Il y a une boîte de Pandore en chacun de nous...

Mara, soudainement piquée par une montée d'adrénaline, s'était avancée dans les tunnels des pyramides. Marchant calmement dans les allées de briques de sables, à la lueur des torches allumées comme par magie, elle se demandait à présent comment sortir de là. La yearling trébucha et posa ses sabots sur une gigantesque dalle, et une porte mystérieuse s'ouvrit juste à côté d'elle. Dedans, on pouvait y voir deux coffres. Un de bois, et un de...crystal?

Mara était d'un naturel curieux. Très, curieux. Ses sabots cliquèrent sur le sol, elle s'avança dans la salle. Une magnifique statue grandeur nature d'un cheval pur sang arabe, sans doute une jument vu sa morphologie, se tenait entre les coffres. Lequel osera-t-elle soulever. Incertaine, la palomino se décide finalement pour le coffre en bois. Elle est modeste. Mais pour ceux qui avaient mis ces coffres, le bois était plus rare que le crystale, plus précieux, car synonyme de vie, et d'eau, leur moyen de survie. Elle posa ses naseaux sous le loquet, souleva le dessus. Et là, surprise! Oh pardon. Mauvaise surprise. Dans l'ombre, un sifflement. Elle voit mal ce qu'il y a dedans, incline sa tête sur le côté, là où est son œil valide. SSSSSHHH!!! Et voici que quelques gouttes d'un liquide brûlant sont projetés dans son œil. Le venin d'un cobra cracheur, qui rend aveugle au bout de plusieurs minutes. Elle redresse sa tête tout en la secouant et recule vivement en poussant un hennissement déchirant.

Mais, cet hennissement, la femelle l'entendit de l'extérieur et parut légèrement étonnée, Elsa fronça les sourcils. Doucement, elle fit quelques pas vers l'entrer et observa au loin, curieuse sans ressentir de peur. Enfin, depuis petite, El' n'avait jamais craint qui que se soit et quoi que se soit.

Mara voit les lumières, la déesse jument arabe qui la fixe durement. Puis d'un coup sa vision se trouble, et redevient claire. Floue, claire, floue, claire. La palomino, effarouchée, recule, pivote, fonce à travers les tunnels comme une bête sauvage, dans un galop fou. Elle secoue la tête en ruant, les yeux grands ouverts. Les torches éclairent son chemin, puis la lumière du dehors apparaît. Et une silhouette familière se tient à l'entrée. Comme folle, elle la percute, trébuche, s'échoue au sol. Sonnée, Mara voit une dernière fois la lumière du soleil, les dunes, les pyramides, et Elsa. Tout devient flou, reste flou, puis devient totalement noir. Comme pour son côté aveugle. La nuit complète, les ténèbres, l'obscurité. La yearling palomino est aveugle. L'instinct de fuite est le plus fort, elle gigote en tous sens sans parvenir à se relever.

Elsa ne vit pas son amie tellement elle était rapide et celle-ci la percuta ce qui eu comme d'effet de l'assommer un bon coup. La yearling tomba sur le sol et se sentit soudainement bien étourdie, mais lorsque son regard s'arrêta sur Mara, El' se redressa pour venir près d'elle. « Mara? Est-ce que tu vas bien? » lâcha-t-elle, légèrement inquiète. Puis, en voyant son oeil qui pourtant avant était encore valide, le choc se lu aussitôt dans son visage. La marwari paniqua. « Oh non! Ton oeil n'est pas normal, il y a quelque chose qui est entré dedans? Il est bien trop opaque pour un oeil en santé. Raconte-moi, Mara! Je suis là, juste ici à tes côtés, je te laisserai pas et je vais te protéger, ne t'inquiète pas, tout ira bien. » La jeune femelle inspira profondément et posa son museau sur le front de son amie, troublée. Habituellement, on verrait Sasa comme étant une fillette calme et jamais sur les nerfs, mais lorsqu'il s'agissait de ses amies à elle, c'était une toute autre histoire, les amis.

Mara geignit, essaya une dernière fois de se relever. Son corps tendu par la peur la lâcha, et elle demeura étendue sur le sable, le souffle rauque, épuisée. Elle ne la voyait pas, mais ses yeux étaient grands ouverts. La palomino l'entendait seulement, sentait son odeur familière, puis le contact réconfortant qu'elle lui offrit. Sa respiration rapide s'apaisa un peu. Elsa...je suis aveugle. Je crois. Entièrement. C'était un...serpent. Le néant s'ouvre à elle, mais ses autres sens sont en marche. Elle s'est entraînée dur, pendant ces derniers mois, pour voir avec autre chose que ses yeux. Elle s'en sortira. mais ce ne sera pas facile.

