hold the S because i am an AINT - 7

Elle écoutait la roche, son oreille collée à la paroi, lorsque l'odeur - différente - d'une amie (une amante?) un peu oubliée (vraiment?) emplit ses naseaux délicats. Les yeux pâles de Ruyn se calquèrent sur ceux de Septenrê, qui venait d'apparaître dans son champs de vision. La noire resta un instant inexpressive, ses yeux bleus dévisageant la pâle silhouette, son coeur saisi, sa respiration coupée. Puis elle esquissa un sourire en coin et se décolla négligemment du mur, d'un bref mouvement d'épaule. Elle était immense désormais. Fine, musclée, et immense. Septenrê était la même, un peu moins baraquée peut-être. Mais surtout un peu plus ronde.

Le sourire bizarre que la princesse égyptienne lui adresse donne à Ruyn la drôle d'impression d'être enfin à la maison. Oui, Septenrê retrouvée, c'est une sorte de sécurité que la noire retrouve. Car elles ont jouées, plus jeunes, au jeu de la séduction et de la découverte. Et si Ruyn n'est pas prête à mettre de côté sa liberté, elle sait que ce qui lie la dorée et elle est bien plus puissant qu'un simple jeu de caresses et de baisers, même si 7 l'ignore encore. Si la princesse est aussi vaniteuse et fière qu'elle semble l'être, elle comprendra rapidement que la seule personne qui peut partager sa vie doit être son égale, et non pas un homme, qui ne la comprendra jamais. Perdue dans ses pensées et sa contemplation, les yeux de Ruyn coulent sur le corps de la jument pâle, et son regard avisé aperçoit la fine rondeur de son ventre. Elle fronce les sourcils, et revient aux yeux sombres de sa princesse. Septenrê, dit-elle d'un air grave et léger à la fois. Si caractéristique.

Un pas vers elle, et le coeur de Ruyn s'immobilise encore. Pourtant, elle ne montre rien, gardant son étincelle amusée dans le regard, lui souriant d'un air indulgent. Ses oreilles s'agitent légèrement lorsque son nom est prononcé - de façon tout à fait exquise - par sa dulcinée. Qu'elle aimerait être sans cesse appelée, uniquement appelée par Septenrê ! Fenrir absent, elle est la seule qui est profondément et totalement digne d'elle. Ruyn penche la tête sur le côté lorsque 7 confesse qu'elle lui a manqué, légèrement, pas à l'horizontal comme elle a l'habitude de le faire. Ses yeux bleus dévisage la dorée, scrute ses yeux obscurs pour y déceler une quelconque trace de mensonge. N'y trouvant pas, elle redressa un peu sa tête, satisfaite, et s'avance vers elle à son tour, posément. Brièvement, en un frôlement, ses naseaux se posent sur sa ganache, tandis qu'elle souffle : Tu m'a manqué aussi... elle s'écarte, d'un pas sur le côté, et son regard se braque sur le ventre de la demoiselle, pourtant tu as trouvé de quoi t'occuper. Voix moqueuse, sans reproches réel. Elle tourne de nouveau son regard vers la visage de la terrible princesse, amusée, un peu narquoise.

Je ne suis pas triste, rétorqua la grande noire, de sa façon particulièrement élégante de parler, simplement déçue. Elle pouffe un peu, puis ses naseaux glissent doucement de l'épaule de la dorée à son ventre, captant l'irrégularité de son corps à cet endroit-là. Elle s'immobilise en son centre, et, délicatement, fait glisser sa joue contre le ventre de Septenrê, tournant son visage vers elle. Dans un recoin de son esprit, une image s'impose ; la dorée et la noirée, accompagnée d'un petit mélange d'elles deux. Leur enfant. Bien que cela ne soit jamais possible, n'est-ce pas ? Elle ne veut pas encore savoir l'identité du père, et puis, elle est sûre que 7 ne lui dira pas tout de suite. Comment tu vas l'appeler ? demande-t-elle d'une voix légère.

Tu t'attendais à ce que je reste pour toi ? Que je te prévienne ? rétorqua la noire, levant ses oreilles fines et les pointant vers la dorée. Elle était intriguée, à vrai dire. Elle n'avait pas réalisé que 7 l'estimait autant. Elle jouait tout le temps à faire comme ci, à faire semblant, à dire des choses qu'elle ne pensait pas, que le mensonge triomphait du vrai. Et bien que Ruyn comprenait Septenrê sur bien des points, elle restait mystérieuse à ses yeux. C'était étrange, en fait. Elles se connaissaient sans se connaître. Le nom du bébé était curieux. Il ne faisait pas du tout égyptien. Il faisait même ... nordique. La patrie de Ruyn. Le nommait-elle ainsi par égard pour elle ? Elle en doutait. Ton mec vient du nord ? dit-elle sur un ton badin, l'air de rien.

Qu'importe l'inceste, quand on s'aime ? Qu'importe l'inceste, lorsque l'on vient d'une famille de fous ? Rien, rien n'importe. Ruyn est amoureuse de son frère, Ruyn est amoureuse de sa cousine. Qu'importe. Elles n'ont pas été élevées ensemble. A l'évocation de cette promesse que la noire lui avait faite, Ruyn soupira en souriant, montrant ainsi qu'elle concédait à cet argument. Son encolure se tendit tandis qu'elle cherchait les naseaux de Septenrê du bout de son museau, son épaule désormais collé contre le ventre qui abritait la trahison de sa belle amante. C'est vrai, dit-elle, mais toi, me regarderas-tu toujours ? Elle plonge ses yeux aussi clairs que ceux de Septenrê sont sombres, dans les siens. Adorable. Et terrible à la fois. Ruyn est toujours aussi légère qu'avant. Pourtant dans ses yeux dansent la flemme étrange propre à sa famille. Je suis partie pour chercher Fenrir, dit-elle. Tu n'avais pas besoin de moi. Elle balaya l'air de sa queue, s'écartant encore de son amante, à regrets, il faut l'avouer. Elle glissa son corps squelettique contre la paroi glacée, souffrant soudain d'une chaleur extrême. Non. Le père n'était pas nordique. Bien... J'aime bien ce prénom. Qu'est-ce que ça signifie ?

Satisfaite de la réponse à sa question, Ruyn sourit, sa bouche se dessinant en relief du côté de sa belle face, invisible de l'autre côté. Pourquoi avait-elle douté de l'intérêt que la princesse lui portait ? Rassérénée, elle savait désormais qu'elle pouvait amener la dorée à elle quand elle le voudrait, et que tous les mâles qui se poseraient en travers de leur chemin ne pourrait jamais l'égaler. Elle le savait, au plus profond d'elle-même, qu'elle triompherait, un jour ou l'autre, des incertitudes de Septenrê, et toutes ces aventures qu'elle vivait de son côté. Elle pouffa légèrement en entendant la signification du nom de son enfant. C'était tellement typique d'elle ! Frissonnant délicatement lorsque sa peau noire fut effleurée par les naseaux de 7, elle la regarda avec indulgence et amusement. Sera-t-il comme toi, ma belle amazone ? Sera-t-il donc poussé à conquérir le trône ?