sensation forte.

Il hocha brièvement la tête, pour indiquer qu'il la suivait. Il la suivrait tellement loin, celle-ci.

La question de la bicolore le frappa soudainement. « Non.. Pourquoi ? » Même dans les situations les plus difficiles, il n'avait jamais songé à quitter ces terres qui l'avaient vu grandir.

« Toi, tu y as déjà pensé ? » Demanda le noiraud avec calme, de façon à la mettre en confiance. Après tout, son but n'était ni de la juger ni de faire en sorte qu'elle soit mal à l'aise avec lui. « Tu sais que tu peux tout me dire, depuis le premier jour. » Et il sourit.

Je fronçais des sourcils imaginaires. « Dans longtemps, il y a intérêt. » J'essayais de me détendre, mais à l'idée de perdre Iwa, je me sentais terriblement affaibli. C'était comme perdre une partie de moi, de mon existence. Tout comme j'étais en train de perdre Murphy, comme si ces chapitres de ma vie n'avaient été qu'un rêve. Si Iwa abandonnait la vie, ce sera à mon tour de douter de la nature. « Mais ne me dis pas que tu n'espère pas me voir avec la barbe. » Je lui donnais un petit coup d'épaule amical, un sourire complice sur les lèvres.

« Eh ! » Lâchais-je automatiquement, riant à ses mots. J'étais ravi de voir que le temps ne nous avait pas fait perdre notre sens de l'humour. C'était bien l'une des seules choses qui pouvait encore nous sauver de notre quotidien lourd. « Dis, tu te rappelles la première fois qu'on s'est vus ? »

« On était tellement jeunes. Des p'tits poulains, en somme. C'était la plus grosse tempête que j'avais jamais vue, et on l'a surmontée ensemble. » Les souvenirs me revenaient, de plus en plus précis à force que je me concentre sur eux. « Si on a survécu à ça, on survivra à tout. » Je lui lançais un regard doux.