissant le menton, comme pour se désigner. Pourquoi Jen et pas Jenny ? Conséquence d'une cause antécédente, survenue lors de son " exil ", sans doute.

Il a envie de lui répondre. Pourquoi ? Il l'ignore. Mais depuis qu'il est ici, quelque chose le pousse à renouer avec ses semblables. A se pardonner à lui-même d'exister, peut-être. " Hurricane. " Pas de 'enchanté', ou 'vous avez un joli nom'. Cela fait longtemps qu'il s'est lassé de ces politesses futiles.

Quand il répondit, Jenny ne put s'empêcher de frissonner, un léger frisson, agitant à peine sa peau satinée.
" Ou... ouragan ?" reprit-elle d'un ton hésitant, mais ce n'était pas tellement une question. Inévitablement, Jenny venait de faire le lien avec Huracàn, et comme toujours, cette pensée le troublait quelque peu.

L'étalon hausse un sourcil. " En effet. " répond-il, lui lançant un regard interrogateur.

Elle hésita, et son visage laissa transparaître son hésitation ... et après tout, pourquoi pas ? « Mon père s'appellait Huracàn. » se justifia-t-elle, avec un sourire en coin, pour se donner de la contenance. Aussitôt après, son visage se ferma, et elle détourna la tête ; son regard tomba dans l'eau. C'était le Ruisseau Sacré, si elle se souvenait bien, il avait des propriétés apaisantes. Après un petit coup d'oeil à l'étalon, la noire posa son pied dedans, puis l'autre, et enfin, tout son corps. L'eau était chaude.

Huracàn ? En effet, c'est ressemblant. Il pince les naseaux et ne répond rien. Il décide alors de faire comme elle, histoire de voir si les vertus de ce ruisseau sont vrais, même s'il n'y croit guère. Il entre alors à moitié dedans, s'étonnant de sa température ambiante.

Jenny sentit la douleur dans son coeur, là, juste à gauche, mais elle serra les dents, son regard obstinément rivé sur le fond de l'eau, sur un petit caillou blanc près duquel miroitait un petit poisson d'argent. D'un geste rageur, Jenny l'écrasa sous son sabot ; le cadavre déchiqueté dériva alors, emporté par le courant. Aussitôt, la noire s'en voulu, et sentit qu'elle allait pleurer ; elle immergea sa tête pour que l'autre ne s'en rende pas compte. Plutôt crever que de montrer sa faiblesse.

L'étalon plonge ses naseaux dans l'eau tiède, et voit passer le poisson mort. Il relève la tête, des gouttes dégoulinant, pour poser ses yeux sur la noire, la tête entièrement dans l'eau. Peut-être était-elle poissonvore

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