~ Aux pieds des étoiles

Arrivée tout récemment sur le territoire de GS, Khalee cherchait un point culminant afin de pouvoir surplomber au mieu l'ensemble des territoires et tenter de se donner une idée précise de ce qui serait surement son nouveau chez elle, si elle en avait jamais eut un.
Après plusieurs heures d'escalades, non sans peine, elle parvint enfin au sommet. Le vent y était un peu violent, ce qui la soulagea un peu après l'effort qu'elle avait du fournir pour parvenir jusqu'ici. Et ce qu'elle était venue chercher se déployait à ce qui semblait être l'infini sous ses yeux observateurs.

Il était sortit de son trou. C'était rare, ces derniers temps. Depuis qu'il avait totalement perdu la notion du temps et des choses, le grand mâle sortait rarement de l'Egypte. En réalité, le marwari avait passé les derniers mois à chercher sa Reine. Mais rien. Impossible de remettre le sabot dessus. C'était comme si elle avait disparu, volatilisée. Oh ! bien sûr qu'il était sur une piste. Mais il était bien le seul à ne pas avoir réussit à la croiser. Présentant une catastrophe imminente, le bicolore avait enfin décidé de se monter. Quelque peu ébloui par le soleil montant - lui qui avait pourtant traversé tout le désert d'une traite - Zwei marqua un temps d'arrêt, avant de reprendre sa marche. Jusqu'à ce qu'un odeur remonte jusqu'à lui. Une odeur inconnue, mais qui portait cependant une touche familière. Trop familière à son goût. Renâclant alors bruyamment, le poivre et sel abandonna sa quête pour quelques instant, bifurquant à sa gauche. Intrigué.

La marwari observa un peu plus longuement le territoire qu’elle avait choisi comme étant son nouveau chez elle, l’Egypte Ancienne. Encore fallait-il être accepté par le dominant apparemment. Khalee ferma un instant les yeux et inspira profondément, l’air pur et frais pénétra jusqu’à ses poumons et ébouriffa ses longs crins noirs. Mais il lui apporta une odeur qui lui chatouilla les naseaux, mais surtout, qui la contraria. Elle rouvrit les paupières avec détermination et chercha du regard en contre bas le détenteur de ce parfum nouveau mais qui semblait pourtant si familier. Troublant. Déroutant. Déstabilisant. Détestable.

Les yeux perçants d’Aly finirent par distinguer une silhouette légèrement en contre bas. Fronçant les sourcils, devinant qu’il était le propriétaire de cette odeur dérangeante, elle prit un raccourci, un chemin assez escarpé, et se planta droite devant l’inconnu, le scrutant sans la moindre gène de haut en bas, de bas en haut, de son regard de braise.

Grimpant, encore, toujours, l'étalon n'allait pas tarder à arriver à destination. Seulement, d'une façon étrange, la destination en question vint directement, au lieu de le laisser venir à elle. Obligé de s'arrêter en plein effort, Zwei ronfla des naseaux et leva les yeux vers la propriétaire des longs membres sombres qui venaient de se planter devant lui. Fronçant les sourcils - inexistants - le bicolore fixa la jument, longuement. Son regard. Son visage. Ses oreilles. Tout lui rappelait son passé. Alors, laissant de côté ses bonnes manières - déjà mises à mal par la suspecte disparition de Septenrê - l'étalon craqua. Littéralement. Plaquant les oreilles, il bondit en avant, la mâchoire grande ouverte. Ses dents claquèrent dans le vide, mais son poitrail alla heurter l'épaule de la demoiselle. La voie était libre. Fonçant droit devant lui, le marwari se retrouva bien vite au sommet de la crête, balayée par les vents. C'était impossible. Totalement et irrévocablement impossible. Il était le dernier. Le dernier rejeton du Tyran. Le dernier. Alors pourquoi ... pourquoi ressemblait-elle tant à sa mère ? Pourquoi avait-elle cette façon de se tenir, que lui même avait hérité de son géniteur fou ?