Elsa parut légèrement choquée et baissa lentement la tête, se sentant triste pour son amie. « Je comprend. Viens, que je t'aide à te relever doucement et je resterai avec toi le temps qu'il faudra. » dit-elle, avec douceur. Sasa colla son corps à celui de Mara pour l'aider à se redresser et doucement, elle enjamba le pas pour la diriger vers un coin d'eau pour s'abreuver un tout petit peu. « Je vais t'emmener dans un endroit où il y a de l'eau et où l'on peut passer la nuit aussi, d'accord? » lâcha-t-elle, sérieuse et sur un ton presque impossible à donner une réponse contraire.

Mara se remit debout, ses jambes encore tremblantes, son regard opaque et comme fou. La yearling beige posa ses naseaux sur l'épaule d'Elsa pour se guide, levant ses jambes particulièrement haut. Mais elle était tant affolée qu'aucune voix qu'elle qu'elle soit ne pouvait ni la rassurer ni l'aider à se contenir. Mara s'écarta, prit le galop en y voyant toujours rien. S'en rendant compte quelques foulées plus loin, elle pila net et se mit à hennir en tous sens comme si elle était perdue. Psychiquement, elle s'était égarée dans un néant de sensations. Elle avait la bouche sèche et sa robe claire était poussiéreuse, recouverte de sable.

Elsa aidait du mieux qu'elle pouvait son amie, elle ne savait pas ce que cela faisait de perdre la vue et ne le souhaitait à personne, mais maintenant la yearling se devait d'être là pour Mara. Elles marchèrent calmement afin d'entrer sur le chemin et devant elles, la marwari remarqua enfin une légère crevasse suffisamment grosse pour y accueillir deux personnes, mais il y avait même un ruissellement, de l'eau, il y avait assurément. « Mara, calme-toi! » ordonna l'enfant en serrant davantage la dorée contre elle afin de lui montrer qu'il n'y avait aucun danger. Elle se dépêcha de rejoindre son amie et de se recoller contre elle, attristée par ce qu'elle voyait, mais elle ne laissait aucunement paraître de pitié, Mara n'aurait pas aimé, sûrement. « Nous y sommes presque. À quelques mètre encore et nous y serons, en sécurité. J'entend le bruit d'une petite oasis au loin et il y a même une crevasse suffisamment grande pour nous accueillir les deux. » expliqua-t-elle, sérieuse.

Mara finit par se calmer. On aurait dit qu'elle observait l'horizon. Pourtant, la palomino n'y voyait rien. Si elle avait été seule, elle s'était tant entraînée à ne rien voir qu'elle aurait assurément trouvé la piste de l'eau grâce à son odorat. Pour le moment, elle en était cependant incapable. Trop troublée. La palomino faillit s'étrangler: Une crevasse?! Il y a des serpents dans les crevasses! Mara quand il s'agit de se tenir tranquille, on oublie. Elle fit un petit bond en avant, se cabra un peu en secouant la tête puis resta immobile en attendant Elsa. Une vrai star de rodéo. Elle finit par se laisser convaincre. Elle avait trop soif. Seulement, le simple fait de savoir qu'elle ne verrai pas son reflet dans l'eau en buvant la perturbait.

Exactement. Ils se cachent dans des coffres. Mara faillit le lui signaler mais se tut. Elsa était plus grande qu'elle, en taille, la palomino trottinait donc à ses côtés en tenant fermement une mèche de ses crins entre ses dents. Son amie s'arrêta, et Mara se dit qu'elles étaient arrivées. Ses naseaux proches du sol, elle y alla à tâtons, et dès que son odorat flairait un obstacle, elle l'évitait. Mais ce n'était pas une très bonne approche, elle finit par se les griffer à cause des pierres. Inquiète, elle redressa son encolure, projetant alors ses antérieurs en avant. Finalement, quelques mètres plus loin dans la grotte, elle s'arrêta, fléchit ses antérieurs puis tomba lourdement sur le sol. Épuisée. Elsa?

Mara sourit doucement. Rien, je voulais juste voir si t'étais toujours là. La petite palomino soupira par ses naseaux, et demeura couchée en vache, le temps de se reposer. Promis. Murmure-t-elle, en s'assoupissant.

C'est en pleine nuit qu'elle se réveilla. Ses sens étaient tous perturbés. Elle poussa Elsa du museau. Réveille-toi, c'est le matin! Alors qu'elles étaient au beau milieu de la soirée, et que la lune, pleine, lumineuse, était haute dans le ciel. Cependant elle ne pouvait pas la voir.