hold the S because i am an AINT - 7

Sacrée censure ! S'écartant de sa douce, Ruyn reprit son souffle, déglutissant. Quelle drôle d'expérience ! Rivant son regard brillant d'amour (?) mais surtout de satisfaction, la noire accueillit sans résistance le bisou de reconnaissance de sa moitié. S'écartant ensuite, elle resta un instant songeuse, hésitante sur ce qu'elle voulait dire ensuite. Jetant un regard fuyant à la dorée, elle s'interrogea : où en étaient-elles toutes les deux ? Elle avait cru comprendre que Septenrê était en couple. Or, le sentiment acide de la jalousie prenait la noire aux tripes dès qu'elle imaginait cet inconnu s'accoupler avec sa précieuse princesse. Elle ne voulait pas vraiment être en couple, elle aimait sa liberté, et savait que Septenrê souhaitait son indépendance. Devait-elle poser un mot sur ce qu'elles étaient ? Elle ne se rendit pas compte que son silence était étrange tandis qu'elle pensait à toutes ces choses.

Pouffant un peu, la noire lui répondit, taquine : C'est le moins que l'on puisse dire fit-elle, faisant référence à ce qu'il venait de se passer Elle secoua la tête ensuite. Sept... Qui est le père de ton enfant ? questionna-t-elle, avec un sourire trompeur.

Et malgré la pénombre, la délicate akhal s'aperçoit de la mine que prend l'andalouse. Ses yeux, à l'instant si coquins, se sont obscurcis davantage - était-ce possible ? Pourtant, Ruyn ne comprend pas. Elle ne connait pas de Solheim. Ou alors, enfoui dans les tréfonds de sa mémoire, peut-être a-t-elle déjà entendu ce nom ? Toujours est-il que 7 agit comme si elle connaissait ce fameux Solheim, et le coeur de la princesse nordique se glace soudain. Solheim ? répète-t-elle d'une voix blanche.

Alors voilà, on y est. L'étau de glace se resserre sur le coeur de Ruyn, le bloquant : elle suffoque un peu, ses entrailles se tordent, et puis son coeur explose dans sa poitrine, parsement sa cage thoracique de petits morceaux sanguinolents. Alors voilà, c'est ça le sentiment de la trahison ? L'acide dans la bouche, l'envie de tomber à genoux, l'incompréhension, la tête qui tourne, le vertige... ? Elle se recule un peu, hors de portée de l'andalouse, se cognant, ou se rattrapant au mur, elle ne sait pas trop. Elle plaque sa joue brûlante contre la paroi glacée, tandis que des images horribles défilent dans sa tête. Celui qui l'a élevé et celle qu'elle aime. Murphy au dessus de Septenrê. Murphy avançant ses hanches vers Septenrê et pénétrant ce qui appartient à Ruyn et... Un rugissement aigu sort du tréfond des entrailles de Ruyn, franchit ses lèvres retroussées en un rictus dégoûté, tandis qu'elle tourne un regard fou vers l'andalouse. Putain TU TE FOU DE MA GUEULE ??? T'AS NIQUE AVEC MON PERE ????!!!! La colère prend possession de sno corps, de son esprit, de tout. Elle ne pense plus, non. Elle est juste de la colère. PUTAIN DE MERDE MAIS TU TE PREND POUR QUI ??? Mais t'es malade ma pauvre ! SUR TOUS LES HOMMES DE LA TERRE IL A FALLU QUE T'AILLES TE FAIRE PRENDRE LE CUL PAR MON PEEEEEEERE ???????!!! Sa voix se déchire sur la fin, elle se tait soudain, la gorge brûlante d'avoir crié de la sorte, tandis que la caverne résonne encore de son hystérie. Elle jette un regard comme elle n'en a jamais posé sur Septenrê : un regard de mépris.

