River flows in you. A

La nuit est tombée. Pourtant, malgré le froid qui se fait bien sentir, et mes yeux qui commencent à me piquer, je reste à veiller. Je suis seule, et les dangers de la nature ne vont pas attendre que je sois parfaitement lucide et réveillée pour m'attaquer. Pourtant, le bruissement du vent dans les feuillages, et le clapotis du ruisseau me berce. Une étrange mélopée s'échappe de mes lèvres, tandis que ma tête se pose au sol. Et je sombre dans un profond sommeil.

Swann s'avanturait seule, une nouvelle fois. Elle savait bien qu'il y avait des dangers sur ces terres, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de s'éloigner de sa mère pour faire le tour de GS.
Après avoir longtemps marché, elle a soif. Elle se dirigea donc vers un ruisseau. Il faisait plutôt sombre et elle était prudente, elle regarda tout autour d'elle avec de s'approcher du ruisseau.

Je revois en rêve ma dernière soirée passée près de mon frère et de mon père. Y songer est encore pire, la vision déformée par le sommeil s'attache sur le visage victorieux et monstrueux de ma génitrice. Je hurle et me débat violemment.

Entendant un hurlement, la pouliche s'arrêta. Elle hésita d'abord à aller voir de quoi il s'agissait mais elle avait reconnut et sentit un autre équidé. Elle s'approcha donc de celui-ci et découvrit une pouliche endormit. Surement un cauchemar ! pensa Swann. Elle s'approcha de celle-ci et posa délicatement son sabot sur elle, pour la rassurer. « Du calme, tu n'as rien à craindre. Il n'y a aucun danger. » Son ton était calme et rassurant.

Je sens brusquement une autre présence, et je sursaute. Une voix me réveille, et je m'extirpe de ce songe affreux, péniblement. Une pouliche est là, le visage calme, bienveillant. Un instant je la considère, envahie par un intense sentiment de soulagement. Mais chassez le naturel, et il revient au galop ! Brusquement, mon regard se fait plus dur, et je me dégage d'une secousse. -Ne me touche pas ! Je grogne, les yeux assombris pas la mauvaise humeur.

Swann enleva son sabot surprise de la réaction de la pouliche. « Je ne voulais pas te faire peur ni te faire de mal, je voulais simplement t'aider. » dit-elle d'une voix douce.

Elle ne semble pas comprendre. Je vais tâcher de lui expliquer alors... -Alors écoute moi bien, petite. Je n'ai pas besoin d'aide, j'ai jamais besoin d'aide. Maintenant laisse moi.

« Tu es aussi petite que moi je te signale ! Pourtant tu n'avais pas l'air bien, et je le fais simplement par gentillesse, pourquoi es-tu si mécontente ? » Son ton restait calme et elle ne comprenait pas la réaction de la pouliche.

J'hésite entre l'envoyer proprement chier ou tenter de rester un minimum sympathique. Après tout, elle m'a apporté son aide de son plein gré, par inquiétude. Mais cette notion, je ne la connais pas tellement. -Des cauchemars, tout le monde en fait, je vais pas en crever pour autant. Et les raisons pour lesquelles je suis de mauvaise humeur ne te regardent absolument pas, clair ?

« Non, tout le monde n'en fait pas. Et je pense que tout le monde devrait faire des rêves, des magnifiques rêves. Les cauchemars font penser aux méchants et ils ne devraient pas exister. » Elle secoua n'égativement la tête pour signifier que ce n'était pas clair. « La mauvaise humeur ne devrait pas non plus exister. Le monde est beau et on ne vit qu'une fois alors il faut en profiter, sourire, passer de bons moments, rigoler... »

La façon de penser de la pouliche est si utopique que je la fixe, perplexe. Puis je me reprends. Ce serait triste de briser tout ça, mais il vaut mieux lui ouvrir les yeux, aussi je lui dis avec un grand sérieux. -Tu sais, ça va pas te plaire ce que je vais dire, mais même si certaines personnes sont mignonnes tout plein, en général, ce sont les plus faibles. Parce qu'elles sont naïves, qu'il y aura toujours quelqu'un pour les rabaisser, pour les martyriser. On est pas chez les Bisounours ici. Rien n'est tout rose, y'aura toujours des difficultés qui te pourriront la vie, crois moi. Je la fixe droit dans les yeux, et dans mon regard, se lisent toutes les horreurs que j'ai pu vivre. Chaque coup que ma mère m'a donné est inscrit au plus profond de moi. Et quand je la reverrai, chacun de ces coups seront rendus.

Swann écouta déçue les paroles de la pouliche. Pourquoi disent-ils tous cela ? « Tu es comme les autres, tu pense que les mignons sont faibles, mais c'est faux ! D'accord peut-être pas tous, d'accord peut-être pas moi mais certains si. Bien sûr qu'il y a des difficultés, j'en vis depuis que je suis petite, mais en étant tous gentil on pourrait les supprimé ces difficultés. On pourrait faire un beau monde. Je sais bien que cela est impossible mais j'ai bien le droit d'espérer, non ? L'espoir fait vivre ! » La petite grise la regarda dans les yeux ceux de l'autre pouliche, elle vit ses horreurs et cela l'effraya.

Je ne peux comprendre cette façon de penser. Tant bien que mal, je me remets debout, encore tremblante. -Non, je ne peux pas assimiler des choses pareilles. Tu ne t'es pas encore rendue compte que ici, c'est marche ou crève et... ? Je m'arrête en pleine tirade. Je sais bien que cela est impossible mais j'ai bien le droit d'espérer, non ? L'espoir fait vivre ! Les dernières paroles de la pouliche résonnent à mes oreilles. Je n'ai pas le droit de lui retirer cet espoir là. -... Mais peut être qu'avec un peu de douceur, on peut améliorer cette situation. Dis-je.

Swann écouta l'autre pouliche et fut une nouvelle fois déçue en entendant qu'elle ne pouvait pas assimiler ces choses. « Je le sais ... Mais je persiste à penser qu'on pourrait tout changer si tout le monde le voudrais ! » La petite afficha un sourire. « Oui ! »

Elle est tenace, la bicolore. Je me mets en marche vers le ruisseau pour rafraîchir ma gorge enrouée à cause des hurlements que j'ai pu pousser. Libre à elle de de me suivre ou pas. Mais alors que je me penche pour boire, je suis prise d'une certaine faiblesse, et tombe toute entière dans le ruisseau.

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