Ces oreilles incurvées vers l’intérieur. Cette robe pie noire. Ce regard de braise. Cette prestance imposante. Cette odeur … Cette odeur. Serait-il possible que … ? Non, improbable. Pas après tout ce temps, pas après toutes ces souffrances endurées pour ce qu’elle pensait être un mythe, une hallucination de plus de son tyran de géniteur. Elle esquissa un mouvement de recul, elle qui ne reculait jamais, devant rien ni personne. Et ce mouvement arriva au bon moment, car l’étalon se jeta sur elle, dents en avant. Aly répliqua au quart de tour et plaqua ses oreilles contre sa nuque, prête à répondre à un corps à corps qui s’annonçait musclé. Mais l’inconnu claqua sa mâchoire puissante dans le vide et se contenta de détaler en la heurtant au passage.
Khalee n’attendit pas d’invitation et se lança immédiatement à sa poursuite. Trop de questions se bousculaient dans sa tête, il n’allait pas filer comme ça. Il avait pris une légère avance mais elle ne se fit pas distancer et ses pieds agiles la menèrent au même endroit que l’inconnu, là où elle se trouvait elle-même quelques minutes plus tôt. Lui rendant la monnaie de sa pièce, elle le bouscula délibérément avant de l’obliger à la regarder de nouveau. « Je te dis quelque chose n’est ce pas ? Je te fais penser à Elle. » Elle savait qu’elle ressemblait à sa mère, et si il ne lui était pas inconnu, alors l’inverse devait sans doute se produire aussi.

Fou. Il allait devenir totalement fou. Et alors qu'il espérait silencieusement que la jument aie compris le message, un bruit de sabot se fit entendre dans son dos. Eh merde. Secouant violemment l'encolure, Zwei laissa l'inconnue s'approcher. Jusqu'à ce qu'elle le touche. Se retournant violemment, telle une bête sauvage blessée et acculée, le mercenaire se présenta sous son plus mauvais jour. Ses yeux bleu nuit, d'ordinaire doux et rassurants, brillaient d'une lueur inquiétante. Son encolure suivait la ligne de son dos, droite, horizontale. Ses oreilles en croissant de lune, elles, avaient totalement disparues dans son épaisse crinière noire et blanche et ses dents manquèrent de peu la chair de l'ébène. Tu vois, j'te l'avais dit. J'te l'avais dit qu'il aurait sa revanche. Minauda un souvenir, au fin fond de son esprit. Lukijan. Grondant et menaçant, l'étalon sombra. Il sombra tellement bas que pour la première fois depuis trois ans, ses dents se plantèrent à nouveau dans sa chair. Et le sang coula le long de son poitrail, sur sa jambe.

Mais pas une fois il ne la regarda. Il tournait sur lui même, comme un possédé, tele le fou qu'il était. Il avait perdu son pilier. Septenrê l'avait abandonné et voilà que son passé se décidait à refaire surface. « Fermes-là. » Lâcha Zwei, d'abord à mi-voix. Mais elle continuait. Alors, pour la seconde fois depuis qu'il l'avait rencontrée, le bicolore se retourna, toujours aussi violemment. « TA GUEULE ! » Lui hurla-t-il en se plantant devant elle, la fixant droit dans les yeux, furibond. Et oui. Les années n'avaient pas forcément été bénéfique pour sa santé mentale. Lukijan non plus. / Ne parles pas de ma mère. Ne prononce pas son nom. N'y penses même pas. / Menaça-t-il, dents serrées. « Et n'essayes même pas de mentionner ce qu'il me reste de santé mentale, ou même de penser à ton géniteur. » Pas une fois il avait mentionné son jumeau. Disparu. Annihilé. Supprimé. Désormais, il était seul.

C’était lui, son frère. Elle en était maintenant certaine avec la scène qui se déroulait sous ses yeux. Elle le revoyait lui, dans ses excès de colère lorsqu’elle n’obéissait pas. Mais elle n’avait pas peur, non, elle avait appris à ne plus avoir peur, jamais. Il se retrouva proche d’elle, trop proche. Faisant à son tour disparaitre ses oreilles dans ses longs crins ébènes, Khalee plia ses genoux sur le poitrail du bicolore et le repoussa violemment. « Pour qui tu te prends à me dire ce que je dois faire ? » pesta t-elle entre ses dents. Imaginait-il une seule seconde ce qu’elle avait vécu à cause de lui ? « Je sais qui tu es. » gronda t-elle, comme un juge annonçant sa sentence à un meurtrier. Se redressant, elle chercha à capter son regard. « Heimdall. Ou qu’importe quel autre nom tu peux avoir aujourd’hui. » Elle marqua une pause, avant de lâcher avec rancœur : « Et moi ?! Tu sais qui je suis ?! »
Je suis née pour te tuer.