L'endroit qu'elle a touché avec tant de précaution et amour, souillé par un homme, par l'engin immonde de son père ! Sa bouche la brûle, la gratte, elle tente de s'essuyer contre la paroi, s'éraflant les lèvres sans y faire vraiment gaffe. Sa douleur intérieure est trop grande pour qu'elle puisse accorder un semblant d'attention à sa douleur physique. Elle a envie de vomir, vomir ... Et de fuir loin de celle qui lui a coupé le coeur. Septenrê finit par se défendre, balançant des choses qui heurtent les oreilles de Ruyn et lui déclenche une onde électrique dans le cerveau. Quelque chose qui appuie sur elle ne sait pas quoi... Et qui la rend soudain complètement dingue. Donnant un grand coup de poitrail dans celui de l'andalouse, elle l'envoie valser loin d'elle, serrant les dents. TU TE FOUS DE MOI ???!!!! JMEN BAS LES COUILLES QUE TU TE FASSES SAUTER PAR UN MEC. MAIS PAS PAR MON PUTAIN DE PERE ! De la douce et joyeuse Ruyn, au regard bleu comme le ciel, elle passe à une terrible jument noire qui se grandit, ses oreilles rabattues en arrière, son regard assombri par la rage et la déception. Elle n'arrive même plus à comprendre 7, elle ne comprend pas pourquoi elle continue de se battre et ne s'écrase pas. Ses sabots s'écrasent sur le sol de la caverne avec fracas, tandis qu'elle balance ses dents dans le vide, furieuse. Personne ne l'a jamais vu comme ça. Elle n'a jamais été comme ça.
Et pourtant ... la colère lui confère cette beauté sauvage que possède certains psychopathes, beaux comme des anges et terribles comme le diable, la beauté des ténèbres. La beauté du diable.

En réalité, c'est étonnant que 7 ne l'est pas renvoyé bouler aussitôt. Mais Ruyn s'en fiche. Elle peut lui déchiqueter la peau, la taper, lui casser tous les os, l'éventer, elle n'en a cure. Rien de ce qu'elle pourra faire désormais ne la blessera plus qu'elle ne l'est déjà. De rage et d'impuissance, elle rue violemment dans la paroi rocheuse, la surface dure rendant ses articulations et ses sabots douloureux. Ses sabots produisent des minces étincelles et laissent deux traces argentés dans la paroi calcaire. Et reste silencieuse, ses côtes se soulevant de façon précipitée, son souffle rauque se répercutant sur le beau visage de son aimée - et détestée ! Déraper ? Mais ma pauvre, tu as déjà tout fait foirer, pouffa Ruyn nerveusement, secouant la tête. Je vois mal comment tu pourrais davantage me faire du mal, princesse, persifle-t-elle, reptilienne. Ses machoires se contractent, ses muscles aussi, elle pince les naeaux, et regarde l'andalouse avec pitié, mépris, mais aussi, une infinie douleur. Tu m'a cruellement manqué de respect, Septenrê - elle prononce son nom avec une intonnation particulière, détachant toutes les syllabes -, tu ne m'a même pas pris en considération. Tu savais très bien de qui il s'agissait. Tu aurai pu choisir n'importe quel mec sur ces terres. Elle s'éloigna d'elle, comme si sa vue la répugnait au plus haut point. J'ai été bête, je suis navrée. Tu ne sais pas ce qu'est l'amour, hein ? Excuse-moi d'avoir cru que tu pouvais aimer. fit-elle d'un ton désemparé et désabusé. Aimer, Ruyn ? Cruelle ironie lorsqu'on sait que ni ton père, ni ta mère, n'était capable de supporter ce sentiment.

Sacrée réponse que tu m'a pondu là

On a pas pu se contrôler. Ruyn ferme les yeux brutalement, tentant de ne pas les imaginer ensemble. Tâche impossible, en vérité. Et tous les mots que prononcent Septenrê lui brûle le coeur. Qu'est-ce qui lui a pris de lui dire je t'aime ? Qu'est-ce qui lui a pris de tomber amoureuse d'elle ? En plus, elles sont cousines. Cette relation était dès le début vouée à l'échec, il fallait se rendre à l'évidence.
Mais avant que Ruyn n'ait pu répondre, l'andalouse tourna les talons et s'enfuit au galop, laissant la noire toute seule dans la caverne sombre. Dégoûtée, désemparée et agacée, Ruyn s'enfonça dans les profondeurs de la grotte pour calmer ses nerfs, ignorant totalement que c'était ici que ses parents s'étaient rencontré pour la première fois.

OUT