✖ Sweet emotions.

Un air sec, une chaleur suffocante, un sol presque bouillant, et pourtant, le corps de la Louve se mouvait à l'horizon en direction du Grand Canyon. Peu réceptive à cette chaleur meurtrière, Floriianna avançait d'un pas lent et peu pressé. Elle ne tarda cependant pas à remarquer une silhouette équine déjà présente près du précipice du Grand Canyon...

La brise brûlante caressait avec nonchalance les traits délicats de la demoiselle, qui s'arrêta près de la falaise plus regarder en contre-bas la massive silhouette du frison. Un léger sourire s'accrocha alors au creux de ses lèvres tandis qu'elle lui envoyait un simple hochement de tête de salutation, peu intéressée à s'élancer comme une gamine vers lui pour lui parler de sa vie. 'Anna resta donc où elle se trouvait, les sabots à quelques centimètres du vide, se laissant bercer par la brise du Grand Canyon ...

Durant son ascension vers son emplacement, Floriianna jeta de brefs coups d'oeil à cette masse sombre se dirigeant en sa direction, patiente et calme. Oreilles pointées, elle attendit que l'étranger soit complètement arrêté avant de lui répondre, ce sourire toujours accroché aux lèvres.
« Bonjour » Répondit-elle alors naturellement, dressant légèrement la tête, se trouvant ridiculement petite à comparé à ce mastodonte. « Vous êtes venu profiter du plus beau point d'observation, à ce que je vois » Souffla-t-elle alors en fermant un instant les yeux, se laissant bercer par le vent à nouveau, tanguant au dessus du vide. Puis, quelques brèves secondes s'écoulèrent tandis que le regard de charbon de la demoiselle se posait sur les traits neutres et inexpressifs du mâle. « Je suis Floriianna »

Le regard curieux de la demoiselle resta un instant posé sur l'étalon, tandis que ce dernier répondait, l'air ennuyé. Ce ne fut cependant pas pour ennuyer la rousse en retour, qui reposait déjà son attention sur le Grand Canyon.
« 'Chantée » chuchota-t-elle alors en abaissant tranquillement l'encolure vers ses sabots, le museau pendant dans le vide...

« Pas une "demoiselle" dans mon genre » se contenta-t-elle alors de répondre, parfaitement consciente qu'elle ne faisait pas partie de la même catégorie de personne que la plupart des juments de ces terres. Curieuses, caractérielles et naïves à souhait. Floriianna n'était pas comme ça, et s'en soulageait, pour être honnête.
« J'aime la chaleur étouffante et suffocante. » se contenta-t-elle alors d'ajouter en haussant les épaules, croyant que le noir cherchait une explication à sa présence ici.

Aux paroles du grand noir, Flor' remarqua qu'il se mettait à passer du tutoiement au vouvoiement sans crier garde mais n'en fit pas attention plus longtemps. Puis lorsque ce dernier s'approcha de quelques brefs pas, la Rousse recula de la même distance.
« Interprétez-le comme vous voulez ... » Fit-elle alors en reposant ses grands yeux sombres sur lui, oreilles pointées. Si elle était plus intrigante que les autres, ce n'était certainement pas à cause de ses goûts spéciaux. Mais plutôt à cause de son histoire trouble, et de son caractère indécis. « Si dans votre cas il vous suffit de croiser quelqu'un aimant la chaleur pour le trouver intrigant ... vous êtes beaucoup moins intrigant que certains ... » Ajouta-t-elle alors en lui envoyant un bref sourire en coin, voulant lui faire comprendre qu'elle ne disait pas ça méchamment ; et surtout qu'elle ne le pensait pas vraiment.

Soutenant le regard de l'étalon, Floriianna réalisa rapidement qu'il tentait de la sonder ; chose quasi impossible, me direz vous. Durant quelques secondes, la rousse tenta d'en faire de même mais se cogna à son tour à un mur sombre et infranchissable. Mais malgré que le regard du noir était indéchiffrable, la femelle en venait à la conclusion que seuls les grands au passé trouble avaient ce regard. À ce moment parcourut d'un frisson -au même moment que la pluie s'abattait avec douceur sur son dos-, Flor' détourna le regard.
« Vous savez tout comme moi qu'il y a bien pire qu'une température inadéquate... » commença-t-elle alors avant de s'arrêter en plein milieu de phrase, inspirant profondément. Puis, à nouveau, elle tourna la tête en direction du frison, donnant un petit coup de museau vers le bas du grand canyon. « Vous m'accompagnez ? »

Et ce silence fut bien loin de déplaire à la Rousse, qui s'empressa de prendre le pas ; comme si dans ce geste elle s'éloignait de cette conversation. Inspirant profondément, la femelle reprit tranquillement ses esprits, empruntant à cet instant un petit sentier assez large pour trois qui serpentait jusqu'au pied du grand canyon ...