bain de minuit...

Oh non ma Belle, tu te goures sur toute la ligne de mes intentions. Mais j'aimais le fait qu'elle me prenne ainsi. Qu'elle croît m'avoir cerné, ce ne sera que plus facile. Un doux sourire berça mes lèvres. - Peut-être - Énigmatique. Je me détournais d'elle me mettant en marche le long de la berge, baissant la tête pour laisser l'herbe folle chatouiller mes naseaux, effaçant ainsi toutes les hormones qu'elle y avait laissé.

Lunaio le laissa s'éloigner, son corps se refroidissant calmement. Elle était parfaitement maîtresse d'elle-même. « Crois-tu ainsi me dompter ?! » Fit-elle, impétueuse, presque agressive. La croyait-elle si facile à avoir. Elle fondit sur lui, lui assénant une violente morsure au jarret, avant de relever la tête pour l'empêcher de riposter dans une zone sensible. Ses oreilles avaient disparu sous sa crinière emmêlée.

Je bondis de côté, la morsure de ses dents picotant mon membre, remontant jusqu'à la moelle. Te réveillais-tu princesse? Je souris. Toujours ce même sourire énigmatique. La dévorant d'un regard implacable. Est-ce t'as façon de me dire t'en va pas ? Ou n'as-tu pas encore eu assez de preuve pour dire je suis à toi? Je mis à tourner autour d'elle. Mon corps tremblait de nervosité. Jouissant de cette sensation d'être prédateur. Je m'arrêtais en face d'elle, fit demi-tour, recommençant le même manège, prêt à éviter n'importe quoi venant de ta part. Quelques fois je brise ce cercle pour venir frôler mes naseaux tes flancs duveteux. A l'improviste. Comment pourrais-tu le prédire alors que même moi je n'étais jamais certain de le faire. Puis je viens me coller contre tes flancs. Ma tête proche de ta croupe, un coup de dent contre tes reins, je viens chercher à dénuder cette place, une marque?

Pas de réponse, mais une réaction. Lunaio avait agit sous un coup d'impulsion, la revoilà plongée de nouveau dans un mutisme tenace. Elle haïssait plus que tout cette façon qu'il avait de la regarder, comme le fauve qui allait bondir sur la proie. Et il ne s'en cachait même pas. Comme si c'était évident qu'il allait finir par l'attraper. Ses naseaux vrombissants, elle le sentit petit à petit se rapprocher d'elle, jusqu'à ce qu'il se colle à son flanc et cherche à dénuder, à mettre à une jour une partie de son corps. Elle poussa un grognement proprement négatif, mais elle savait qu'il prendrait cela comme un encouragement. La douleur la tirailla alors, et elle fit volte-face, l'emportant dans son mouvement. Elle le cogna contre le premier arbre venu, le maintenant à cet endroit. « Je ne serais jamais à toi, imbécile. » Gronda-t-elle, comme une menace. Tant de haine dans ses iris azurées, qui s'était plongées dans celles, profondes, du Frison.

Emportant par son élan je me retrouvais soudain plaqué contre un arbre. Je vis la haine dans ses yeux et je souris. Elle avait peur de quoi ? D'être faible ? D'être un vulgaire joué? Tu as peur de quoi ma belle ? Je secoue doucement ma tête, mon toupet cachant légèrement mes yeux d'ébène. - Tu ne comprends donc pas ? - Dis-je doucement, ma voix telle un murmure comme toujours. Mon souffle chaud chercha un instant le sien. - Je n'ai pas envie que tu sois à moi bien au contraire... - Je me mis à rire doucement. Si naïve tu es. - Si tu te laissais faire quelle ennuie cela serait... - Tu es différente. Regard moi, lis en moi. Je sais que tu es tout sauf ce genre de fille la. Je la repousse d'un simple coup d'épaule pour me dégager, m'écartant un peu d'elle. Mon regard se détaché du tien, s'abandonnant un instant à la réflexion.

Elle l'écouta, se retenant de se déverser contre lui. De déverser tout ce qu'elle renfermait depuis si longtemps. Cette haine sans borgne, qui n'avait pas de limite. Tout ce sur quoi elle se laissait aller, elle le détruisait. Mais à ses mots, quelque chose d'inconscient se réveilla en elle. Peut-être parvenait-il à voir en elle ce que personne d'autre n'y voyait. Peut-être que lui allait plus loin qu'un simple « tu es folle ». Peut-être ne voyait-il pas simplement la fille d'un père et d'une mère. Peut-être voyait-il l'âme meurtrie qu'elle était. Si jeune et corrompue. Peut-être voyait-il qu'elle côtoyait les ombres. Et elle le haït encore plus. Tout cela compliquait deux fois plus les choses. Ne pouvait-il pas juste être comme n'importe quel autre crétin ? Mais non, c'était un crétin pas vraiment comme les autres. Elle grogna, et alla s'abreuver quelques instants, sa gorge sèche la tiraillant douloureusement.