Il tremblait. Ce n'était pas de la peur. Plus de la colère. Une colère profonde. Et sourde. Cette fois, Heimdall avait totalement laissé place à Zwei. Celui qui a avait tué. Celui qui avait sauvé. Mais aussi celui qui avait sombré, à la suite de son frère. « Qui que tu soit et quelle que soit ta mission, tu n'as rien à faire ici. » Lui balança-t-il sans ciller, son regard sombre voilé de folie transperçant la braise qui semblait le brûler. Oh oui il allait se brûler les ailes. C'était peut-être même déjà fait. « Heimdall. » Cracha le mâle en grinçant des dents. Il faisait peur à voir. Mais elle l'avait poussé dans ses derniers retranchement, par sa simple apparition. « Un pion. Tu n'es qu'un vulgaire pion sur un échiquier géant. Crois-tu que je suis assez stupide pour penser que je pouvais tuer mon propre frère, ma chair, mon tout, sans crainte de représailles ? » Elle le repoussa. Mais lui préférait avancer. Encore, toujours. Les relations malsaines, c'était son truc. Il était né d'une union malsaine. Lui même était malsain.

Et fou à lier. Folie qu'il avait tenté de cacher lorsqu'il était arrivé ici. Mais que peut-on contre une nature qui vous ronge, petit à petit ? « Je sais qu'il t'a créée dans l'unique but de me supprimer. Car j'ai moi même supprimé son fils. Il avait des jumeau. Mais il n'avait d'yeux que pour lui. Ce devait être mon double. Pas le sien. Mais vas-y. Fait ce pourquoi tu es née. Fais le. Fais le et retourne dans ses jupons, pauvre folle. » Eh oui. Il venait que craquer. Totalement.

C’était donc pour tomber sur ça qu’elle avait abandonné sa mère entre les griffes du Tyran ? C’était pour tomber sur la même folie qui habitait son père, leur père ? Esquissant un mouvement de recul sans prendre la peine de masquer son dégout face au personnage qui faisait son cirque devant elle, elle le fusilla du regard. Elle avait tant espéré qu’il soit autrement, sa mère lui en avait peint un portrait bien plus flatteur que cela et c’était à cela qu’elle s’était accrochée pour ne pas sombrer dans la folie meurtrière qu’exigeait son père d’elle. Khalee avait envie de le frapper, de le mordre, de lui cracher au visage à chacun des mots qui s’évadaient de ses lèvres acerbes. Comment réagir face à autant de rancœur ? Laisser déverser sa propre colère pour faire éclater un joli chaos ? Ce n’était pas comme cela qu’elle avait espéré retrouver la seule famille qui lui restait à présent.
/ Je ne suis pas lui … / murmura t-elle sans le quitter du regard, peut-être pour se l’assurer à elle-même dans un premier temps, puis elle le hurla pour qu’il se l’entende à son tour : « JE NE SUIS PAS LUI ! » Sa mère n’avait pu lui mentir, l’étalon dont elle lui avait si souvent parlé devait se cacher là quelque part. « Si j’étais venue pour te tuer, tu serais déjà mort. » Aly lui lança un regard noir, jamais elle n’avait laissé personne s’en sortir indemne après lui avoir porté un tel affront, il avait beau être plus âgé et sans doute plus fort qu’elle, elle mourrait d’envie de lui rendre la monnaie de sa pièce. Mais en inspirant profondément, elle prit sur elle. « Je suis partie. » Elle avait abandonné sa mère à son triste sort. Etait-elle encore en vie ? Elle en doutait fortement… « Après lui avoir arraché un œil. » ajouta t-elle dans un haussement d’épaule nonchalant. Puis elle agrippa de nouveau son regard au sien, brutalement, et avança lentement vers lui en sifflant entre ses dents, menaçante : « Alors la prochaine fois que tu me traites de pauvre folle, je serais beaucoup moins clémente à ton égard espèce de taré. » La folie, c’était de famille visiblement.

Lui sauter à la gorge. C'était la seule chose dont il avait envie. Cependant, l'image de sa mère lui revint. Sa douceur, son amour. L'énergie qu'elle avait dépensé à le protéger, lorsqu'il n'était qu'un poulain et que son père s'énervait contre lui. Parce qu'il ne répondait pas à ses attentes. Parce qu'il était trop doux. Mais surtout, parce qu'il était beaucoup plus sage et réfléchit que Lukijan. Sortant subitement de ses sombres pensées, l'étalon se rendit compte qu'il avait littéralement craqué. Que toute la pression accumulée ces derniers temps, la peur, l'angoisse ... avait fait de lui le monstre que son père avait toujours voulu qu'il soit. Violent. Agressif. Et borné. Reculant alors de manière tout aussi violente que lorsqu'il s'était retourné pour faire face à son passé, Zwei mit une certaine distance entre la jument noire et lui. Sa propre morsure le lançait, mais ce n'était pas plus mal. Ainsi, il pourrait garder un pied dans la réalité, au lieu de partir dans les méandres de son esprit torturé. Et il l'écouta. Il l'écouta lui révéler qu'elle était partie. Il l'écouta le menacer. Mais tout ce qu'il trouva à faire, c'était d'exploser de rire. Un rire sombre et nerveux. Limite faux.

