ces ourlets de grenat et ces creux emplis d'ombres

Junk marche. Les os craquent sous ses sabots, une poussière ocre colore ses paturons. Un sourire absent et sardonique déforme ses lèvres, le néant se fait dans sa poitrine.

Une odeur métallique se fraya un chemin jusqu'à ses narines. L'oeil aux aguets, la brune jeta un regard autour d'elle et aperçut une masse sanglante à quelque centaines de mètres d'elle. La brûlure du soleil l'empêche de distinguer correctement les traits de l'inconnu.

Même à cette distance, elle sent le regard fiévreux du noir sur son corps. Défiante, elle lui renvoie une oeillade fière, ralentissant le pas, non pas par peur mais par curiosité. Le paysage dévasté du cimetière lui plaît, les ossements sont figés, l'endroit est immuable, tous pourraient mourir et le vent soulèverait toujours la poussière rougeâtre du lieu.

(Paaardon, je suis distraite.)

Elle dévisage le bai, calmement, presque sagement. Son sang-froid est présent, très présent, la raison l'emporte toujours sur la folie sous-jacente, cet héritage maudit. Elle n'était pas la bienvenue... Tant pis. Ce n'était pas ce jeune mâle, si plein de fougue soit-il, qui allait lui imposer quelque chose. Peut-être en valait-il le coup. Et s'il faisait partie des Rapides... C'était d'une pierre deux coups.
Junkee avançait toujours.