« I follow rivers » L.

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Je découvre, encore un peu déboussolée, les terres des soit-disant « Gentils » . Je venais à peine d'arriver sur le territoire de Galop Sauvage que je me retrouve propulsée dans un monde inconnu. Au moins, nous en étions tous au même point.

Une odeur douce et sucrée emplit mes naseaux tandis que j'entends le son lent et régulier du cours d'eau paisible. Je ravale ma salive ; j'ai tellement soif ! Je ne me fais pas prier lorsque j'entrevois la rivière couleur bonbon qui s'écoule entre les arbres feuillus. Sans hésiter, je galope et plonge en faisant un gros « plouf » . J'écarquille les yeux en découvrant le goût de barbe à papa du liquide ; j'en bois une, deux, trois gorgées sans pouvoir m'arrêter.

Les saveurs me font tourner la tête et je rigole d'un rire enfantin tout en tournoyant sur moi-même d'une légèreté infinie, mes crins balançant des gouttelettes cristallines sur la rive.
Je suis entourée du aura de bonheur, et sur ma robe lisse glisse l'eau douce, ce qui laisse transparaître mes muscles. Je donnerai n'importe quoi pour voir à travers les yeux d'un autre, la scène doit-être d'une fatale beauté.

L'étalon la regarde depuis quelques instants déjà, impassible devant ses éclats de joie et son bonheur expressif. Il se tient sur une petite butte, immobile, légèrement voûté. Ses yeux noirs glissent sur la rivière rose, il se demande quel goût elle, vaguement, mais n'a pour l'instant guère envie de s'approcher. Les rires de la jument perturbent le calme alentour, mais ce n'est pas grave, elle a un joli rire, et c'est plaisant à entendre. Il aimerait qu'elle ne le remarque jamais, car la voir rire suffit à le distraire.

Invité

À bout de souffle, je me repose sur mes antérieurs et savoure l'eau fraîche de la rivière jusqu'à en être saoule. C'est tellement bon.. Je ne remarque pas l'étalon blanc posté plus loin, qui m'observe peut-être depuis quelques instants, ou bien longtemps. Je me contente de laisser ma crinière retomber sur mes épaules et de m'ébrouer vigoureusement à la sortie de ma baignade.

Je marche lentement le long de la rive puis gratte la terre à la recherche de feuilles pour me confectionner un nid, comme me l'avait appris ma mère, jadis. Une fois le tout en place, je tourne sur moi-même à la manière d'un chien et me cale sur ma couche de fortune, la tête posée sur un rondin de bois. Je m'endors profondément.

Il l'observe toujours sans faire de bruit, ni même bouger d'un poil. Il la suit des yeux quand elle va se faire une sorte de nid, et l'observe avec curiosité. Il n'a jamais vu d'autre cheval faire cela auparavant !
Elle s'endort.
Il profite de son sommeil pour descendre la pente et s'arrête sur le bord de la rive. Il reste quelques mintues à contempler l'étendue d'eau rose en dilatant ses naseaux, puis incline son échine jusqu'à la surface miroitante. Curieusement, son reflet est le même que dans une onde normale, si ce n'est qu'il n'est plus blanc, mais rose. Il rit doucement, s'amusant de son image ainsi féminisée.
Finalement, ses lèvres plongent dans l'eau et il aspire goulûment, avant de reculer, surpris. C'est sucré ! Il ne sait pas s'il aime cela ou pas, mais il recule, car c'est bizarre. Sa tête tourne jusqu'à trouver la paint, et un sentiment bref de soulagement l'envahit. Il marche le long de la rivière jusqu'à arriver à sa hauteur et la contemple sans sentiment particulier. Elle est jolie.

Invité

Mes paupières remuent doucement tandis que je suis plongée au coeur de mes rêves. Je n'entends pas le mâle s'approcher de l'eau et la boire, bien trop coupée du monde réel pour ça. Je souris vaguement, pareille à la belle au bois dormant.

Elle dort toujours, ses paupières légèrement frémissante. De quoi peut-elle donc rêver ? se demande Oedipe, avant de s'allonger non loin d'elle. Son large corps s'abat sur le sol sans délicatesse, il grimace de douleur, puis oublie. Ses larges yeux bruns se posent successivement sur l'eau rose, puis sur la petite forêt qui la borde, et enfin sur la jument. Il ne pense à rien de particulier, il est un peu fatigué, alors il allonge sa lourde tête sur le sol et ferme les yeux.

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