Le bicolore rigola longtemps, sans pouvoir s'arrêter. Et ce fut seulement lorsque les larmes lui vint aux yeux et sur son ventre le fit souffrir qu'il peu s'arrêter. Non mais elle croyait vraiment pouvoir avoir une quelconque incidence sur son existence ? Il en avait tuées des centaines comme elle. Elle l'avait même supplié. Elles avait pleuré lorsqu'il les avait brisé. Alors si elle pensait sincèrement pouvoir avoir le dessus ... elle rêvait. Tout bonnement. Seulement, cette fois, Zwei ne broncha pas. Bien au contraire. Il la regarda droit dans les yeux. De ses prunelles abyssales, qui commençaient à retrouver un semblant de calme, de sagesse. « Tu aurais pu le tuer. Où au moins le castrer. » Lâcha-t-il, comme un défi. Mais il devait bien l'admette : elle avait du cran. D'ordinaire elles fuyaient lorsqu'il avait une crise. Et la seule capable de le calmer lui sautait à la gorge. À nouveau, son cœur explosa et ses entrailles s'enflammèrent. Septenrê. La colère revint, mais il la bloqua instantanément : cette inconnue n'était pas Sept'. « Le simple fait d'être sa fille fait de toi une folle. » Lâcha-t-il en souriant. Heimdall revenait. « Seulement j'espère pour toi que tu as plus pris de maman. Et que tu n'as pas eu à subir un double malfaisant et aussi fou que lui. » Lukijan l'avait brisé. Il avait aidé Zwei à naître. Mais Z n'était jamais devenu le monstre que son frère avait voulu qu'il soit. Ainsi, Heimdall avait pu l'apprivoiser.

Lorsque son rire tinta à ses oreilles délicates, elle les plaqua contre sa nuque. Son rire n’était pas contagieux, pas comme dans les films après un excès de colère stupide où les deux protagonistes finissent par éclater de rire en se rendant compte du ridicule de la situation. Khalee n’avait qu’une envie : lui attraper la langue entre ses dents et la serrer si fort qu’elle en sentirait le moindre morceau se décrocher avant qu’elle ne le lui crache à la figure, pour voir si il continuait toujours à rire. Il finit d’ailleurs par s’arrêter, mais lorsque ses nouvelles paroles s’élevèrent, la marwari se dit qu’il aurait mieux valu qu’il continue de rire plutôt que de sortir ce genre de chose. Piquée au vif, elle pinça ses naseaux et répliqua du tac au tac : « Tu aurais pu toi aussi. » Venimeuse.
Véxée, elle fouetta l’air de sa queue et détourna son attention de lui et avança vers le précipice. Culotté de sa part, avec cet étalon censé être son frère, censé la protéger, mais qui serait bien capable de la jeter dans le vide pour éviter d’avoir à affronter son douloureux passé, bien que son présent n’ait pas l’air flatteur à en juger pour les différentes émotions qui torturaient son regard.
« Seulement ma folie à moi est maitrisée. » lança t-elle par-dessus son épaule, l’air de rien mais le visant particulièrement après cette mascarade, mais visant aussi et surtout leur géniteur.
Maman. Ce mot fit se raidir l’ensemble de ses muscles et déversa un flot de frissons incontrôlables. « J’ai juste eut à subir un tyran fou sombrant dans le chagrin de la perte d’un fils tout aussi frappé que lui. » souffla t-elle, le regard perdu sur l’horizon. Elle était venue au monde non pas pour l’amour et le désir d’un enfant, mais pour tuer, simplement tuer et obéir, et subir les conséquences de ses désobéissances.