Je la laissais se calmer en silence. Fixant mon regard sur la lune, bientôt le jour se lèvera et je me sentais épuiser. Je poussait un soupir, reportant mon attention sur la noiraude. Tu semblais si en colère. Oh combien je te comprend. Je la connais cette colère. Trop bien même. J'aurais voulu t'aider mais comment puis-je alors que je ne sais même pas m'aider moi-même. Je finis par me poster au bord de l'eau, plongé dans la contemplation de mon profil. Je reflétais un étalon si sur de lui. Un étalon qui je n'étais pas. Pas dans ces moments là non. - J'ai perdu la mémoire... - Dis-je dans un souffle. Je ne sais pas pourquoi je lui racontais cela mais quelque chose me poussais à le faire. Je me tournai alors vers elle, guettant une quelconque réaction de sa part ou alors rien du tout, juste pour la regarder. - Je crois que tu peux comprendre cela non ? L'impression d'avoir été abandonné par toute chose . -

Lunaio s'abreuvait, mais cela ne l'empêcha pas d'écouter. Le timbre de voix de l'étalon se répercuta jusque dans son cerveau. Une voix grave, et un tantinet rauque. Elle inspira profondément en relevant la tête, sans le regarder. Ses regard azuré parcourait l'eau scintillante. Il avait perdu la mémoire ? Comme cet étalon de l'autre jour.. Ce jumeau de Ramsès. Ce double qui semblait si perdu. Elle qui avait volontairement mit son passé de côté, qui avait voulu l'oublier. Elle se dit qu'elle était fort égoïste de vouloir tout oublier. Et elle se dit surtout, qu'elle ne serait pas ce qu'elle était actuellement si elle l'avait oublié. Elle n'aurait pas toute cette hargne en elle. Peut-être aurait-elle été plus jolie, son corps moins dévasté par la haine. Ses yeux moins assombris par la soif de vengeance permanente. « Se remémorer le passé est parfois aussi douloureux que de ne plus s'en souvenir. » Souffla-t-elle simplement, continuant d'observer l'eau, paraissant désormais extrêmement calme.

Je m'approche d'elle avec douceur. Pourtant je n'ose encore la toucher. Je m'arrêtais à mis chemin. Elle avait peut-être raison mais... - Ne pas savoir qui je suis à part un vulgaire fantôme est assez déroutant... Mieux vaux souffrir dans la connaissance que vivre en ignorant! - Au moins on sait ce qu'on doit craindre. On apprend de nos douleurs, comment apprendre du néant ? - Je te propose d'aller dormir, qui sait ce que demain nous réserve... -

« Tu te seras peut-être souvenu d'ici demain à quel point tu es un crétin. » Ironisa-t-elle avec un sourire acide, se redressant tout en disant cela. Elle se mit alors en marche, et chercha un abri non loin d'ici, ne trouvant qu'une cavité dans une petite colline de rochers.

Je ne répondis rien la suivi le sourire au lèvre. Qu'elle était drôle cette petite   . Je la laissais entrer en première, me postant devant l'entrée pour faire le premier tour de garde.

« J'ai pas besoin de baby-sitter. » Glissa-t-elle avant de fermer l'oeil, gardant ce ton acide même avant de s'endormir. Lunaio était la dureté incarnée.

Bizarrement même quand elle dormait elle semblait en train de combattre des fantômes. Avais-je le même sommeil? Je la laissais dormir jusqu'à la fin de la nuit, malgré la fatigue je préférais la laisser tranquille, 'dors en paix mon Effronté... '

Et l'androgyne, bien qu'elle ne faisait strictement pas confiance au mâle, finit par s'endormir profondément, dormant d'un sommeil sans rêves, où seulement des ombres dansaient inlassablement. Tantôt gracieuses, tantôt brutales. Tantôt calmes, tantôt agitées.
Lorsqu'elle se réveilla, le jour se levait à peine.

J'étais posté un peu plus loin, le nez dans l'herbe histoire de prendre mon petit déjeuné tout en gardant une oreille au aguet.