« J'aurais pu. Sauf que Lukijan m'aurait fait la peau ensuite. Et tu comme tu peux t'en douter, j'avais pas vraiment envie de crever à trois ans. » Lâcha-t-il, sa voix de plus en plus calme et posée. Silencieusement, Zwei observa sa petite sœur s'approcher du vide, dans un silence presque religieux. Enfin silence ... si on pouvait appeler cela comme tel, vu le vent qui ne cessait de les balayer, tous deux. Et puis elle continua sur sa lancée, à lui reprocher tout un tas de truc. Elle n'avait pas tord. Seulement, elle était jeune. Pas lui. « Tu n'a pas passé dix années de ta vie à vivre avec son double. À lui obéir. À faire tout ce qu'il te demandait. C'était aussi mon choix. Mais je doute que tu comprenne le lien qui uni des jumeaux. » Zwei était calmé. Totalement. D'ailleurs, cette fois, c'était Heimdall qui avait parlé. Plus calme. Plus posé. Plus sereint. l avait enfin accepté et il se pliait maintenant à ce qui lui avait toujours pendu au nez : le retour de son passé en plein face. Le bicolore avait toujours su qu'un jour, il tomberait nez à nez avec un inconnu du même sang que lui, tout droit venu des enfers pour lui faire payer son crime. Celui d'aspirer enfin à une vie normale.

Alors, en silence, il s'approcha d'elle. Non pas pour la pousser, comme il aurait été si facile de penser de lui il y a encore quelques instants. « Il ne voulait pas que je vive. Pour lui, j'étais trop doux, trop gentil. Trop comme notre mère. C'est elle qui m'a sauvé et quasiment entièrement éduqué. Il m'a apprit à me battre et quand Loki et moi avont eu trois ans, il nous a envoyé perpétrer sa pérennité au loin. À cette époque Lukijan était encore assez lucide pour prendre les bonnes décision. Puis il a sombré à son tour, au bout de deux ans à la tête d'un petit troupeau. Il a tué tous ceux qui s'opposaient à lui et s'est appelé Eins. Il m'a nommé bras-droit. Le second. Zwei. C'est le nom que je porte aujourd'hui. C'est aussi le nom de celui que tu as vu tout à l'heure. » Il avouait tout. De toute façon, son père avait déjà du lui révéler la plus grande partie de ses faiblesses. De son passé. Il devait aussi déjà avoir assassinée leur mère.

Khalee le sentit approcher mais ne bougea pas. Elle était bien plus vive qu’il ne le pensait surement et s’il tentait quoi que ce soit contre elle, la sauvageonne serait bien capable de le surprendre. Mais il n’en fit rien, il se contenta de la rejoindre. Elle le regarda discrètement de côté, pour prendre le temps de l’observer, de le détailler. Il avait beau être un parfait inconnu, elle avait l’impression qu’elle le connaissait depuis toujours, qu’ils s’étaient juste perdus de vue et oubliés … Il était son frère. Mais aussi un étranger. « Non, je ne comprends pas le lien qui unit des jumeaux. Je ne comprends tout simplement pas le lien qui peut unir des frères ou des sœurs, ou bien des frères et sœurs… » Cette phrase était lourde de blessures et de rancœur, mais elle n’était pas adressée au mâle bicolore, mais à celui qui était la cause de tout ça.
Aly écouta attentivement son histoire avec l’une de ses oreilles en croissant de lune tournée vers lui mais son regard toujours porté sur GS qui s’étendait face à eux. « Tu as fais ce qu’il fallait concernant to.. notre frère. Le monde n’a pas besoin de tyran fou et sanguinaire, il l’est bien assez lui-même. » Il venait de dévoiler son jeu, à elle de mettre ses cartes sur la table. Inspirant profondément, elle se lança à son tour. « J’ai été … Conçue, pour ne pas dire créé, lorsqu’Il a appris la mort de Lukijan. Maman a essayé de le lui cacher, mais il a fini par l’apprendre … Il voulait un fils, un fils pour pouvoir t’anéantir, toi qui lui avait enlevé son favoris. J’ai été élevé comme une machine de guerre, mais heureusement pour moi, Maman était là. Elle m’a aidé à me forger mon caractère, à décider de mon destin. Alors j’ai suivi ses entrainements mais pour qu’il me soit utile à moi et non pas à lui. Je n’avais aucune envie de tuer le frère dont ma mère me parlait tant… » Khalee s’interrompit un instant et lui jeta un bref coup d’œil, avant de continuer : « Puis, erreur fatale, je suis tombée amoureuse… » Un rire nerveux s’empara d’elle, la plaie était encore béante, plus que ce qu’elle ne le pensait. « Il l’a tué. Je lui ai arraché un œil. Maman s’est interposé et m’a hurlé de partir et de te trouver … » Elle avait tout dit.

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